Jean TURMEL, président de la section lait de la FRSEA
Le prix du lait au premier trimestre va augmenter
Les négociations sur le prix du lait pour le premier trimestre 2010 sont engagées. Les indicateurs fournis par le CNIEL doivent maintenant se décliner au niveau régional. Comment cela va se passer en Basse-Normandie ?

Les chiffres du revenu agricole viennent d’être publié. -54% pour les producteurs laitiers. L’année 2009 aura été difficile ?
Le chiffre parle de lui-même. Perdre la moitié de son revenu est insoutenable. Après avoir subi la hausse des charges l’année dernière, qui a effacé une bonne partie de la hausse du prix du lait, les producteurs laitiers ont dû faire face à la chute des cours des produits laitiers qui ont immédiatement impacté le prix du lait à la production.
Nous sommes devant l’illustration des décisions politiques prises par les pouvoirs publics. Ils se désengagent de la gestion des marchés et laissent la place au libéralisme et la dérégulation. Les producteurs restent seuls devant les spéculateurs et la volatilité des marchés.
L’accord du 3 juin, n’aura donc pas permis de sauver la situation ?
Il aura permis de limiter la baisse.
Dés sa signature, nous avons reconnu que cet accord n’était pas satisfaisant.
Mais je me suis toujours employé à l’expliquer et à soutenir notre président Henri Brichard qui a eu le courage de le signer. Il aurait été tellement plus facile de jeter l’éponge et de laisser passer l’été. Nous avons fait le choix d’être responsable et de ne pas laisser les producteurs seuls face aux entreprises. En effet, à chaque fois que nous sommes sans accord (octobre 2008 et avril 2009) le prix s’aligne à la baisse sur celui de l’Allemagne.
Mi-septembre, les cotations des produits laitiers industriels sont repartis à la hausse. Impactant immédiatement le prix allemand, en lien direct ave les marchés. N’aurait il pas fallu utiliser la clause permettant de revenir sur l’accord en septembre ?
Je rappelle que le dossier Entremont n’était pas résolu (il n’y est toujours pas) même si cela paraît sans importance pour certains producteurs bas normand. Vouloir ré-ouvrir l’accord du 3 juin nous exposait à être alignés sur les moins bien payés de l’Ouest.
2009 se termine, les négociations pour le premier trimestre 2010 débutent. Comment envisagez-vous ces négociations ?
Les négociations ont plus que débuté. Elles sont terminées au niveau national. Pour revenir à la première question, l’accord du 3 juin va permettre d’engranger les hausses du marché au moins pour le 1er semestre 2010. Je rappelle pour ceux qui veulent l’entendre que cet accord tant décrié sur son montant, c’est aussi un accord sur des nouvelles modalités qui peuvent entériner des hausses quand le marché se redresse.
Cela se traduit par une hausse de 8,68 € sur le prix bas-normand mais cela passe aussi par une réécriture de la grille bas-normande à laquelle nous avons toujours fait résistance. Nous sommes la dernière région française non réécrite. L’accord potentiel du 1er trimestre en Basse-Normandie passe par un profil rééquilibrant de cette grille sur les mois d’été, à condition que les deux autres familles y mettent de la bonne volonté.
Ce rééquilibrage que nous acceptons, doit avoir pour pendant un signe fort sur le prix du lait en ce début d’année pour restaurer nos trésoreries. A bon entendeur, mesdames messieurs les responsables d’entreprises…