Syndicalisme
Les dérapages verbaux de la Coordination Rurale
Syndicalisme
"C’est la Coordination Rurale qui va casser la Fédé et personne d’autre". A écouter les propos tenus par Nicolas Jaquet (vice-président de la Coordination Rurale qui tenait le 29 novembre dernier aux Sables d’Olonne son 13e congrès) rapportés par nos confrères d’Agra Presse, on peut s’interroger sur cette violence verbale et sur cette stratégie de la "casse".
Alors que le feu couve dans les banlieues, dans et à proximité des stades de football, le monde paysan serait-il à son tour rattrapé par une forme inédite d’hooliganisme ? En ligne de mire de la Coordination Rurale : la FNSEA, "syndicat en décadence qui maintient les agriculteurs dans l’ignorance," rajoute Nicolas Jaquet. Profitant de la tribune, Pierre Larrouturou (délégué national européen du Parti Socialiste depuis janvier 2006), a caressé les congressistes dans le sens du poil jugeant que "la FNSEA est à poil intellectuellement". Quelques jours auparavant à St-Lô (à l’occasion du 60e anniversaire de la FDSEA 50) un autre socialiste, Henri Nallet, (deux fois ministre de l’Agriculture) avait tenu un discours diamétralement opposé. "Le responsable politique que j’ai été doit d’abord vous rendre hommage pour le travail accompli. Ce qui vous a été demandé par la société, vous l’avez réalisé à chaque fois. Vous avez toujours rempli le contrat. Merci pour ce travail dans un contexte de dénigrement facile" a lancé le 24 novembre dernier Henri Nallet à 1 200 adhérents de la FDSEA et des JA. Et de conclure : "votre force, c’est un accord avec les élus politiques. Il faut retrouver une connivence entre dirigeants politiques et syndicaux. La couleur est secondaire". Comme quoi on peut être socialiste et ne pas jeter une forme de cogestion avec l’eau du bain.
12 ans d’expérience dans le Calvados
Invités à témoigner de leur expérience, Michel de Lapeyrière et Michel Legrand (respectivement présidents des Chambres d’Agriculture du Lot et Garonne et du Calvados élus sous étiquette Coordination Rurale) ont insisté sur "le devoir d’excellence et une obligation de résultat." Force est de constater que le chemin est parfois long. Après douze années d’expérience Coordination Rurale dans le Calvados, même les élus de la Chambre reconnaissent que "des marges de progrès existent" (Ndlr : cf document "Bilan mandature 2001-2006"). On peut d’ailleurs noter le décalage entre les propos tenus par les dirigeants nationaux de la Coordination Rurale et les pratiques départementales.
Dans son bulletin (Coordination Rurale Infos d’octobre 2006), il est indiqué que "les Chambres ne devraient pas faire des prestations de services payantes". Un vœu qui tient plus de la gageure puisque, dans son bilan de mandat, la Chambre d’Agriculture du Calvados consacre un chapitre entier à sa politique commerciale. Autre contradiction, il est indiqué dans ce même bulletin sous la plume de Jacques Laigneau (président d’honneur de la Coordination Rurale) que "nous sommes les seuls (Ndlr : la coordination Rurale) à contester la prétendue toxicité des nitrates et à refuser toutes ces mises aux normes stupides et ruineuses tandis que les Chambres d’Agriculture profitent de notre malheur pour gérer des dossiers juteux". Alors des dossiers juteux aussi pour la Chambre d’Agriculture du Calvados ?