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Les filières animales dans la Manche : entre insécurité et instabilité

Entre insécurité et instabilité, l’élevage manchois navigue dangereusement à vue. Sébastien Amand et Jean-Michel Hamel, respectivement président et secrétaire général de la FDSEA de la Manche, dressent un état des lieux.

Sébastien Amand et Jean-Michel Hamel, respectivement président et secrétaire général de la FDSEA, ne cachent pas leurs inquiétudes de rentrée. Les conséquences de l’embargo russe et celles de la directive nitrate 5 génèrent insécurité et instabilité. 
Sébastien Amand et Jean-Michel Hamel, respectivement président et secrétaire général de la FDSEA, ne cachent pas leurs inquiétudes de rentrée. Les conséquences de l’embargo russe et celles de la directive nitrate 5 génèrent insécurité et instabilité. 
© TG

La moisson n’est certes pas encore terminée, mais la rentrée, syndicale, c’est maintenant. Lors d’une conférence de presse donnée lundi à St-Lô, les dirigeants de la FDSEA ont évoqué quelques incertitudes fortes qui font planer le doute sur l’élevage départemental. L’embargo russe crée de l’insécurité, la directive nitrate et ses futures contraintes génèrent de l’instabilité... Morceaux choisis.


Moisson. “La météo pluvieuse a compliqué la moisson 2014 qui n’est toujours pas totalement terminée à ce jour. Au niveau national, la qualité n’est pas au rendez-vous. La majorité des blés n’est pas exportable. Cela pourrait être une bonne nouvelle pour la ferme Manche. L’abondance de blé fourrager devrait impacter à la baisse le prix des aliments animaux, mais nous sommes dubitatifs. Cette baisse se fait attendre. 
Autre crainte pour les années à venir: que les OS (Organisme Stockeur) nous imposent une norme protéine sur le blé, 11 %, sans plus-value en contrepartie”.


Directive nitrate. “Tous les détails ne sont pas encore connus à ce jour, mais nous savons qu’aux 200 communes déjà classées en zone vulnérable, une soixantaine dont nous ignorons l’identité va venir s’y ajouter. Nous ne comprenons pas pourquoi. Bruxelles ne se soucie pas de la qualité de l’eau qui est bonne dans notre département. Elle applique ses normes, comme le chargement hectare, point barre. A l’échelon national, nos politiques à l’écoute des lobbies environnementalistes, rajoutent constamment des lignes au mille-feuille administratif. Ce qui crée de la distorsion de concurrence entre la France et ses partenaires européens.
Autre inquiétude : on nous impose de passer nos capacités de stockage de 4 à 6 mois sans le moindre accompagnement financier. Cela va se traduire par un doublement des frais de gestion des effluents aux 1 000 litres. Alors que beaucoup d’ateliers ne se sont pas encore remis de la dernière crise du lait ou n’ont pas fini d’amortir leur dernière mise aux normes, on peut craindre le pire en matière de trésorerie.
Dernier point sur ce dossier directive nitrate 5, l’approche est beaucoup trop dogmatique. Citons la problématique des dates d’épandages. Elles sont figées sur le calendrier alors qu’il faudrait tenir compte des conditions climatiques qui sont changeantes d’une année à l’autre”.


Embargo russe. “On peut comprendre la compassion de nos gouvernants vis-à-vis du peuple ukrainien, mais il faut aussi veiller à l’efficience économique de la France, de son agriculture et de son secteur agroalimentaire. L’embargo russe pèse déjà sur l’ambiance générale et risque, à brève échéance, d’impacter à la baisse le prix des matières premières agricole payé aux agriculteurs. L’Espagne et la Pologne avec leurs fruits et légumes, le Benelux avec ses produits laitiers (...) vont venir nous concurrencer sur notre propre territoire”.


Consommer local. “Dans ce contexte, nos collectivités locales doivent avec un maximum d’assiduité veiller à consommer français. En collaboration avec JA, nous allons leur envoyer un courrier en ce sens. Nous n’excluons pas au cours de l’automne de mener certaines opérations de contrôle pour vérifier que les discours de bonnes intentions sont bien suivis des faits”.


Prix du lait. “Si on regarde en valeur absolue, il est d’un niveau correct, mais dans le détail, il est en deçà de nos homologues européens. Il y a un problème. Nos OP (Organisation de Producteurs) doivent être plus incisives. Avec la sortie des quotas laitiers, il faut instituer un relationnel gagnant/gagnant, mais avec les grands groupes nationaux, c’est vite compliqué”.


Paille. “Les offreurs et les acheteurs attendent la fin de la récolte. Certaines sont de très mauvaise qualité. D’autres ne seront pas récoltées. Au niveau de la FDSEA, nous maintenons notre “opération paille” pour la pérenniser dans le temps”.


Vols. “Les chapardages se multiplient : matériels, animaux...Nous réfléchissons à des systèmes de prévention. Parallèlement, nous invitons tous les agriculteurs victimes de tels faits à porter plainte, même si le préjudice est faible. Cela permet à la police ou la gendarmerie de lancer une enquête et de récolter de l’information qui peut servir dans le temps”.


Maïs. “Nous sommes en phase de recensement des parcelles touchées par le coup de vent de la mi-août et les orages. Des dégâts sont constatés dans le sud Manche et dans le marais du Cotentin”.


Congrès. “Une bonne nouvelle pour la FDSEA. Nous accueillerons les 18 et 19 février 2015 à Cherbourg le congrès de la SNFM (Section Nationale des Fermiers Métayers). On attend 250 à 300 délégués”.

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