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Elevage
Le sevrage précoce des broutards

Impact de l’âge au sevrage des broutards sur leurs performances en engraissement !

De nombreux éleveurs allaitants s’interrogent sur l’âge idéal pour sevrer les broutards, que ce soit du point de vue technique que du point de vue économique. Cette question revient d’actualité dans les années de sécheresse précoce comme en 2011.Pour fournir des éléments objectifs de réponse à cette question, une expérimentation a été conduite à la ferme expérimentale de la Chambre d’agriculture de Vendée (Les Etablières), sous couvert de l’Institut de l’élevage durant 3 années consécutives.


Objectif et principes de l’étude

Cette étude permet la comparaison des performances de broutards charolais nés en fin d’été mais sevrés à deux âges différents :- 1 sevrage précoce, aux alentours des 6,5 mois (fin mars) après la période hivernale : les broutards sont sevrés et directement engraissés en bâtiment ;- 1 sevrage plus “conventionnel” à 9 mois (vers la mi-juin) après 1 phase de pâturage durant le printemps de 2,5 mois, avant d’être sevrés puis engraissés en bâtiment.

Des résultats techniques comparables

Les résultats obtenus pour les 2 conduites sont identiques que ce soit pour l’âge et le rendement à l’abattage, la conformation, l’état d’engraissement et le poids de carcasse (tableau 1). Cette étude attribue un rôle de premier plan à la transition alimentaire dans l’obrtention de ces performances en sevrage précoce. (5 à 6 semaines minimum).Le poids au sevrage en fin d’hiver des veaux sevrés précocement (6,5 mois) est primordial ! (tableau 2).Le sevrage précoce permet aux broutards les plus lourds (plus de 270 kg vifs) d’exprimer pleinement leur potentiel et donc de réaliser de meilleures performances en engraissement.En revanche, la mise en engraissement d’animaux sevrés tôt entre 200 et 270 kg vifs apparaît plus délicate. Pour ceux-ci, il est donc conseillé de réaliser un sevrage “traditionnel” à 9 mois avec passage à l’herbe avant le sevrage (tableau 3).Au delà des écarts de consommation, il faut également tenir compte des différences entre les 2 conduites sur la consommation de paille, le temps de travail et l’occupation des bâtiments.Economiquement, le sevrage précoce engendre un coût alimentaire supplémentaire estimé à 85 € par taurillon fini.

Quels enseignements à retenir, en fonction du système de production considéré !

Un intérêt variable du sevrage précoce selon le système considéré ! Le sevrage précoce nécessite une durée d’engraissement supplémentaire de 2,5 mois. Les besoins en fourrages stockés et en concentrés sont plus importants.Le mode de sevrage est donc à raisonner en fonction des disponibilités à la fois en surfaces de pâturage, d’ensilage de maïs et concentrés, ainsi que le coût respectif de ces aliments.

Chez un naisseur-engraisseur, le sevrage précoce nécessite plus de surfaces cultivées (ensilage de maïs supplémentaire pour engraisser des taurillons) et moins de surface en herbe pour les vaches taries. Une conduite classique avec phase de pâturage avec la mère apparaît préférable pour les veaux trop légers en fin d’hiver (moins de 270 kg vifs) alors que les veaux lourds (plus de 270 kg vifs) remis à l’herbe seront abattus 1 mois plus tard que s’ils avaient été directement mis à l’engraissement après un sevrage précoce.

Chez un naisseur, le veau sevré jeune est vendu moins cher compte tenu de son poids vif moins important. Le sevrage précoce peut être une alternative à un déficit d’herbe prolongé.L’âge au sevrage a de fortes incidences sur la conduite des vaches. Le besoin en fourrages est nettement plus faible pour celles dont les veaux ont été sevrés précocement. La conduite à l’herbe est plus facile que celle d’un couple mère-veau mais doit faire l’objet d’attentions particulières pour que les vaches ne s’engraissent pas trop en fin de gestation et par voie de conséquence limiter notamment les risques au vêlage.

Chez un engraisseur spécialisé, des broutards achetés jeunes peuvent avoir de très bonnes performances en engraissement, à condition d’apporter une attention particulière à la transition alimentaire qui doit être longue. Il devient plus délicat d’acheter des broutards trop légers. Compte tenu des 2,5 mois supplémentaires de durée d’engraissement, il est à prévoir des stocks fourragers et un roulement en bâtiment en conséquence !Le coût supplémentaire lié à l’augmentation de la durée d’engraissement peut en partie être récupéré dans le cadre de la commercialisation des taurillons très jeunes, abattus entre 12 et 14 mois pour fournir des filières très spécifiques, génératrices plus value. ( Halal, Grèce, Sicile, …).Hormis en année de sécheresse comme 2011 où le sevrage peut être anticipé pour soulager les vaches et limiter l’affouragement et la complémentation des broutards et des mères, la technique du sevrage précoce est à mettre en place dans un contexte d’exploitation bien précis. Là où les surfaces en herbe sont limitées par rapport aux effectifs vaches allaitantes, avec des surfaces disponibles pour réaliser la culture de maïs ensilage. Cette technique trouve aussi tout son intérêt lorsque l’exploitation se situe en zone naturellement séchante en début d’été d’autant que le niveau de chargement est élevé. (UGB / ha de SFP).Pour toute information complémentaire, il est possible de contacter l’équipe de conseillers de votre Chambre d’agriculture qui est à votre disposition pour vous aider à faire les bons choix.

Témoignage : Alice et Alcidès Morgado de l’EARL du Bois Joli à Saint-Hilaire le Châtel

157 ha de SAU dont 100 ha de prairie (chargement de 2 UGB/ha de SFP), 57 ha de cultures dont la moitié en maïs ensilage et le reste en blé. L’exploitation compte 130 vaches allaitantes limousines dont les 2/3 vêlent en fin d’été (septembre-octobre) et le restant en mars-avril. Tous les animaux sont finis sur l’exploitation et partent pour la boucherie. Les femelles sont commercialisées en filière qualité Blason Prestige. Les mâles partent en taurillons, abattus à 17 mois à un poids moyen de carcasse de 450 à 460 kgc. La double période de vêlage a été choisie pour :

- étaler les pointes de travail ; limiter les risques sanitaires sur les veaux ;

- répartir les risques de variation des cours ;

- étaler les ventes et donc la trésorerie. Les veaux nés à proximité des bâtiments en fin d’été au pré sont hivernés à la mi novembre et sevrés au 1er avril, avant que leurs mères ne soient remises à l’herbe une semaine plus tard. Durant l’hiver, ces veaux sont complémentés avec un concentré fermier composé de 1/2 de pulpe de betterave, 1/3 de luzerne déshydratée et 1/3 de drèche de blé, à hauteur de 3 kg par animal et par jour en moyenne. “Le sevrage précoce, même s’il est coûteux puisque la durée d’engraissement est légèrement plus longue me permet de gagner du temps en m’évitant d’être obligé de trier mes lots à la mise à l’herbe et à nouveau de recommencer l’opération pour le sevrage, au mois de juin”, argumente Alcidès. “Cette technique évite aux broutards mis à l’engraissement deux transitions alimentaires successives : à la mise à l’herbe et à la mise à l’engraissement. Les veaux au sevrage consomment près de 4,5 kg de concentré ce qui permet une transition alimentaire avec la ration d’engraissement toute en douceur. Les vaches taries à la mise à l’herbe sont concentrées sur des parcelles au loin, sur des surfaces limitées, leur permettant de ne pas trop prendre d’état, en attendant le prochain vêlage. D’autant que depuis ces dernières années, l’herbe devient plus rare à partir de la fin juin, compte tenu du manque de précipitations”.

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