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Le bonheur est dans le poulailler

Alain Mazier s’est installé producteur de lait à St-Aubin-de-Terregatte (50) en 1991. Il est aujourd’hui presque producteur de volailles exclusif. Il ouvre les portes de son installation le 12 octobre prochain à partir de 13 h 30. En attendant, prévisite.

Alain Mazier et Benoît Bourrée. Pour enlever les 29 000 poulets, il faut 4 camions et 3 h 30 de travail (de nuit). Une équipe de 7 personnes, plus l’éleveur, est mobilisée.
Alain Mazier et Benoît Bourrée. Pour enlever les 29 000 poulets, il faut 4 camions et 3 h 30 de travail (de nuit). Une équipe de 7 personnes, plus l’éleveur, est mobilisée.
© TG

«Le standard à la française, c’est nickel. Vous connaissez beaucoup de productions où le vétérinaire réalise un antibiogramme avant de prescrire un antibiotique?» Droit dans ses bottes, Alain Mazier (associé à Christian Chevallier au sein de l’Earl de La Guerdière) est à la tête d’un atelier qui vole de ses propres ailes. «Les deux bâtiments représentent quasiment un temps plein», juge notre éleveur qui balaye d’un revers de la main tous les clichés colportés sur le poulet standard. A Saint-Aubin-de-Terregatte, près de Saint-James (50), un premier bâtiment volailles de 1000 m2 en dynamique type Colorado est sorti de terre en 1991. Une diversification imposée par un quota laitier alors bridé.

Adieu vaches

Juin 2014 : un second bâtiment de 1300 m2 d’une capacité de 29 172 poulets est mis en service. Depuis, l’activité laitière de l’exploitation a été rétrocédée. «Mon nouveau bâtiment tourne à plein régime. J’ai fait 8 lots l’an dernier», explique Alain Mazier. Les poulets son abattus à 33/34 jours pour un poids de 1,850 kg. La marge poussin-aliment se situe à 9,52 €/lot. «Un très bon niveau», lâche Benoît Bourrée (Agrial) mais un niveau qui ne doit rien au hasard. «Entre chaque lot, tout est lavé de A à Z», insiste l’éleveur. Après démontage des lignes d’alimentation et du système de pesée automatique, les 65 m3 de copeaux de bois sont évacués au télescopique. Le balai mécanique est sollicité. La coque, les aires bétonnées, les soubassements, les magasins et tout le matériel sont lavés à haute pression.  Pour la désinfection du sol (130 kg de soude caustique) et de la coque (avec un quaternaire), l’Earl de La Guerdière fait appel à un prestataire de services car «il faut être équipé. Le bâtiment est ensuite fermé pendant 24 heures pour laisser le temps aux produits d’agir. Après la réouverture, j’épand à l’épandeur d’engrais 1 T de chaux vive au sol. Cela assèche, isole et désinfecte. Je finis ensuite par la litière sous forme de copeaux de bois livrés par camion». Alain Mazier reconnaît mettre beaucoup d’argent dans la désinfection et la litière «mais je suis certain de ne pas avoir d’aspergillose (Ndrl : infection respiratoire). Et puis, ce qui compte, c’est le dernier chiffre», plaide-t-il. Benoît Bourrée confirme : «les résultats techniques de l’atelier sont très bons de même que la marge brute. Ils sont dans le premier tiers des éleveurs Agrial».

Vivre de la volaille

«C’est la volaille qui va nous faire vivre mais pour bien en vivre, il faut bien travailler», résume Alain Mazier. L’investissement a représenté 270 €/m2(HT), terrassement et station de compostage compris. Si Agrial a apporté son soutien financier (20 €/m2), l’Earl n’a pu compter sur aucune autre aide et notre éleveur de souligner «à 4 km d’ici, c’est l’Ille-et-Vilaine. Dans ce département, les stations de compostage sont subventionnées à 60 %». La confiance en l’avenir règne cependant à Saint-Aubin-de-Terregatte. «Si on travaille bien, on gagne sa vie. La seule épée de Damoclès, c’est la grippe aviaire. En 2006, les médias ont complètement cassé le marché en 48 heures». Sauf accident, la volaille représente donc une valeur sûre. «On travaille tous ensemble dans un esprit de filière et comme le répète Denis Lambert (Ndrl: directeur de LDC), on vend toujours avant de produire. Par ailleurs, le prix de vente du vif est indexé sur le prix de l’aliment». Un monde presque parfait où même l’environnement immédiat n’a pas tiqué. «Vis-à-vis de nos voisins, on a expliqué notre projet. Quand la coque a été construite, on les a fait venir. Tout s’est très bien passé. Il faut dire que le nouveau bâtiment est très joli et s’intègre parfaitement dans le paysage». Ça grogne donc moins dans la volaille que dans le cochon.

Objectif 5 bâtiments par an

Mais pour Agrial qui dénombre environ 200 producteurs (100 en standard et 100 en label), le parc bâtiment est vieillissant «de même que les capitaines de navire», plaisante Benoît Bourrée. Pour contribuer à la reconquête du marché intérieur, l’objectif de la coopérative est de faire émerger environ 5 nouveaux projets par an. Et Alain de rebondir : «je ne comprends pas pourquoi si peu de jeunes s’intéressent à la volaille. On peut partir de zéro et, en 12 à 15 ans, les bâtiments sont payés. Après c’est banco. De plus, physiquement, ce n’est pas dur et on peut en plus déléguer les gros travaux». Et de conclure: «il y a de la place pour le bio mais pour le standard aussi. C’est une viande blanche et au niveau diététique, il n’y a pas photo . Elle convient de plus à toutes les religions». Alors, si vous avez encore un doute, rendez-vous avec Alain et Benoît le 12 octobre pour vous laisser convaincre.

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