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Le projet d’extension arrive à bon “porc”

Vincent et Delphine Varin ont obtenu l’autorisation du préfet. L’extension de leur porcherie est autorisée à Morteaux-Coulibœuf (14). Localement, la résistance s’est fédérée en assocation. Parrallèlement, les politiques soutiennent AIM, au nom de l’emploi. Histoire d’un paradoxe...

Vincent Varin : “le préfet n’a fait qu’appliquer la loi. Le maire a résisté aux pressions et a donné le permis de construire. C’est important d’avoir des élus qui connaissent le milieu rural”.
Vincent Varin : “le préfet n’a fait qu’appliquer la loi. Le maire a résisté aux pressions et a donné le permis de construire. C’est important d’avoir des élus qui connaissent le milieu rural”.
© VM

La société veut de l’emploi et manger du porc issu d’un abattoir local. Mais visiblement, les contraintes sont plus difficiles à digérer.  Les responsables politiques ont massivement communiqué sur le dossier AIM. La pérennité de l’abattoir nécessite de la matière première. Lorsqu’un producteur de porcs investit massivement dans une filière sinistrée, le phénomène est suffisamment rare pour être signalé. Le préfet a donné son feu vert en octobre pour l’extension. Cependant, l’éleveur a dû composer avec une opposition locale.

Installation hors cadre familial
Vincent Varin s’est  installé hors cadre familiale en 2002 à Pertheville. Il y a réalisé une première enquête publique en 2005 pour devenir “engraisseur à 100 %”. En 2008, l’éleveur reprend le site de Morteaux-Coulibœuf dans la perspective de s’y développer. “Nous savons que les bâtiments de Pertheville ne nous suivront pas toute notre carrière. L’objectif est de restructurer les bâtiments dans le cadre d’une mise aux normes”. Ses deux exploitations comptent respectivement 320 et 150 truies. 80 % des animaux sont engraissés sur place. “Notre but est d’avoir 650 truies à Morteaux et d’y ajouter 1 200 places d’engraissement”. Les bâtiments de Pertheville seraient aussi reconditionnés pour permettre l’engraissement de 2 000 animaux. Le plan d’épandage passe de 214 à 427 hectares. L’imposant dossier de 500 pages déposé en préfecture illustre la longue réflexion de Vincent Varin.

L’économie rejoint l’environnement
Les investissements de Vincent et Delphine Varin doivent permettre de baisser les coûts de production. Les aliments représentent environ 60 % des charges de l’exploitation. La qualité du bâtiment joue sur l’indice de consommation des animaux. Ils ont moins besoin de manger pour se réchauffer. “Les achats d’aliments varient de 10 % entre un bon et un mauvais bâtiment. Dans des amplitudes extrêmes, nous pouvons atteindre 20 %”. 

L’éleveur a adapté sa copie
L’éleveur a senti l’inquiétude du voisinage face à son projet. Il a adapté ses pratiques avec notamment l’épandage via un pendillard. Afin de limiter les odeurs, Vincent Varin prévoit une fosse plus profonde et couverte, ainsi qu’un brumisateur d’huiles essentielles pour masquer les odeurs. Coût de cet investissement improductif et qui dépasse les normes : 50 à 60 000 €. 
L’élevage s’inscrit également dans le cadre du programme Emergence. Un projet salué par le Conseil régional dans le cadre du développement rural.
Vincent Varin se montre circonspect. “Nos pratiques sont mises en avant. En tant que président de Cap 50, j’ai géré le contrat d’approvisionnement de la SCOP d’AIM avec le Conseil régional. Nous sommes engagés sur des volumes.On parle de 200 emplois dans l’abattoir et 2 à 3 000 personnes dans la filière. Nous avons une faible densité d’élevage porcin dans le Calvados, avec une bonne complémentarité entre le végétal et l’animal. Si ici, on ne produit pas de porc, où faut-il en faire ?”

EELV : pour AIM mais contre l’extension d’une porcherie

Lundi 30 novembre, Yanic Soubien visite AIM, l’abattoir soutenu financièrement par le Conseil régional. Pendant ce temps, son colistier est interrogé sur le sujet lors de l’Agridating organisé par la Chambre régionale, la FRSEA et les JA. “Vous dîtes que Yanic n’est pas là, car il est chez AIM. Je voudrais comprendre. Il s’est opposé à la modernisation et à l’agrandissement d’un atelier porcin dans notre région.Votre parti monte “vent debout” pour sauver les emplois d’AIM . De l’autre côté, quand des producteurs avec des capitaux familiaux se modernisent, on vous retrouve comme opposant ?”, questionne Jean-Luc Duval, vice-président d’Agrial. Et Ludovic Blin (FDSEA50) de renchérir : “pour maintenir un outil d’abattage, il faut de la production. Êtes-vous prêts à nous soutenir ?” Réponse de Claude Taleb : “s’ils se sont opposés, je ne doute pas qu’il y a de très bonnes raisons. Nous pensons qu’un des problèmes est l’agrandissement inconsidéré. J’assume le plafonnement des aides. Cela ne signifie pas que ce projet n’existera pas, cela veut dire que les moyens de la politique publique ne doivent pas aller sur ce projet. En Haute-Normandie, nous n’avons pas de problèmes avec les élevages porcins qui ne sont pas excessifs ni en quantité ni en volume”.

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