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Lait
Livraisons laitières : freiner en douceur

La campagne laitière s’annonce complètement inversée par rapport à l’année dernière : les livraisons sont très en avance mais les autorisations de dépassement s’annoncent faibles.

A six mois de la fin de la campagne, il est temps de faire un point et éventuellement d’agir.

Des allocations de fin de campagne sans doute modestes
Après une campagne 2007-08 atypique, avec une autorisation de dépassement importante et des livraisons records, on risque de retrouver une campagne plus traditionnelle pour 2008-09.
Les règles des quotas évoluent un peu. Une augmentation européenne des quotas de 2,5 % est accordée. De plus, le Ministère de l’agriculture accorde un remboursement de 2 % sur le dépassement de fin de campagne. On peut donc produire 102 % de son quota sans pénalité voire plus selon les possibilités des laiteries...
Les collectes des laiteries sont en avance par rapport aux années précédentes d’environ 4,5 % au niveau national, comme au niveau normand. Dans certaines laiteries on atteint même plus de 6 % !
Les réalités des laiteries (marchés en baisse de 2 % et prix de vente des produits très en dessous de l’année dernière) incitent ces dernières à ne proposer des allocations provisoires que faibles 2,5 à 4 %. Il semble fort qu’on en restera là. La politique économique et politique étant très fluctuante, il convient toutefois de rester à l’écoute et de garder des marges de manœuvre.

Une capacité de production importante
Le nombre de vaches en production demeure important. La capacité à produire est là. Les fourrages semblent de qualités correctes, même si dans certaines régions les semis des maïs ont été très tardifs. La récolte sera retardée et certains soucis de jonction des stocks sont à craindre.
La FCO est arrivée. Le nombre de cas est important, mais les effets sur la production laitière ne sont pas très spectaculaires. Beaucoup d’élevages ont pu vacciner à temps.
A l’échelle individuelle, on constate des situations hétérogènes chez les producteurs. Souvent les éleveurs qui ont fortement augmenté leurs effectifs en fin de campagne dernière, ne les ont pas revus à la baisse. L’espoir d’une autre année à forte allocation supplémentaire, la crainte d’effets négatifs de la FCO sur la production et un prix correct sur les premiers trimestres de l’année, les ont encouragés dans cette voie.
Il paraît maintenant déraisonnable de continuer sur ces bases. Dans bien des élevages, si on prolonge la courbe de production actuelle sans l’infléchir, on arrive à 20 % de prévision de dépassement. Cela ne correspond pas au droit à produire attendu.
On peut déplorer que certains éleveurs qui n’ont pas réussi à réaliser leur rallonge l’année dernière semblent se rattraper cette année. Il serait très regrettable qu’ils ajoutent à la déception de ne pas avoir maximisé leur production l’année dernière, celle d’être pénalisés pour dépassement cette année.

Freiner en douceur
Après 6 mois de campagne laitière avec une production importante, il est préférable d’amorcer en douceur la décélération. Plus on réduit l’effectif tôt en saison, moins le nombre d’animaux à réformer est important et plus on est capable de réagir en cas d’inversement de conjoncture.
Pour réduire un dépassement prévisible de 20 000 litres dans un élevage à 7 500 kg de niveau de production, avec des vêlages d’automne, il faut réduire l’effectif de 4 vaches si on le réalise 6 mois avant la fin de la campagne. Si on attend 4 mois du terme, il faudrait en réformer 6 ou 7. Si on attend 2 mois du terme, il faudrait en réformer 10 ! L’éleveur qui réformerait trop en fin de campagne pour respecter son quota a de fortes chances de ne pas réussir à réaliser son quota l’année suivante. Un effet “yo-yo” est inévitable si on pilote sa production trop tardivement.

Ne pas attendre pour réagir
Les solutions possibles pour freiner en douceur sont multiples. Si on les active dès à présents, on peut le faire de façon modérée, elles seront parfaitement réversibles en cas de changement de conjoncture et sans effet pour la campagne suivante.

Réaliser une simulation quota
Faites un point dès à présent avec votre technicien de contrôle laitier sur votre situation. L’objectif de ce point est de répondre aux questions suivantes : Quelle est la quantité de lait qu’il me reste à livrer ? Votre laiterie a déjà tenu compte dans votre droit à produire des 2,5 % européen. Vous pouvez ajouter les 2 % nationaux et les 2 ou 4 % de votre laiterie. Quelle est la production prévisible de votre troupeau sur les 6 prochains mois ? Est-ce que ces deux quantités coïncident avec une sécurité de 6 à 7 % ? Le risque de dépassement est-il faible ou fort ?
Les solutions envisageables sont à mobiliser au cas par cas en tenant compte des spécificités de votre exploitation et de vos objectifs. Certaines sont tout de même à privilégier.
Au cours de l’hiver en fonction des performances de votre élevage et de l’évolution de la conjoncture, il faudra actualiser ces prévisions et ajuster les mesures.

Eliminer les vaches à cellules
La vente de vaches en lait ou amouillantes est possible, mais l’offre risque d’être supérieure à la demande. Les premiers à mettre des animaux sur le marché auront plus de chance de trouver des acquéreurs. Ceux-ci seront d’autant plus prêts à payer correctement un animal que celui-ci leur produira une quantité importante de lait sur la campagne, donc que la transaction a lieu le plus tôt possible.
Lorsqu’on regarde la situation cellulaire moyenne des troupeaux, elle s’est souvent dégradée. Il paraît évident que les premiers animaux à éliminer sont les vaches infectées, pour baisser le niveau cellulaire du lait livré et ne pas infecter le reste du troupeau. Il est indispensable que ces animaux soient sortis du troupeau avant la rentrée des vaches en bâtiment. Il aurait aussi été préférable de les éliminer avant le vêlage des génisses.

Produire économe
La réalisation du quota paraissant assurée, il paraît plus logique de chercher à le faire de la façon la plus économe possible. La concentration azotée de la ration distribuée après vêlage modifie la forme de la courbe de lactation. On peut en baissant cette concentration, abaisser le pic de production et allonger la persistance de lactation. Comme l’ont illustré les travaux réalisés à la ferme expérimentale de Trinotières, dans la limite de 90 à 95 PDI/UFL, on cumule un effet positif du point de vue économique et du point de vue sanitaire sans pénaliser les autres performances des vaches laitières, au-delà un effet négatif sur l’état d’engraissement des vaches est à craindre (tableau 1).
Une autre stratégie peut être de laisser la concentration à 100 PDIE/UFL mais d'augmenter la valeur UEL de la ration (en remplaçant une partie du maïs par un fourrage moins riche et plus encombrant) : les vaches vont consommer moins de ration mais garder une bonne valorisation de la ration (énergie et azote) en restant à 100 PDIE/UFL, baisser en lait sans baisser de TP (voir au contraire). On va économiser des concentrés et également du maïs ensilage (en le remplaçant en partie par du foin, paille, enrubanné).

Du lait doux aux veaux en quantité maîtrisée
La valorisation du lait doux pour allaiter les veaux permet aussi de réduire la quantité de lait à livrer. Cette solution ne peut s’envisager qu’à condition d’avoir déjà éliminé les vaches à cellules, de respecter strictement des règles de distribution et de maîtriser parfaitement les quantités. Sinon, on prend des risques du point de vue de la santé des veaux et surtout elle n’est pas économiquement intéressante. Attention aussi aux aspects pratiques, afin de ne pas surcharger le travail. On peut suivre les plans d’allaitement indiqués dans le tableau 2 ou adopter la distribution de lait yogourt.

Traire une fois par jour
Il est trop tôt pour envisager de traire une fois par jour. D’autres solutions sont à privilégier avant. Il paraît aussi préférable de laisser passer la saison des vêlages avant de changer le rythme de traite. En fin de campagne cette solution peut s’envisager à condition de partir d’une situation cellulaire saine. Les essais montrent une dégradation de la qualité du lait (tableau 3). Du point de vue économique, il faut prendre en compte le fait qu’il n’y a pas réduction proportionnelle de l’ingestion selon la diminution de production. Les charges opérationnelles ramenées au litre de lait s’en trouvent donc accrues.

Agir vite
Si on réagit 6 mois avant le terme de la campagne, ces mesurent suffisent. Si on attend, les solutions sont plus brutales. Soit on réforme beaucoup d’animaux. Soit on modifie de façon importante la ration. On n’est pas certains que passé le mois de mars, les animaux retrouveront un niveau de production satisfaisant.
La conjoncture et fluctuante. Les règles du jeu ne sont pas définitivement établies. N’attendez pas d’avoir fini vos ensilages pour faire le point sur votre production ! Mais revoyez votre position régulièrement au cours de l’hiver.

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