Aller au contenu principal

A lire
L’histoire belge des paysans Normands

Entre les deux guerres, de nombreux belges sont venus s’installer en Normandie. Dans son livre “En quête de terre”, Sonia Ringoot recueille les témoignages de leurs descendants. Ils sont une cinquantaine à avoir ouvert leurs portes à l’auteure.

© DR

En 2008, Sonia Ringoot s’est interrogée sur l’origine de son nom. “Des deux côtés, j’ai des origines belges”. L’auteure est donc partie à la rencontre de ces Belges devenus Normands et Français et de leurs descendants. Ils ont d’abord livré un témoignage radiophonique, diffusé sur France Culture. Ce recueil a d’ailleurs obtenu le prix Pierre Schaeffer de la création sonore. Un livre accompagne désormais cette bande sonore. Les photographies des protagonistes y accompagnent leurs témoignages.

Une migration massive entre les deux guerres
“En quête de terre”, c’est l’histoire des Depestel, Vandenbroucke, Vandermersch. Ces noms à consonance belge sont aujourd’hui enracinés en Normandie. “Dès le XIXe siècle, de nombreux Belges flamands ont immigré en Normandie. Dans les années 20, ils reprennent les fermes à l’abandon d’une population paysanne décimée par la Grande guerre et s’installent avec leurs familles. De nombreux Belges exilés pendant la guerre font le choix de retourner ou de rester en France, dès 1919. L’occupation allemande a démantelé les usines. Sur la ligne de front, de nombreuses terres sont encore gorgées d’explosifs. Après la guerre, les belges n’ont pas retrouvé leurs terres ou leurs fermes. Les Flandres sont également des catholiques convaincus. Les familles de 10 ou 12 enfants ne sont pas rares”, explique l’ouvrage. De son côté, la France recherche de la main d’œuvre. 670 000 paysans ou ouvriers français ont été tués pendant la guerre. Les propriétaires normands recherchent des bailleurs. Les Belges jouissent d’une bonne réputation. Leurs compétences sont reconnues.  Le développement de la culture du lin et de la betterave en est l’emblème. Ces migrants contribuent au renouvellement agricole, en important de nouvelles méthodes : engrais, travail sur le choix des variétés. Ces Belges restent avant tout des cultivateurs, plus que des éleveurs.

Extraits
Christian Hoste (67 ans, Bourguébus, Calvados). Ses grands-parents sont arrivés dans le Calvados en 1926.
“Mon grand-père avait entendu dire qu’en Normandie, il y avait des fermes à louer, les propriétaires ne trouvaient pas de locataires pour reprendre les fermes en friches. C’était la crise agricole. Donc, un matin, il a pris le train à Lille avec son copain Quaghebeur. Ils sont descendus à Caen sans parler un mot de français. Il était à peu près 14 h 30 et ils ne savaient pas où aller. Sur le quai de la gare, ils se sont fait aborder par deux Français qui leur ont demandé s’ils étaient Flamands et s’ils cherchaient des fermes. Les propriétaires avaient entendu dire que les Belges remettaient  bien les fermes en état et qu’ils payaient bien. Ils sont donc partis chacun de leur côté visiter les fermes respectives des deux hommes, mon grand-père à Olendon et Quahebeur à Jort, quelques kilomètres plus loin. Ils ont fait affaire et se sont retrouvés le soir à Falaise”. 

Gérard Vandecandelaere :
“C’était intenable au début pour ceux qui repartaient en Belgique. Il y avait tellement de travail à boucher les trous et puis l’odeur était tellement nauséabonde… Des cadavres, des chevaux, tout ça… Ce n’était pas enterré et le pays a longtemps senti très mauvais”.

Norbert de Stoppeleire (64 ans/ Serans, Orne)
“Le grand-père ne voulait rien laisser au hasard et tout apporter, sans savoir si tout cela serait utile. Il y avait sept wagons rien que pour eux”.

Gérard Declerck (79 ans/ Condé-sur-Ifs, Calvados). Ses parents sont venus s’installer dans la région de Falaise en 1924.
“Quand il est arrivé en Normandie, son argent était dévalué. L’argent belge valait moins cher que le franc. Alors au début, il ne pouvait pas beaucoup investir. (…) Il cultivait des spécialités belges, comme le lin, la pomme de terre, la betterave à sucre. Il a commencé avec deux poulains qu’étaient même pas dressés. C’est ma mère qui les tenait à la bride. Les Français dirigeaient le cheval avec deux guides alors que les Belges n’avaient qu’un cordeau”.

Bernard Vandermersch (72 ans/ Falaise, Calvados).
“Dans les années cinquante, on rentrait doucement dans la mécanisation. En 1954, il a fondé une entreprise de défrichement pour le remembrement. Mon père voulait dégager les haies, voir l’horizon, anticiper la mécanisation. Les Belges étaient des laboureurs, des défricheurs”.

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout l'Agriculteur Normand.

Les plus lus

GAGNEZ 2 PLACES POUR LE MATCH SM CAEN - PARIS FC
Jeu concours pour aller encourager votre club normand au stade d'Ornano !
Deuxième en partant de la droite, Philippe Denis a reçu dans sa ferme un parterre de responsables, dont Arnaud Rousseau (deuxième en partant de la gauche).
Tuberculose : Arnaud Rousseau à l'écoute des éleveurs
À l'occasion de sa visite dans l'Orne, Arnaud Rousseau s'est rendu à Landigou, sur l'exploitation de Philippe Denis, dont le…
Valentine Amette, 22 ans, céréalière, s'est lancée dans son projet de meunerie. La Farine de Valentine est disponible à la boulangerie de Pont-d'Ouilly, de Fresné-la-Mère ou encore chez elle, à Bazoches-au-Houlme, les premiers lundis du mois, de 9 h à 12 h.
Valentine Amette, agricultrice au champ et au moulin
Nous l'avions rencontré en fin d'année dernière, alors qu'elle se présentait au concours Miss agricole 2024. Alors aux champs,…
Toutes les animations sont gratuites (sauf la restauration et le baptême en hélicoptère).
Des bonshommes de paille débarquent dans la Manche
À la veille des moissons, les Jeunes agriculteurs ont monté des bonshommes de paille un peu partout dans la Manche. Un bon moyen…
Cette baisse des volumes a été annoncée alors même que "nous sortons d'une période compliquée", dénonce Yohann Serreau, président de l'OPNC (570 producteurs, 422 ml de lait).
Lactalis confirme la baisse de ses volumes
À l'assemblée générale de l'OPNC (Organisation de Producteurs Normandie Centre), organisée à Sées, dans l'Orne, en juin 2024 et…
"Transmission-installation, que peut-on faire de plus ?" Tel était le thème de la table ronde à laquelle participaient Clotilde Eudier (vice-présidente de la Région Normandie), Emmanuel Hyest (président de la Safer de Normandie), Anne-Marie Denis (présidente de la FRSEA Normandie), Emmanuel Roch (président de JA Normandie), Guillaume Larchevêque (Chambre d'agriculture Normandie) et Bruno du Mesnildot (Propriété privée 50).
Safer et installation : faire plus grâce à une volonté commune
"Nous avons toute une génération de jeunes à installer. On doit et on peut certainement faire mieux sous condition d'une volonté…
Publicité