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Revenus agricoles 2007
Le grand écart

Une progression de 98 % pour les producteurs de grandes cultures, une baisse de 59 % pour le hors-sol. Tel est, entre autres, le diagnostic 2007 de la Commission des comptes de l’agriculture pour le revenu paysan. Cette Commission, qui s’est réunie le 18 décembre en a déduit une moyenne de 11 % de hausse pour le revenu net des actifs professionnels non salariés de l’agriculture. Une moyenne qui perd de son sens tant les écarts, cette année, sont grands.

Si la hausse des prix agricoles a, cette année, favorisé les producteurs de grandes cultures, cette même hausse a pénalisé, de fait, les conditions d’approvisionnement des élevages en aliment du bétail.
Si la hausse des prix agricoles a, cette année, favorisé les producteurs de grandes cultures, cette même hausse a pénalisé, de fait, les conditions d’approvisionnement des élevages en aliment du bétail.
© S. Leitengerger
Si la hausse des prix agricoles a, cette année, favorisé les producteurs de grandes cultures, cette même hausse a pénalisé, de fait, les conditions d’approvisionnement des élevages en aliment du bétail. Selon les données de l’Insee et du Scees (service statistique du ministère de l’agriculture), le revenu des cultivateurs a en effet bénéficié de la formidable hausse des prix des grandes cultures céréalières (blé, maïs), oléagineuses (colza, tournesol) et protéagineuses (pois, féveroles). Les récoltes ont en général diminué, les stocks mondiaux sont au plus bas ce qui pousse les cours à la hausse tandis que les charges (phytos, engrais), hors énergie, sont, selon les statisticiens, restées raisonnables.

11 % de hausse en moyenne
Ces prix, jugés volatils autant qu’élevés par les producteurs de grande culture, étoffent la recette des agriculteurs spécialisés mais alourdissent le coût en aliments du bétail des éleveurs. Bilan : autour d’une moyenne de 11 % de hausse du revenu des exploitants (en 2007 par rapport à 2006), c’est le grand écart : la progression est de 98 % pour les producteurs de grandes cultures tandis qu’en moyenne, les éleveurs de porcs et de volailles voient leurs revenus chuter de 59 %. La chute est particulièrement sévère pour les éleveurs de porcs dont les prix de la viande se sont en plus dégradés de 10 % tandis que les tarifs des aliments du bétail progressaient de 15 %. Selon le Scees, les éleveurs de volailles s’en tirent de manière à peu près équilibrée, peu après la crise de la grippe aviaire, la hausse des prix des produits avicoles couvrant celle des aliments.

Les éleveurs de bovins à la peine
Les éleveurs de bovins ne s’en tirent pas tellement mieux avec des revenus en baisse de 23 % pour les producteurs de viande et de 4 % pour les laitiers. « Ce résultat met fin à la tendance à l’amélioration relative du revenu des élevages de bovins depuis 1990 » affirme le Scees. Pourquoi ces baisses ? En raison du prix des aliments mais aussi des cours des viandes et de la baisse de la collecte laitière, note le Scees. Une réduction qui a compensé le rattrapage des prix du lait. Pendant ce temps, le revenu des éleveurs de moutons continue de se réduire : en baisse de 28 %, ce revenu atteint son plus bas niveau depuis 1990. Prix stables, production en baisse et coûts de l’aliment en hausse composent l’équation de cette spirale infernale pour les moutonniers.

Du mieux pour les viticulteurs
Pour les secteurs non dépendants du prix du blé, c’est aussi le grand écart : les viticulteurs retrouvent des couleurs (+21% pour les AOC, +12 % pour les vins de qualité courante) de même que les betteraviers et planteurs de pommes de terre (+16%), tandis que les producteurs de fruits (-35 %), les maraîchers et horticulteurs perdent les leurs (-55 %). Selon le Scees, les producteurs de fruits verraient leur revenu baisser de 2 % par an hors inflation depuis 1990. Cette année, ils ont pâti d’intempéries au printemps tandis que l’été maussade n’a pas favorisé la demande. Pour les maraîchers, c’est la baisse des prix qui serait à l’origine de la médiocrité du revenu 2007. Cependant, depuis 1990, leur revenu serait en hausse de 1 % en moyenne depuis 1990.
Les réactions : volatilité et disparités

FNSEA : « le revenu augmente, les disparités aussi »
La FNSEA qualifie l’amélioration du revenu agricole de « sensible » pour l’année 2007 en ajoutant que cette hausse « vient combler des années de vache maigre » supportées par de nombreux agriculteurs. Le syndicat se félicite que cette « hausse permette de donner des gages à tous ceux qui veulent entreprendre et développer leur activité et leur production, en particulier les jeunes ». Cependant note la FNSEA, « nombre de secteurs de productions connaissent de grandes difficultés, comme en témoignent les résultats négatifs dans le secteur ovin, des fruits et légumes et des productions porcines et avicoles ». Le syndicat rappelle que « l’extrême volatilité des prix est cause de déséquilibre et peut avoir des conséquences tant pour les agriculteurs que pour les consommateurs ».

APCA : la hausse globale ne doit pas cacher des écarts inédits
Les comptes de l'agriculture 2007 indiquent une augmentation moyenne de 12,1% des revenus par actif familial, ramenée à 7,5% pour l'ensemble des actifs agricoles. « Cette hausse globale cache néanmoins une très grande disparité des situations » soulignent les chambres d’agriculture. Luc Guyau, président de l’APCA se « réjouit de l'évolution globale du revenu agricole. Progressivement, l'écart avec l'ensemble des Français se réduit. » Toutefois, le président indique observer « aussi la situation avec inquiétude. (...) la volatilité brutale des prix ne nous satisfait pas ». Pour l’APCA, deux réponses doivent être données. Il s’agit de « revoir l'affectation des aides à l'agriculture pour tenir compte de la réalité des marchés et de mettre en place une politique de gestion des nouveaux risques liés à la volatilité des prix.

Orama : Une hausse des revenus qui va permettre aux céréaliers d'investir

La hausse des revenus des producteurs de céréales et d'oléoprotéagineux va «leur permettre d'engager plus rapidement les investissements qu'exige la double nécessité d'accroître la production et de satisfaire à l'objectif d'une agriculture durable», a indiqué Orama dans un communiqué de presse diffusé le 18 décembre. Cette augmentation fait suite aux «nombreuses années difficiles qu'ils ont connues depuis 1997», précise le syndicat. Orama signale que les céréaliers ne connaîtront pas pour autant dans les années à venir «une situation de beau fixe», car il faut s'attendre à davantage de volatilité. Ce qui, pour le syndicat, va demander de réfléchir, dans le cadre du bilan de santé de la Pac, à un soutien aux producteurs fonction des variations des marchés.

La Confédération paysanne accuse «la Pac 2003 et le découplage des aides»
La Confédération paysanne constate que «les variations brutales (de revenu) sont le résultat de la dérégulation mise en place avec la Pac 2003 et du découplage des aides». «Depuis, les matières premières sont encore davantage soumises aux spéculateurs financiers» ajoute le syndicat qui précise «que l’amélioration des revenus est due, en partie, à la disparition de 3 % des paysans». La Confédération paysanne estime par ailleurs «intéressante» la proposition de Michel Barnier d’utiliser la possibilité de transférer 10 % des aides directes (article 69) pour venir conforter certaines filières en difficultés. Le syndicat souligne également que «l’agriculture ne peut pas fonctionner avec des marchés aussi fluctuants : cela crée des problèmes autant aux paysans, notamment les éleveurs, qu’aux consommateurs».
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