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A lire : « Ils croient que la nature est bonne » : pamphlet contre les duperies écologiques

« Ils croient que la nature est bonne. Écologie, agriculture, alimentation : pour arrêter de dire n'importe quoi et de croire n'importe qui ». Un pamphlet que l’on doit à Jean de Kervasdoué (1) et qui parait aujourd’hui aux Editions Robert Laffont.

« Nous rêvons d'une nature qui n'a jamais existé, nous sommes convaincus que la qualité des produits alimentaires se détériore et que l'agriculture s'acharne à détruire l'environnement et, avec lui, la santé des Français. Pourtant, l'espérance de vie des Français augmente encore, sauf quand on oublie de se faire vacciner, la qualité des produits alimentaires s'améliore, la famine régresse dans le monde, les surfaces boisées gagnent du terrain. Pourquoi alors ce fossé entre la réalité et sa perception ? », s’interroge Jean de Kervasdoué qui veut faire entendre raison contre les « duperies » écologiques. Morceaux choisis.

>> Agriculteurs

« En 1945, les agriculteurs représentaient 40 % de la population active française. Autrement dit , un ménage d’agriculteurs nourrissait moins de 2 autres ménages. En outre, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, les Français avaient eu faim et, quand ils en avaient la possibilité, s’étaient rendus à la ferme pour acheter ce que l’on pouvait ou voulait bien leur vendre, le marché noir étant alors une activité aussi lucrative que risquée. Ils connaissaient donc le travail de la terre, sa difficulté, ses incertitudes et avaient pour les agriculteurs un profond respect.70 ans plus tard, les agriculteurs représentent 3% de la population active. Les urbains ignorent les contraintes de leurs métiers qui, si elles sont allégées grâce aux tracteurs, aux pesticides, aux vaccins, aux antibiotiques, aux engrais, à l’informatique (...), demeurent considérables ».

>> Cancer

« Si en France, le pourcentage de gens qui meurent de cancer augmente effectivement, le nombre de gens qui meurent de cancer diminue de plus en plus vite. Or, c’est bien le nombre qui compte et pas le pourcentage. En effet, d’une part, les thérapeutiques sont de plus en plus efficaces et, d’autre part, il n’y a pas d’épidémie de cancer en France. Dans l’ensemble, les nombres de cancer n’augmentent que par l’effet démographique de l’accroissement et du vieillissement de la population. La principale exception est le cancer du poumon chez la femme ».

>> Catastrophes naturelles

« C’est du seul fait de la croissance de la population mondiale et de l’urbanisation anarchique de nombreux pays que les catastrophes naturelles s’accroissent même quand les phénomènes naturels régressent ou sont stables. Aussi, quand les télévisions transmettent ces terribles images, le sentiment d’insécurité augmente et chacun est persuadé que les phénomènes naturels n’ont jamais été aussi dévastateurs ».

>> Céréales

« Le Club de Rome s’est trompé en sous-estimant la croissance continue de la production agricole alors qu’il affirmait que le rendement serait décroissant (...). En réalité, les rendements des grandes cultures croissent toujours et avec eux la production agricole mondiale. En 2015, ont été produites 2,5 milliards de tonnes de céréales soit plus de 300 kg par habitant de la planète.En 50 ans, alors que la population mondiale a été multipliée par 2,3, la production en calories des céréales majeures a été multipliée par 3,6 ».

>> Climat

« Le climat évolue mais ce n’est pas encore le cas des crues dont les plus importantes enregistrées l’ont été au XIXe siècle, bien avant donc le réchauffement climatique ».

>> Consommateur

« Pour les magazines, tout se passe comme si la population française pouvait se nourrir de produits bio, de lait de soja, de viandes labellisées, de fruits frais et de fromages affinés et que l’argent en la matière ne comptait pas. Pourtant, il ne faut jamais avoir fait les courses pour croire qu’il est possible de n’acheter, pour une famille ayant un revenu moyen, que des poulets élevés en plein air, des légumes bio ou des produits locaux. Le prix compte : tout le monde ne peut pas s’offrir quotidiennement ces aliments qui de fait sont de luxe, parfois meilleur au goût, pas toujours ».

>> Eau

« On peut affirmer avec certitude, grâce à la datation de coraux de l’île de Tahiti, que le rythme de montée des eaux s’est grandement ralenti depuis quelques millénaires au point d’être quasiment stagnant. Il y a 18 000 ans, le niveau de la mer était de 120 m au-dessous du niveau actuel. La mer s’est alors mise à monter de 15 mm par an entre -16 000 et -14 000, puis ce phénomène s’est encore accéléré à la fin de cette période pour atteindre 40 à 50 mm par an en quelques siècles. Plus tard, le rythme s’est atténué pour quasiment s’arrêter. Ainsi, depuis 6 000 ans, la montée des eaux marines est très faible : de l’ordre de 1 mm par an ».

>> Ecologie

« En matière d’écologie, la confusion entre une discipline scientifique et un mouvement politique qui porte le même nom, se référant au même qualitatif, continue de faire des ravages. A l’instar des marxistes qui se disaient scientifiques, les écologistes politiques cherchent à bénéficier de l’image et de la rigueur des chercheurs pour donner de la force à leur idéologie. La lutte médiatique n’est pas égale car si les écologues, scientifiques de l’écologie, publient le plus souvent en anglais des articles austères pour une audience limitée ayant en horreur la généralisation hâtive et les vérités approximatives, les écologistes politiques, aux nombreux relais médiatiques, font flèche de tout bois pour couvrir l’espace public où ils déversent leurs interprétations des choses de la nature comme de la nature des choses. Leur angle est malthusien, anticapitaliste et libertaire. Si les écologues cherchent; les écologistes ont déjà trouvé ».

>> Engrais et pesticides

« En France, par quantité produite, l’agriculture utilise de moins en moins d’engrais et de pesticides. En test à l’aveugle, les nouvelles variétés de fruits et légumes sont jugées meilleures au goût que les plus anciennes même si l’on trouve sur les marchés des fruits insipides, il est vrai beaucoup moins onéreux ».

>> Espace

« Oui il y a des espaces à conserver, pas nécessairement parce qu’ils sont naturels (il n’y a rien de plus artificiel qu’une futaie de hêtres qui doit son existence aux travaux attentifs de forestiers durant des décennies, mais parce qu’ils sont à la fois beaux et fragiles ».

>> Espérance de vie

« Malgré la forte pollution de ses grandes villes, entre 2008 et 2015, l’espérance de vie en Chine est passée de 73,18 ans à 75,41 ans soit l’espérance de vie des Français en 1986, époque où ils s’estimaient déjà en excellente santé. En 2016, 4,5 années seulement séparent l’espérance de vis des Chinois de celle des Américains (79,68 ans) alors qu’en 1960, cette différence était de 26 ans. Certes, 100 % des Américains, des Chinois et des Français continuent de mourir et ont raison de se réoccuper de cette fatale certitude mais plus d’un quart de siècle de vie en plus semble un bienfait évident ».

>> Nature

« Le désir de vert est frustré, même chez de nombreux ruraux. Peu importe alors que la France dispose de 3 fois plus de surfaces boisées qu’il y a 2 siècles, que les sangliers soient 4 fois plus nombreux qu’il y a 20 ans (2 millions) et que les loups dévorent dans le Grand Sud est leur ration d’agneaux. Si l’on ne retrouve plus les traces de l’enfance, on en déduit que la nature est à l’évidence en danger ».

>> Niche

« Toute l’agriculture française ne peut pas se consacrer aux marchés de niche même s’il est souhaitable de produire de la valeur ajoutée, notamment pour l’exportation ».

>> Pouvoir d’achat

« Alors que la qualité et la variété des produits augmentaient, la part de l’alimentation dans le revenu n’a cessé de baisser, donnant à tous du pouvoir d’achat pour notamment payer les abonnements à internet et la note croissante d’électricité qui financent les énergies dites nouvelles, sinon renouvelables ».

 


(1) : Jean de Kervasdoué est économiste de la santé, professeur émérite au CNAM. Il a été le directeur des hôpitaux au Ministère de la Santé (1981-1986). Ingénieur agronome, ingénieur en chef des Ponts et des Forêts, il a été le premier conseiller agricole de Pierre Mauroy (1981). Il a déjà publié « Les Prêcheurs de l'apocalypse » chez Plon et « Ils ont perdu la raison » chez Robert Laffont. Il est membre de l'Académie des technologies.

Les mots vertueux du «bien»...

Ecologie, environnement, éolien, lanceur d’alerte, santé (...) et leurs qualificatifs positifs : vert, naturel, durable, circulaire, biodynamique, biologique, photovoltaïque, recyclé, économe, local, associatif, décentralisé (...).


... et les mots caca du «mal»

Charbon, pesticides, OGM, nucléaire, pollution, croissance, climato-sceptique (...) et leurs qualificatifs négatifs : polluant, dangereux, intensif, capitaliste, industriel, cancérigène, corrompu (...).


Entre les deux, les mots «progrès» et « scientifique » font le va-et-vient selon qu’ils servent dans l’argumentation du « bien » ou du « mal ».

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