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Agriculture biologique
Le temps long du lin bio, du champ au t-shirt

Jeudi 18 février 2021, l’association Lin et chanvre bio a organisé une matinée technique à Laize-la-Ville (14). LCBio a fait le point sur l’état de la filière lin bio et donné quelques clefs pour conduire la culture. Une vingtaine de personnes était présente.

LCBio
Pauline Laurent et Jacques Follet, animatrice et président de LCBio ; Joris Soenen, liniculteur bio sur le plateau du Neubourg et Paul Boyer, directeur de Linportant.
© DR

« On pense doubler la surface de lin bio tous les deux ans. Hier (mercredi 17 février, NDLR), dans les Hauts-de-France, la salle était remplie d’agriculteurs en conversion », entame Jacques Follet, président de Lin et chanvre bio, jeudi 18 février. L’association fait le tour des bassins de production de lin textile. Les réunions ont pour but de présenter des points techniques et le contexte économique de la production de la fibre en AB. Dans la salle communale de Laize-la-Ville, une vingtaine de personnes, agriculteurs, liniculteurs, en bio ou pas, et des représentants des trois teillages bas normands.

Manque de matière

Pour valoriser du lin bio, il faut d’abord s’assurer de pouvoir livrer à un teillage labellisé GOTS (global organic textil standard).  « Il existe cinq teillages certifiés en France, selon nos chiffres », estime Jacques Follet. Dans le Calvados, le site privé Vandecandelaère-Depestele est en cours d’agrément ; la coopérative linière du nord de Caen a elle aussi fait la demande pour sa nouvelle chaîne de production pour 2022 et la coopérative linière de Cagny y réfléchit en attendant les volumes suffisants. En bio, un teillage à façon par une structure labellisée est toutefois possible. Selon Paul Boyer, vice-président de LCBio et directeur de la coopérative Linportant, qui confectionne des t-shirts en lin bio à Evrecy, « il y a une grosse demande dans les fibres naturelles, mais on manque de matière. Aujourd’hui, Safilin refuse 75 % des demandes en lin bio. Vu la campagne 2020, on ne pourra pas répondre au marché en 2022. On travaille en ce moment pour pouvoir prendre les lins en conversion C2 ». Afin de construire une filière durable et relocalisée, LCBio planche sur des contrats d’achat tripartite sur plusieurs années : agriculteur, teilleur filateur. « On sait que les Chinois veulent du bio, mais privilégions les entreprises européennes. Le marché tire vers le haut, mais essayons de déconnecter les prix en AB de ceux du lin cultivé en conventionnel », dit Jacques Follet. « On peut facilement multiplier les volumes de lin, mais on ne pourra pas dépasser certains seuils de vente. Si la fibre est trop chère, les marques n’en voudront plus. Nous devons travailler collectivement, dans la durée, une qualité et un prix pour construire un marché. Ce que nous décidons maintenant se retrouvera en magasin en 2023 », complète Paul Boyer.

Changer d’oeil

Si la montée en puissance de la filière lin textile bio s’anticipe, il en va de même pour la conduite de la culture. D’abord dans le choix de sa rotation. LCBio conseille d’en bannir le colza. Dans un système céréales, elle propose par exemple : luzerne, luzerne, blé, lin, féverole, blé, orge. « La rotation est le premier levier pour avoir un lin propre », assure Pauline Laurent, animatrice. « Le salissement se gère avant le semis. En AB, quand la parcelle est semée, il n’y a plus grand-chose à faire, sauf un désherbage mécanique », complète Jacques Follet. Deuxième levier : le choix du couvert et sa destruction. « Le lin a besoin de 30 à 40 unités d’azote pendant les trente premiers jours de pousse, estime Pauline Laurent. Il faut gérer la destruction du couvert un à deux mois avant le semis de façon à maîtriser l’azote pour prévenir le risque de verse. Les conditions de semis influencent le résultat final, c’est l’étape à bien penser. » Privilégier un sol réchauffé et bien ressuyé. Toujours au rayon des anticipations, commander la semence. « Il n’existe pas de semence certifiée, mais en AB l’enrobage au zinc est interdit. Les variétés sont à adapter selon les sols. » Arrive ensuite la question du matériel à utiliser pour le désherbage : herse étrille, roto étrille, bineuse ? « À chacun d’essayer son outil, constate le président de l’association. Mais retenez que passer en bio, c’est aussi changer de regard sur ses champs. »

Filatures en France ?
Selon Paul Boyer, la dernière filature a fermé ses portes dans l’Hexagone en 2005. Safilin est définitivement partie en Pologne. Mais, depuis, des projets émergent en France : « une filature à sec en Alsace, une au mouillé portée par Natup ; une autre au mouillé et à sec portée par Safilin ; LCBio a lancé une étude de faisabilité pour une filature à sec en Normandie ; et enfin une filature laine en Occitanie ». Welcome back !
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