Bovins lait
Le pâturage facilite le batifolage
Bovins lait
La détection des chaleurs au pâturage a mauvaise réputation. C’est pourtant au vert qu’elles s’expriment de la façon la plus efficiente.

Catherine Disenhaus : "toutes les études le montrent. A production laitière équivalente, la fertilité au pâturage est plutôt meilleure".
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TG
Reproduction et pâturage feraient-ils mauvais ménage ? C’est tout du moins fortement ancré dans les esprits. Mais pour Catherine Disenhaus (Professeure et directeur du laboratoire sciences et productions animales de l’UMR INRA/Agrocampus Rennes production du lait) : "inséminer au pâturage est une idée fertile".
85 % contre 60 %
L’INRA travaille depuis plusieurs années sur la thématique de la détection des chaleurs notamment en fonction du milieu. Premier élément de compréhension : 85 % des vaches expriment un signe largement ostentatoire (l’acceptation du chevauchement) au pâturage contre 60 % en bâtiment. Un chiffre qui n’étonne guère Catherine Disenhaus. "Au pâturage, presque tous les facteurs d’acceptation du chevauchement sont réunis : sol meuble et peu glissant, de la place pour se mouvoir, une alimentation toute la journée..." Du temps pour batifoler en d’autres termes.
L’éleveur détecte-t-il mieux pour autant les chaleurs de ses vaches au pré ? Et bien non parce qu’il ne les voit que 2 fois par jour et que les signes extérieurs s’expriment essentiellement tôt le matin (avant 7 heures) ou en fin de journée (après 21 heures). Dommage parce que les inséminations qui suivent la détection par acceptation du chevauchement sont plus fertiles (20 % de réussite en plus). Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si c’est sur ce signe spécifique qu’ont été établis les protocoles horaires d’insémination.
Aides à la détection
Cependant, les outils d’aide à la détection des chaleurs constituent un recours fiable et efficace. "Les détecteurs de chevauchement (type Kamar, Estruflash, bandes à gratter ou peinture sur la croupe...) sont particulièrement utiles au pâturage", assure Catherine Disenhaus. Alors trop cher ? "Economiquement, louper un cycle coûte plus cher que 5 points de fertilité en moins sauf en cas d’utilisation de paillettes à un prix très élevé !"
Mais que nous réserve l’avenir ? "L’automatisation de la détection des chaleurs, ça fait 30 ans qu’on en cause", lâche notre Professeure. Etudes de la variation de température, de la variation des déplacements à l’aide de podomètres, dosage de la progestérone dans le lait ou d’œstrogène dans le sang, détecteur électronique de chevauchement... De nombreuses pistes sont explorées. Encore faut-il concilier faisabilité technique et acceptabilité économique en garantissant un gain de productivité.
Et Catherine Disenhaus de nous ramener les pieds sur terre et les yeux sur le calendrier. "Quand on sait quelle vache doit venir en chaleur, ça aide !" Elémentaire comme le BSP (Bon Sens Paysan) en quelque sorte.
Th. Guillemot