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Les volailles en Normandie : ne pas rater le train de la croissance

L’élevage de volailles de chair ne se développe pas en Normandie. Pourquoi ? Quels sont les blocages ?

Partout dans le monde, la viande de volaille a le vent en poupe. En Europe, chaque année les volumes consommés augmentent. Peu d’autres produits agricoles peuvent en dire autant ! La consommation européenne s’accroît, et la production européenne augmente également pour y répondre. Or notre région passe complètement à côté de ce développement important. En Normandie, tout comme pour la France entière, l’élevage de volailles de chair stagne depuis plusieurs années. Comment expliquer cette langueur française et normande ?

Des éleveurs à renouveler

Plusieurs éléments peuvent expliquer cette stagnation des productions de volailles en Normandie. L’âge de nos éleveurs est élevé, et une génération importante est à remplacer. Traditionnellement dans l’Ouest de la France, depuis la création des quotas laitiers, l’élevage de volailles de chair a été créé comme un complément à l’élevage laitier. Historiquement, le suivi du poulailler était souvent effectué par l’agricultrice, son mari lui apportant son concours lors des pointes de travail. Ce schéma de travail à 2 UTH est de moins en moins présent dans les campagnes : dans les jeunes générations, la proportion de couples d’agriculteurs est beaucoup plus faible : soit parce que les jeunes s’installent seuls, soit parce que leur épouse est engagée professionnellement hors de l’exploitation. Le problème de renouvellement des éleveurs (des éleveuses) se pose donc de manière aigüe.

Grandir comme les voisins

L’élevage d’appoint, comme activité de diversification va se faire de plus en plus rare, à l’image de ce qui se passe chez nos voisins européens. Avec la fin des quotas, les élevages laitiers vont supprimer de plus en plus ces ateliers annexes. Pour renouveler leurs élevages avicoles, nos voisins européens ont choisi de s’orienter vers des éleveurs spécialisés en production avicole. On ne parle plus là d’élevage accessoire : l’élevage avicole devient la seule activité de l’exploitation. Ce qui fait qu’aujourd’hui la taille moyenne des élevages en Belgique ou en Espagne est deux fois la taille des élevages français. Aux Pays-Bas et au Royaume-Uni, les élevages font même 5 fois la taille française ! En France, plusieurs blocages  empêchent les élevages de prendre le même chemin. Bien que le ministère de l’Agriculture ait  allégé dernièrement les contraintes sur les enquêtes publiques qui coûtent très cher pour créer des élevages de grande taille, les lourdeurs administratives freinent les élevages. Au niveau de la formation des jeunes ça bloque aussi : a conduite des élevages de volailles y est peu enseignée. Les cahiers des charges de certaines productions sous label plafonnent aussi la taille des élevages. L’acceptabilité sociale des élevages  spécialisés de volaille est aussi un frein à l’agrandissement des élevages. L’élevage de volailles alors qualifié de “hors-sol” ou d’ “industriel” fait l’objet de contestation du voisinage. Finalement, la situation de la filière a des points communs avec la filière porcine : en porcs, on connaît bien ce processus qui a conduit à l’impossibilité de créer tout nouvel élevage de porcs, ce qui provoque la baisse de notre production porcine régionale. La volaille normande est menacée par la même pente du déclin.

Passer à l’échelon supérieur

La rentabilité pour l’éleveur de l’élevage de volailles de chair a connu une passe difficile entre 2001 et 2007. Depuis, les rentabilités au m² se sont rétablies. Cependant elles ne permettent pas d’espérer dégager un revenu avec un seul élevage de volailles standard, ou un seul bâtiment de volailles label. Il faut nécessairement passer à l’échelon supérieur.La production normande a des capacités de se développer en Normandie, nous avons des atouts pour cela : à commencer par la présence d’abattoirs et notamment de l’abattoir SNV à la Chapelle d’Andaine, qui appartient à LDC, le groupe leader en France. Cet abattoir collecte sur toute la Basse-Normandie. D’autres abattoirs de taille plus limités couvrent le reste du territoire. Nous n’avons pas les mêmes soucis que les éleveurs bretons qui travaillent pour Doux et Tilly-Sabco dont le modèle économique orienté vers l’export congelé est en difficulté. Un autre atout est l’existence d’une image qualitative des produits agricoles de Normandie qu’une partie de l’aviculture régionale peut utiliser et valoriser.La croissance de la production du poulet, cela se passe en ce moment, sauf en Normandie : ne refusons pas de monter dans le train, comme au XIXe siècle des villes ont refusé d’accueillir le train car polluant et bruyant !

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