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Les systèmes de culture sur couverture végétale en zone d’élevage

Dans un cadre d’intervention des politiques publiques favorable au développement de l’agro-écologie, l’agriculture de conservation est de plus en plus sous les feux des projecteurs.

Difficile aujourd’hui de semer un maïs dans un couvert vivant, le strip-till offre un compromis intéressant entre semis direct et travail du sol classique.
Difficile aujourd’hui de semer un maïs dans un couvert vivant, le strip-till offre un compromis intéressant entre semis direct et travail du sol classique.
© G. Fortino, CA 50

L’agriculture de conservation s’appuie sur 3 principes fondamentaux : un travail minimum du sol, une couverture maximale du sol et des rotations diversifiées Parmi les systèmes de culture s’inspirant de ces principes ceux en semis direct sur couverture végétale permanente (SDCV) sont les plus poussés.

C’est quoi un SDCV ?

Pour reprendre les termes utilisés par Arvalis, le couvert permanent est un couvert à cycle long qui cohabite avec une culture de vente. Celui-ci peut être installé en même temps que la culture principale ou dans une culture déjà en place et exprimera son développement maximum entre la récolte de celle-ci et l’implantation de la culture suivante.Ces systèmes maximisent tous les bienfaits de l’agriculture de conservation (qualité du sol, réduction d’intrants…) mais sont pour le moment mis en place dans un nombre infime d’exploitations(1) et surtout, ils sont développés essentiellement au stade expérimental. De plus, les références qui commencent à paraître dans les six coins de l’hexagone concernent les systèmes de grandes cultures à base de blé et colza. En système d’élevage, les freins sont plus conséquents, notamment à cause de la gestion de la concurrence entre la culture de maïs et le couvert. Est-il possible de mettre en place ces systèmes en SDCV à base de maïs ? Telle est la question que des éleveurs en sans labour se posent.

La réponse vient de l’ouest ?

Pour répondre à cette question, les agriculteurs du groupe “agriculture de conservation” animé par la Chambre d’agriculture de la Manche se sont déplacés dans le Finistère, où la Chambre d’agriculture locale a développé un collectif d’une centaine d’agriculteurs sur les TCS (techniques culturales simplifiées) et l’agriculture de conservation. Grâce à la montée en puissance et à l’effet réseau, les surfaces en semis direct sont passées d’une petite centaine à près de six mille hectares en 15 ans. Evidemment, dans ce réseau il n’y a pas que du semis direct, et le choix des exploitations à visiter a été fait en conséquence : une en semis direct strict, l’autre avec une approche plus flexible. Chez André Divanach ce qui a frappé le plus c’est la simplification extrême du parc matériel qui, concernant les cultures, est constitué par un semoir de semis direct Bertini et un pulvérisateur. L’agriculteur, en semis direct depuis dix ans, teste le SDCV depuis 2012. Dans un premier temps il a implanté plusieurs couverts avec le colza pour choisir le plus adapté et finalement c’est le trèfle blanc qui est sorti du lot. En 2013, il a même été fauché avant l’implantation du blé, car la biomasse produite après la récolte de colza était importante. L’agriculteur envisageait d’y implanter un maïs en 2016, mais le désherbage du blé a détruit le couvert qui avait déjà repris son développement… L’agriculteur envisage réitérer l’initiative en 2017.Chez Erwan Caradec il n’y a pas de SDCV mais les parcelles de maïs implantées après strip till ont impressionné tout le monde par leur propreté et la bonne santé de la culture. L’agriculteur avait testé le semis direct pour cette culture mais il n’était pas satisfait par la qualité d’implantation en conditions humides ni par le démarrage du maïs. En revanche il a été vite convaincu par le strip till où en 2014 il a observé des gains de 13 q/ha sur le maïs grain. C’est chez lui que la Chambre du Finistère mène des essais variété de maïs en techniques simplifiées. Jean-Philippe Turlin, technicien en charge du dossier, a déjà témoigné d’un classement très différent des variétés en fonction de la technique d’implantation, température et appétence pour les ravageurs étant les principales explications.

Bio sans labour : le mouton à cinq pattes

Après les deux visites dans le Finistère, le groupe a fait un crochet dans le Morbihan, où le climat est plus sec. Là-bas les attendait Patrice Le Callonnec, agriculteur en bio qui a laissé tomber la charrue cinq ans après son installation pour limiter l’évaporation de l’eau en été, réduire les risques d’érosion et favoriser la vie du sol. Sa motivation en quelques mots : “pour être respectueux de l’environnement, il ne suffit pas d’être en agriculture biologique, mais il faut aussi respecter la vie du sol”. En effet, les deux approches (bio et agriculture de conservation) montrent de plus en plus de convergences. Avec cette visite on s’est écarté de la question de SDCV, mais voir du beau maïs en bio sans labour a intéressé tout le monde. L’implantation de la culture commence par le passage d’un outil à bêches roulantes pour détruire le couvert et enfouir le fumier, est suivie par l’utilisation du strip till pour mieux fragmenter et réchauffer la terre au niveau du rang et s’achève par la localisation de fumier de volaille sur la ligne de semis. A noter que cet agriculteur plein de ressources ne juge pas impossible de cultiver du maïs bio en SDCV et travaille à la sélection de couverts adaptés à cette fin.

Pas qu’une seule question

Partis avec une question, les agriculteurs manchois en sont revenus avec plein d’autres : couvert permanent ou pas ? Vivant ou mort ? Maïs en semis direct ou en strip till ? Tran-sition ou pas ?Le gradient en termes de travail et couverture du sol des trois exploitations visitées est très important et cela a permis de remettre en question un modèle prometteur mais qui aujourd’hui est loin d’être au point pour les systèmes d’élevage. La limite principale est représentée par la culture du maïs, très sensible à la concurrence et très exigeante en termes de conditions d’implantation. En tête de la liste des pistes de travail dégagées par le groupe agriculture de conservation, on trouve une meilleure connaissance des performances des variétés de maïs implantées en technique simplifiée, voire en semis direct.

Ça bouge en Normandie

La question des SDCV mobilise le réseau des Chambres d’agriculture de Normandie. La ferme expérimentale de la Blanche Maison a mis en place en 2015 des essais de maïs semé en direct après couverts d’interculture et prairie, dans le but de mettre au point des SDCV d’élevage. En Seine-Maritime et Eure des suivi d’expériences ont été mis en place pour évaluer les impacts du semis direct de blé dans du trèfle blanc implanté en interculture ou bien avec le colza précédent ou encore issu d’une prairie multiespèces détruite chimiquement. Comme cela a été mis en évidence, il s’agit de systèmes complexes qui ne peuvent pas s’improviser au champ. C’est pour cela que les Chambres d’agriculture proposent des formations sur le fonctionnement du sol, la gestion des couverts et les techniques sans labour, pour ensuite accompagner les agriculteurs à progresser vers les systèmes d’ agriculture de conservation les mieux adaptés à chaque situation.

(1) En 2011, le semis direct en général représentait 4 % des surfaces en blé tendre et blé dur, 1 % en orge et en tournesol, 0,5 % en colza et maïs (source Agreste).

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