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Culture
Les innovations en colza d’hiver

Les surfaces de colza ont sensiblement augmenté en Normandie ces dernières années, exigeant ainsi une recherche appliquée innovante pour assurer les résultats techniques et économiques performants.

Les nouvelles pistes devront prendre en compte les contraintes environnementales en lien avec les enjeux futurs (qualité de l'eau, énergie, …).


Une nouvelle technique pour semer le colza : le Strip-Till

Il n’existe pas de bonne ou mauvaise technique d’implantation. Il faut sélectionner les outils les mieux adaptés au type de sol sa parcelle. L'objectif est d’obtenir un pivot le plus profond possible afin que la plante soit le mieux alimentée aussi bien en eau qu’en éléments fertilisants. La réussite de la culture du colza dépend pour beaucoup de son enracinement. Il permet à la plante de supporter de nombreux stress : climatiques, insectes, au printemps. Une nouvelle technique implantation de colza est testée depuis quelques années, le Strip Till. Cette technique est encourageante et possède de nombreux atouts.Le Strip-Till consiste à implanter son colza en un passage directement sur chaume de céréales. Seul le rang de semis est travaillé. Le sol entre les rangs n’est pas travaillé. Une dent travaille sur une profondeur de 15-20 cm pour favoriser l’enracinement et ensuite la terre est affinée sur 10 cm de large pour le lit de semence. Le Strip Till permet des économies de gaz-oil et de temps de travail. Le non dessèchement du sol par différents travaux du sol permet en situation séchante une meilleure levée. Des pistes intéressantes sont à étudier sur le désherbage. Les entre-rangs se salissent beaucoup moins car le sol n’est pas bousculé. Il sera certainement possible de maîtriser le désherbage en désherbant simplement sur le rang.Cette technique d’implantation est très efficace pour éviter l’érosion. Les résidus en surface entre rangs permettent de retenir les limons (effet mulch - photos).


Les cultures associées : une piste à suivre

Les cultures associées ou plantes compagnes. Il s’agit de semer dans le même sillon une association colza + légumineuses. Le but de l’association :

- fournir de l’azote au colza pour réaliser des économies ;

- aider au développement racinaire du colza par une synergie à l’automne entre les racines de colza et les racines des légumineuses ;

- favoriser le développement du colza pour étouffer les adventices et réaliser des économies sur le désherbage.

Les cultures associées sont une nouvelle technique à suivre car elles apportent des résultats intéressants selon les itinéraires techniques :

- en semis direct pur ou en milieu difficile, l’association plante compagne + colza permet de gagner quelques quintaux ;

- un rendement identique est obtenu en économisant 30 à 40 u d’azote ;

- des économies de désherbant sont réalisables.

Attention dans le choix des plantes compagnes, les légumineuses sélectionnées ne doivent pas étouffer le colza à l’automne et être détruites par le gel pendant l’hiver. Plusieurs mélanges sont commercialisés, ils associent 2 à 3 espèces.Exemple : mélange trèfle blanc + vesces ou fenugrec + gesse + lentille + vesces.A l’automne, le couvert peut produire jusqu’à 700-900 g/m² de  biomasse. On constate (graphique 1) que les biomasses entrée hiver des colzas seules sont supérieures à la biomasse des colzas accompagnés de plantes compagnes. Cette technique n’est pas adaptée aux parcelles avec des fournitures d’azote à l’automne excessives. Ces nouvelles techniques avec plantes compagnes à base de légumineuses seront aussi testées sur d’autres cultures. Le but est de réaliser des économies d’azote minérales.

Une évolution variétale indéniable

L’évolution des variétés en colza est importante. Maintenant, il est possible de semer des variétés avec un potentiel de rendement important avec de nombreux atouts agronomiques, aussi bien en lignée qu’en hybride. Avec un choix judicieux de ces variétés, lors du semis, vous pouvez limiter au maximum le nombre d’interventions phytosanitaires sans limiter le rendement. 
- Tolérance Phoma Les variétés TPS (très peu sensible) phoma sont très nombreuses et la résistance au phoma n’a pas été mise en défaut ces dernières années. Il existe les variétés du groupe 1 qui possèdent une résistance quantitative, et les variétés du groupe 2 avec une résistance spécifique.En semant une variété TPS phoma, vous évitez l’application d’un fongicide peu à moyennement efficace à l’automne en étant plus efficace sur la protection du pivot.
- Elongation automne L’automne 2011 avec des températures douces et une disponibilité en azote dans les parcelles étaient favorables à l’élongation automne des pieds de colza. Très souvent les pieds élongués ont été détruits par le gel de février ou bien fortement endommagé. Il est possible de freiner l’élongation automnale avec l’application d’un régulateur au stade 4-6 feuilles du colza. Il est très facile de ne prendre aucun risque avec l’élongation automne en semant une variété avec une notation TPS (très peu sensible) à l’élongation automne. Ces variétés semées avec une densité normale même avec un automne doux ne montent pas. Les hybrides avaient souvent cet inconvénient d’être sensibles à l’élongation automne. Depuis 2 ans, il est à noter l’inscription de nombreuses variétés qui sont TPS pour l’élongation automne. Vous pouvez avoir le même raisonnement vis-à-vis du risque verse au printemps. La sélection d’une variété TPS (très peu sensible) verse permet de ne pas réguler les colzas au printemps sans aucun risque. En résumé, le choix variétal permet maintenant de semer du colza en évitant l’application de régulateur sur la culture aussi bien à l’automne qu’au printemps et de fongicide à l’automne. Malheureusement, il n’existe pas encore de variété tolérante au sclérotinia pour éviter l’application de fongicide au printemps. 
- Egrenage du colza à maturité : la sensibilité à l’égrenage des variétés de colza a diminué. Il est rare maintenant d’observer des colzas égrenés. Il est donc  possible d’attendre plus sereinement la maturité des colzas pour le battage. Les hybrides par leur mode de sélection et de production sont maintenant les variétés les moins  sensibles à l’égrenage.

Le nombre de grains/m², la composante principale pour expliquer les variations de rendement

Depuis 6 ans, dans le département de l’Eure, une douzaine de parcelle sont observées chaque année, pour comprendre et analyser la variabilité des rendements. Sur ces parcelles sont notées les biomasses entrée hiver, sortie hiver, stade début floraison, le nombre de silique/m², le PMG. L’analyse des observations nous montre que le facteur principal est le nombre de grains/m².Le rendement n’est pas lié aux biomasses entrée ou sortie hiver. La sélection a progressé sur la fertilité des siliques. Les nouvelles variétés inscrites ont très souvent des petits PMG et un nombre de grains/m² important.Contrairement aux idées reçues le nombre de siliques/m² n’explique pas le rendement (graphique 2). Le rendement est principalement expliqué par le nombre de grain/m² (graphique 3). Ce nombre de grains/m² dépend pour beaucoup du rayonnement et du rapport rayonnement/tempéra-ture et du fonctionnement de la plante. La plante doit être bien alimentée en éléments fertilisants.


Amplifier la recherche appliquée en Normandie

La grande majorité des pistes innovantes est conduite en étroite collaboration avec le CETIOM.Néanmoins, la mise en place d'un réseau Agro-PV Normand doit permettre d'orienter les thématiques à traiter et d'amplifier la communication et le transfert des connaissances vers les agriculteurs.L'innovation doit être le souci permanent des équipes départementales (conseillers Agro-PV normand et expérimentateurs) et du réseau Agro-PV Normand, gage de réussite pour l'agriculture normande.

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