Culture
Le blé bio à l’essai en Normandie !
Le GRAB de Haute-Normandie et la Chambre d’agriculture de l’Orne ont mis en place, dans le cadre du Réseau ITAB, un essai variété en blé biologique.



Lors de leur inscription au catalogue, les variétés mises sur le marché font l’objet d’essais, souvent menés dans des systèmes de production utilisant des intrants, non autorisés en agriculture biologique.
L’objectif des essais bio organisés par l’ITAB est d’évaluer, dans les conditions de l’AB, le potentiel de rendement, la résistance à la verse, à la maladie, la capacité à concurrencer les adventices, ainsi que la capacité à produire des protéines de différentes variétés.
Deux situations pédo-climatiques bien distinctes
L’ essai du GRABHN a été mis en place en microparcelles le 12 novembre 2009, dans l’Eure, au Plessis Grohan. Les terres étaient de type limon caillouteux, en précédent luzerne. Sur ce système ‘’labour’’, les reliquats azotés en sortie d’hiver étaient de 100 unités d’azote sur 2 horizons. La densité de semis était de 400 gr/m².
L’essai de la Chambre de l’Orne a été mis en place le 28 octobre 2009, à Ginai, au Gaec de Marsoulette. Les terres étaient de type limon argileux, en précédent prairie temporaire (ray grass et trèfle violet). La densité de semis était de 380 gr/m².
Rendements ou protéines, une histoire de compromis…
Les graphiques ci-dessous présentent les rendements et les taux de protéines obtenus pour les 7 variétés communes aux deux essais.
La gestion de la fertilisation en agriculture biologique passe notamment par l’introduction de légumineuses dans la rotation. Les cultures précédentes sur les deux parcelles d’essai (luzerne et RG-TV) ont permis d’obtenir une moyenne de rendement de 55 q/ha pour l’Eure et de 78 q/ha pour l’Orne. Dans les deux situations, les parcelles étaient très propres, les interventions mécaniques ont permis de rattraper le peu d’adventices présentes, et d’aérer les sols plaqués par la neige.
Un blé panifiable à 340 €/T
Les rendements de l’essai dans l’Orne, ainsi que les PS, sont exceptionnellement bons, avec des résultats rarement atteints en agriculture biologique dans le département. Les taux de protéines sont assez moyens, même pour les variétés ‘‘référence’’, du fait des forts rendements obtenus. Dans l’Eure, les rendements observés sont inférieurs à ceux de l’Orne.
Le type de sol y est plus séchant, et les rendements ont été pénalisés par le printemps plus sec. En revanche, les protéines étaient en moyenne de 13.2 % dans l’Eure, contre 10.7 % dans l’Orne. L’essai de l’Orne passe donc majoritairement en blé fourrager (env. 230 €/T), à part pour Saturnus et Renan (variétés de référence), alors que celui de l’Eure passe en totalité en blé panifiable (env. 340 €/T). Les produits bruts (hors DPU) obtenus sont donc d’environ 1 840 €/ha pour l’Eure et d’environ 1 794 €/ha pour l’Orne.
Malgré cette différence entre les deux départements, il semblerait que Renan, Saturnus, Mayen, Lukullus et Pannonikus soient des variétés plus adaptées à la production de protéines, à l’inverse d’Attlass et de Brentano, qui semblent mieux adaptées à l’alimentation animale.
Ceci confirme la tendance générale de ces variétés. Pour les autres variétés présentes sur le graphe, d’autres essais sont nécessaires pour pouvoir mieux appréhender leur potentiel. Cet écart entre les deux départements met également en évidence l’intérêt d’avoir accès à des références locales pour pouvoir choisir les variétés les plus adaptées à son contexte pédoclimatique.
D’autres essais prévus en 2010-2011 pour confirmer ces observations
Pour 2010-2011, le GRAB de Haute-Normandie et la Chambre d’agriculture de l’Orne réitèrent l’expérience, toujours dans le cadre du Réseau ITAB, avec respectivement des essais de 18 et 11 variétés de blé. Ces résultats pourront être enrichis par ceux mis en place dans le Calvados, où 6 variétés de blé vont également être implantées. Rendez-vous donc l’année prochaine !