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L’essentiel de 4 ans d’essais sur l’autonomie alimentaire en AB

Sur la plate-forme régionale d’essais en agriculture biologique “Reine Mathilde”, près de Villers-Bocage (14), 10 thématiques liées à l’autonomie alimentaire sont en démonstration ou en test. Un recueil très synthétique de 4 pages vient d’être publié pour présenter les principaux acquis de ces 4 années de travaux. Voici un focus sur 4 sujets : les légumineuses fourragères, le lupin, les associations céréales et protéagineux, et la chicorée.

Les autres sujets que vous retrouverez dans le recueil traitent de l’ensilage d’associations maïs + protéagineux, de l’ensilage de féverole + pois. Sont également traités les céréales des éleveurs au travers du triticale, du seigle et de l’épeautre. Et enfin : les plantes compagnes pour gérer le salissement du lupin, les résultats en féverole et en maïs fourrage.

Légumineuses fourragères : un damier pérenne de 170 croisements avec des graminées

4 années d’essai, avec conditions d’implantations difficiles pour les légumineuses (hiver 2011/2012 humide, pH = 5,8).Objectif : repérer les espèces et les variétés de légumineuses adaptées à la fauche en association avec des graminées.


L’essentiel

- Comportement remarquable du mélange trèfle violet + chicorée + trèfle blanc. 9 t MS/ha chaque année. Le plus régulier.

- La luzerne est toujours présente à la fin de la 3e année et ce ne sont pas les mêmes variétés qui sortent du lot chaque année : ASMARA et ARTEMIS sont remarquables. Conseil : un mélange de variétés sécuriserait la pérennité de la luzerne. 10 t MS/an récoltées sur les 4 cycles pour les meilleures associations en année 3, presque le double des années 1 et 2 (effet implantation difficile).

- Le trèfle violet CORVUS persiste comme variété remarquable, les autres ont disparu en 3e année. 10 t MS/ha en année 1 seulement pour les meilleures associations, en baisse par la suite.

- Les graminées qui se sont bien associées à la luzerne (avec des fluctuations sur les 3 ans) sont la fétuque élevée, le dactyle, la fétuque des prés.

- Graminées s’associant bien au trèfle violet : le ray-grass hybride souvent conseillé s’est révélé trop agressif en années 1 et 2. Nous avons constaté un bon accord avec la majorité des autres graminées, plus pérennes que le RGH.

- Fortes déceptions avec les lotiers et les sainfoins (absents malgré leur semis répété), avec le trèfle hybride (faible contribution au rendement) et le brome (faible pérennité).

 


Le lupin, une graine à 35 % de protéines en Normandie !

3 années d’essais en lupin d’hiver.2 années d’essais en lupin de printemps. Objectif : découvrir une graine peu connue en Normandie, très riche en protéines et concurrente du soja.

L’essentiel

- Le cycle long du lupin blanc d’hiver (11 mois) impose de privilégier les variétés peu sensibles aux maladies et de bien gérer le salissement. La variété à retenir, LUMEN, est plus résistante à la rouille et l’anthracnose que CLOVIS et ORUS. Bons rendements obtenus entre 34 et 40 q/ha.

- En lupin blanc de printemps, les variétés FEODORA et FORTUNA sont intéressantes du point de vue de la résistance aux maladies. AMIGA reste cependant la référence en rendement, 10 à 25 q/ha observés.

- Pour récolter du lupin plus tôt, miser sur le lupin bleu de printemps. ARABELLA se démarque (26 q/ha). Attention, PROBOR a l’inconvénient d’être dévoré par les lapins.

 

Les associations céréales + protéagineux d’hiver sécurisent le rendement grain

4 ans d’essais en microparcelles. Objectif : proposer des alternatives au mélange traditionnel triticale + avoine + pois fourrager, de manière à récolter un concentré plus riche en protéines.

L’essentiel

- La proportion de protéagineux varie d’une année à l’autre. Le fait d’associer une céréale et un protéagineux permet de sécuriser le rendement global.

- Pour les mélanges binaires, le semis de 60 % de la dose en pur de chaque espèce donne de bons résultats.

- L’association triticale + féverole est recommandable. Elle présente une hauteur et une maturité conjointe. Ce mélange se sème généralement en 2 passages, en semant la féverole plus profondément pour limiter les risques de gel. Résultats moyens obtenus : 41 q/ha et 17 % de protéines.

- L’association triticale + vesce est de même remarquable. La quantité de vesce récoltée diffère beaucoup d’une année sur l’autre (effets de la variété et du climat). La vesce RUBIS est particulièrement productive. Résultats moyens obtenus : 48 q/ha et 18 % de protéines. Cette association peut également être ensilée.

- L’épeautre est un tuteur fragile mais présentant l’avantage d’être peu acidogène : mieux vaut éviter de l’associer au pois fourrager ou à la vesce qui provoquent la verse. L’association épeautre + féverole est plus pertinente, car l’épeautre ne sert pas de tuteur.


Une fourragère à pâturer qui ne craint pas le sec, la chicorée

3 années d’essais de mélange multi-espèces et suivi d’exploitations. Objectif : tester la culture de la chicorée en Normandie.


L’essentiel

- La chicorée résiste à la sécheresse grâce à sa racine pivotante qui structure le sol.

- Sa dose de semis a été ajustée entre 1,5 et 2 kg/ha.

- A réserver sur les prairies à pâturer car son séchage est difficile.

- Son temps de repousse est rapide et elle peut vite monter à graine.

- Elle se conduit surtout en mélange multi-espèces pour ne pas la fertiliser et pallier sa pérennité courte de 2 ou 3 ans.

- Sa teneur en MAT (19 %) est variable selon la disponibilité en azote du sol.


Les pistes en cours d’exploration !

- De nouvelles combinaisons d’associations céréales + protéagineux à vocation grain sont expérimentées, notamment avec des céréales comme le seigle ou l’épeautre, ou encore des mélanges 100 % protéagineux à ensiler.

- Les semis de prairies sous couvert de cultures sont une voie intéressante pour gagner du temps sur leur implantation et couvrir le sol après une récolte précoce.

- L’ensilage de lupin (hiver ou printemps) est testé car la récolte en vert de cette plante en 2014 promettait 8-10 t MS/ha et 18 % de MAT !

- Le lupin jaune, annoncé comme plus précoce que le bleu et le blanc, permettrait de le récolter plus tôt.

La plate-forme d’essais bio du projet Reine Mathilde

Reine Mathilde est un projet multipartenarial destiné à renforcer la filière laitière bio en Basse-Normandie. Depuis 2010, le GAEC Guilbert à Tracy-Bocage (14), producteur de lait biologique accueille cette plate-forme. Les sujets d’étude sont centrés sur les cultures permettant l’autonomie alimentaire des élevages bovins laitiers. Avec 3 portes ouvertes par an, sur 4 années, la ferme a déjà reçu 1 600 visiteurs. Les partenaires des Chambres d’agriculture sur cette opération sont Agronat, Littoral Normand Conseil Elevage, le Groupement Régional d’Agriculture Biologique et l’Institut de l’Elevage.

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