Aller au contenu principal

Filière bois
Les repères de la production de bois déchiqueté des haies

A partir de l’exemple de la construction d’un approvisionnement sur Saint-Sauveur Lendelin, les chiffres clés, les rendements.

Pour répondre à la problématique de l’approvisionnement de la chaufferie bois de la maison de retraite de Saint-Sauveur Lendelin, nous avons étudié,
avec nos partenaires locaux (Communauté de communes, FDCuma, groupe de développement agricole GVA et Cuma de Taute et Marais, les associations de producteurs “Haiecobois” et de boisement), les conditions pour mettre en place une nouvelle production de plaquettes de bois sur les exploitations agricoles.
La finalité de ce travail était de définir la ressource dite “mobilisable” et de donner aux candidats producteurs les éléments de décision pour mettre en place une production de bois énergie destinée à la vente. Avec les agriculteurs, nous avons simplifié et réalisé des cubages de haies et calculé les résultats économiques prévisionnels. A partir d’une enquête, un travail de synthèse des résultats des aménagements parcellaires a permis de déterminer le potentiel et les conditions de la production locale de bois. Notons qu’avec l’accord du groupe, ce travail a été présenté au Réseau Mixte Technologique (RMT), “biomasse et territoire” des Chambres d’agriculture.
Nous avons fait une extrapolation pour le département de la Manche et renseigné les indicateurs de la production, voici les ordres de grandeur les plus intéressants.

Pour le département de la Manche, le potentiel est important et la production est en croissance forte
Le potentiel de production annuel calculé dans l’étude est de l’ordre de 800 000 mètres cubes facilement mobilisables. Actuellement, la production de “plaquettes” représente moins de 5 % de la production facilement mobilisable des haies. Rappelons que le grand ouest de la France se caractérise par un maillage bocager important. Pour les 2 régions de Normandie le réseau de haies représente près de 120 000 km de haies (soit un potentiel équivalent au 1/3 de la surface boisée de la Normandie) en capacité de produire de la biomasse, en plus des productions des parcelles agricoles.
La production de bois déchiqueté est partout en forte progression. Dans la Manche, en 2008, pour sa 2e campagne de “commercialisation” l’association de producteurs “Haiecobois” a commercialisé 350 tonnes de plaquettes, la progression des volumes est de 500 %.

De nombreuses exploitations agricoles professionnelles possèdent un potentiel important de bois sur pied qui pourrait être commercialisé
Une exploitation de la Manche possède en moyenne 8 km de haies. Ces haies, en fonction de la situation, de leur structure et des essences, peuvent produire entre 800 et 2 800 m3 de bois. Pour 8 km, nous pouvons donc tabler sur une production de 1 800 m3 (10 - 12 ans). Cela représente aussi 10 000 litres de fioul par an. Dans cet exemple, la production moyenne des haies n’est que de 15 m3 pour 100 ml à 10 ans. A savoir q’une haie de taillis, à fort potentiel, bien entretenue, produit jusqu'à 60 m3 de bois en 10 ans.
Le potentiel moyen de production et “d’exportation” de bois plaquettes (en plus de l’autoconsommation), donné par l’étude, est de l’ordre de 100 m3 par exploitation agricoles.
Tous les agriculteurs peuvent vendre du bois plaquette. La filière est en construction. Il faudra toutefois se renseigner sur la structuration locale de la filière pour s'assurer de la faisabilité d'une vente soit en bois sec ou vert.
Avec la mécanisation du déchiquetage, le prix de revient de la production de bois énergie est compétitif.
L’étude réalisée sur Saint-Sauveur Lendelin et celle réalisée par la Chambre d’agriculture du Calvados pour le “Programme Haies'nergie” donnent les résultats suivants par poste de coûts (Tableau 1).
- Pour l’abattage et le débardage : les haies sont souvent hétérogènes et l’usage des têtes d’abattage est exceptionnel. La mécanisation et le coût de ce poste peuvent s’améliorer à la condition d’améliorer le matériel et les haies elles-mêmes. Pour le moment, l’abattage des haies se fait de façon traditionnelle, en abattage dirigé à la tronçonneuse.
- Pour le déchiquetage : la montée en puissance de l’équipement en déchiqueteuses à grappin (associations, Cuma, entreprise de travaux agricoles) a permis d’améliorer les conditions de travail et les rendements : 25 à 30 m3/h. Actuellement, les rendements dépendent du niveau de qualité de plaquettes souhaité et de la préparation des chantiers.
- Pour le transport : seule
la gestion de proximité des transports permet de limiter les coûts.
- Pour le stockage et le séchage : la valorisation de bâtiments existants permet de limiter ce poste.
L’étude de la Chambre d'agriculture du Calvados prend en compte la valeur du bois sur pied : traditionnellement, cette valeur est le résultat entre le prix de vente du bois et le coût d’exploitation. L’estimation a été réalisée en prenant en compte la valeur bois bûche, soit 2,9 €/m3. Cela permet aussi de couvrir l’entretien de la haie sur 10 ans.

Une valorisation énergétique intéressante par comparaison au prix du litre de “fioul”
Pour une équivalence énergétique, 1 tonne de bois vaut (énergétiquement) 360 litres de fioul, une valorisation de la plaquette à 50 €/tonne verte (rémunérant le travail des producteurs et l’entretien de la haie) situerait le prix du litre de fioul à 0,280 €.

Retour de “cubage” du réseau des fermes référentes en Plan de gestion des haies
En Basse-Normandie, des plans de gestion ont été réalisés. 12 exploitations référentes permettent de suivre la production de bois déchiqueté.
- La production a été organisée sur des rotations comprises entre 8 et 15 ans. Cela permet d’optimiser, de répartir et notamment de garantir pour les “clients” non agriculteurs un approvisionnement régulier dans le temps.
- Dans les plans de gestion, le prélèvement de bois correspond à l'accroissement annuel. Le capital boisé est préservé. Les plans prévoient également des plantations en amélioration des haies. A titre d'exemple, la reconstitution de haies doit flirter avec les 100 km/an dans le Calvados et les 70 km/an dans la Manche (avec l'aide des Conseils généraux).
- Les références de rendement montrent que les productions sont la plupart du temps “sous estimées” du fait d’une “reprise” des coupes tardives qui a permis de capitaliser du bois au-delà de la durée optimum de production.
Dans le cadre de la typologie réalisée pour les 3 régions Normandie, Bretagne, Pays de la Loire, à ce jour (1), la transposition des références donne les résultats suivants :
- les haies arbustives : 7 à 20 m3/100 ml (2) ;
- les taillis : 20 à 80 m3/100 ml ;
- les alignements “futaie” : 10 à 20 m3/100 ml ou 1 à 3 m3 par arbre ;
- les taillis sous “futaie” : 15 à 60 m3/100 ml.

Le bocage Normand est varié dans ses essences et sa morphologie
Il se décline au niveau de chaque canton par des densités mesurables, par des méthodes statistiques. Les haies les plus fréquentes sont constituées d’une strate végétale basse sur talus avec des arbres de haut-jet intercalés (arbres, émondes, têtard) : cette formation végétale produit un bois valorisable. Cependant, les haies non productives ou dégradées sont fréquentes. Il reste de nombreux talus nus. Les haies ne comportant que des arbres isolés ou des cépées isolées sont inégalement réparties sur le territoire. Dans la Manche, elles représentent 12 000 km. Le programme de regarnissage de haies les améliore actuellement à hauteur de 50 km/an (Manche). Ces haies sont aussi la marge possible de progression en volume et prix de revient de la production de bois-énergie du Bocage. La question de la valorisation économique des haies mérite d’être étudiée sérieusement, car elles rendent aussi bien des services en terme de protection des cultures et de l’élevage.
Eddy CLERAN
Chambre d’Agriculture de la Manche
www.manche.chambagri.fr
ecleran@manche.chambagri.fr


(1) Les services “boisement” des Chambres d’agriculture mutualisent leur résultats pour préciser les “facteurs” déterminant les différences de rendements sur les types de haies.
(2) m3 = (MAP) = Mètre cube apparent plaquette.

Bibliographie et documents
Etude territoriale d’intégration d’une nouvelle production de bois-énergie en secteur d’élevage et de bocage - Eddy Cléran - Chambre d'agriculture de la Manche - RMT biomasse et territoire - décembre 2008.
Etude et résultats “Haiecobois” 2007 - 2008 - Virginie Hervieux.
Etude sur le prix de revient d’une production de bois énergie - Stéphane Berzinger, Chambre d'agriculture du Calvados et synthèse des coûts des prix de revient - FRCuma Normandie 2008.
Enquête sur le mode de chauffage des agriculteurs - Christophe Moreau – Chambre d'agriculture de la Manche - 2007.
Enquête réalisée auprès des agriculteurs du canton de Saint-Sauveur Lendelin - Florent Joret - Chambre d'agriculture de la Manche 2008.
Enquête bocage DDAF - Terruti 2004.

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout l'Agriculteur Normand.

Les plus lus

GAGNEZ 2 PLACES POUR LE MATCH SM CAEN - PARIS FC
Jeu concours pour aller encourager votre club normand au stade d'Ornano !
Deuxième en partant de la droite, Philippe Denis a reçu dans sa ferme un parterre de responsables, dont Arnaud Rousseau (deuxième en partant de la gauche).
Tuberculose : Arnaud Rousseau à l'écoute des éleveurs
À l'occasion de sa visite dans l'Orne, Arnaud Rousseau s'est rendu à Landigou, sur l'exploitation de Philippe Denis, dont le…
Valentine Amette, 22 ans, céréalière, s'est lancée dans son projet de meunerie. La Farine de Valentine est disponible à la boulangerie de Pont-d'Ouilly, de Fresné-la-Mère ou encore chez elle, à Bazoches-au-Houlme, les premiers lundis du mois, de 9 h à 12 h.
Valentine Amette, agricultrice au champ et au moulin
Nous l'avions rencontré en fin d'année dernière, alors qu'elle se présentait au concours Miss agricole 2024. Alors aux champs,…
Toutes les animations sont gratuites (sauf la restauration et le baptême en hélicoptère).
Des bonshommes de paille débarquent dans la Manche
À la veille des moissons, les Jeunes agriculteurs ont monté des bonshommes de paille un peu partout dans la Manche. Un bon moyen…
Cette baisse des volumes a été annoncée alors même que "nous sortons d'une période compliquée", dénonce Yohann Serreau, président de l'OPNC (570 producteurs, 422 ml de lait).
Lactalis confirme la baisse de ses volumes
À l'assemblée générale de l'OPNC (Organisation de Producteurs Normandie Centre), organisée à Sées, dans l'Orne, en juin 2024 et…
"Transmission-installation, que peut-on faire de plus ?" Tel était le thème de la table ronde à laquelle participaient Clotilde Eudier (vice-présidente de la Région Normandie), Emmanuel Hyest (président de la Safer de Normandie), Anne-Marie Denis (présidente de la FRSEA Normandie), Emmanuel Roch (président de JA Normandie), Guillaume Larchevêque (Chambre d'agriculture Normandie) et Bruno du Mesnildot (Propriété privée 50).
Safer et installation : faire plus grâce à une volonté commune
"Nous avons toute une génération de jeunes à installer. On doit et on peut certainement faire mieux sous condition d'une volonté…
Publicité