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Lin
Le lin file vers les petites tailles !

Les 90 jours de pousse du lin ont subi plusieurs stress, au nord comme au sud de Caen. Un bon tiers de lin sous les 60 cm et une grande hétérogénéité inquiètent les teilleurs.

Philippe Pagny (Coopérative linière de Cagny) :
“Entre 2009 et cette année, on connaît deux extrêmes : l’an dernier j’ai connu une récolte que je n’avais pas eu en 35 ans : exceptionnelle. Alors que cette année un tiers de notre récolte donne des fibres en-dessous des 60 cm. Et celles-là nous laissent dans l’expectative : on reste dans l’attente de savoir s’il faut brûler ou non les fibres en-dessous de 40-50 cm. Tout dépend de quel prix va être donné. Parce que pour le reste, on sait déjà : les petites fibres forment des cônes à l’enrouleuse, occasionnant un tiers de temps de travail en plus. Ce n’est plus rentable. Reste à savoir quel prix va être donné : 50 centimes  ? (Il ironise)
Tous les ans en juin, on visite les parcelles : mon constat était que 25 % d’entre elles ne devaient pas être récoltées ou seraient litigieuses au teillage. Quant aux plants corrects, on note une hétérogénéité. Tout cela est dû aux stress : après une très bonne levée il y a eu une bonne densité des graines mais les gelées de la mi-mai et les amplitudes thermiques qui ont suivi (0°c la nuit, 20°c en journée) ont mis à mal les plants. Quand on pense qu’à l’ascension il gelait encore… Ensuite, la sécheresse a fait que les plants ont réagi, mais à force ils ont fini par manquer d’eau.
Sur nos 1400 ha, 30 % des fibres font moins de 60 cm, 40 % font environ 70 cm, 30 % dépassent les 80 cm. Comment voulez-vous ne pas stocker vu la longueur du lin cette année et la réussite de celui de 2009 ? On est à 5 tonnes de poids de paille”.

Marché
"Il y a une hausse des prix depuis début juin, par le biais de la parité euro/dollar uniquement. Aujourd’hui les Chinois restent fermes sur leurs prix car ils ont une année de production d’avance. La récolte 2010 va être stockée : il y a 60 000 tonnes stockées en France actuellement, on va puiser dedans.
Mon souci premier est de remotiver les agriculteurs de refaire du lin l’an prochain. Quand je vois le prix des céréales je me pose des questions. Toujours est-il qu’ils ont suivi les consignes de réduction d’un tiers des emblavements. En octobre, lors de la réfection des assolements, je saurais si le lin les motive”.

Henri Pomikal (Coopérative de Villons-les-Buissons) :
“L’ensemble est arraché. Sur 1400 hectares, entre 30 et 50 ne semblent pas enroulables ni teillables. Soit on les brûlera en septembre, soit on les évacuera. On a aussi 3 ou 400 ha sur le fil du rasoir : ils se présentent à la limite du rentable compte-tenu de leur longueur insuffisante.
Globalement, les 90 jours de pousse ont subi deux stress : le froid qui a limité la pousse puis le manque d’eau pendant les 6 dernières semaines. L’orage du 15 juin a permis de soulever la récolte. Sinon on n’aurait obtenu que 40 % de teillable.
On est à 35 % de volume en moins par rapport à l’an dernier : 9 tonnes l’an dernier en poids de paille, 5,5 t cette année. On limite la casse. Sans l’orage du 15 juin, il aurait fallu parler de chômage partiel, technique voire d’arrêt. On a fait un plan de charge afin de pouvoir travailler et faire tourner nos outils toute l’année : certains CDI n’ont pas été renouvelés, tout le monde est passé aux 35 h. Nos outils tourneront jusque mi-octobre”.


Marché
“Le marché est en reprise, notamment aux USA et en Asie. Le lin a gagné 20 centimes d’euros au kilo, depuis deux mois, grâce à l’effet euros/dollars. La récolte mondiale s’annonce faible, le cours devrait reprendre. Par exemple il m’est arrivé la semaine dernière de vendre un contenair à 2 euros, au lieu d’1,15 habituellement. Avec un prix d’1,80 euro, la perte de volume de 30 % serait compensée”.

Patrick Bergman, Ets Vandecandelaere-Depestele :
“Au nord comme au sud de Caen, la problématique est la même : un lin très hétérogène pour lequel il nous manque 25 cm. Sur les 2000  ha arrachés, un tiers est sous les 60 cm, un tiers à 70 cm, un tiers au-dessus de 70 cm. Sur les parcelles protégées du nord, qui sont bien exposées on a du lin aux alentours des 75-80 cm. Nos lignes de teillage sont prévues pour du 80  cm, on va demander d’installer des taules sur les enrouleuses, côté pied et côté tête afin de réduire la longueur des balles. Je pense qu’en septembre, une centaine d’hectares arrachés peuvent aller au brûlage.
Si on peut avoir de la pluie pour les rouir, on peut espérer du correct. Actuellement cela n’en prend pas la tournure : quand il pleut, c’est peu, l’eau s’en va dans le sol. Il faudrait deux bons jours de pluie. Je ne peux toujours pas retourner le lin pour l’heure”.


Marché
“Le marché est dans l’attente : on souhaite augmenter le prix des fils. Les Chinois se font oublier parce qu’ils savent qu’on va augmenter nos prix.
Les perspectives nous amènent jusqu’à la fin de l’année avec nos outils; grâce à mon report 2009. Mais il faudra pour l’an prochain retrouver davantage d’hectares à exploiter. Or, il y aura des soucis pour convaincre les agriculteurs si on n’a pas de hausse des prix. A 1,80 euro du kilo, on rentabiliserait”.

Le brûlage est autorisé

Le règlement relatif au respect des bonnes conditions agricoles et environnementales (BCAE) stipule que les exploitants agricoles ne sont pas autorisées à procéder à la destruction par brûlage des pailles de lin. Ainsi tous les agriculteurs qui demandent les aides de soutien direct dans le cadre de la politique agricole commune sont tenus, au titre de la conditionnalité des aides, de ne pas les brûler.
Toutefois, afin de tenir compte des conditions climatiques particulières de la campagne 2010 et à la demande du Syndicat des producteurs de lin, le brûlage des pailles de lin non récoltables ou non teillables pourra être autorisé à titre exceptionnel. L’arrêté préfectoral du 12 juillet 2010 autorise le brûlage du 1er au 26 septembre. Attention à bien suivre la procédure et obtenir toutes les autorisations préalables.  Enfin après avoir obtenu la dérogation, l’agriculteur devra respecter toutes les règles de sécurité nécessaires pour garantir la sécurité de l’opération.

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