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Xavier Beulin, premier vice-président de la FNSEA
L’organisation économique au cœur du prochain congrès de la FNSEA

“Plus que jamais c’est le marché et donc la valorisation des produits qui fera le revenu”, explique Xavier Beulin, premier vice-président de la FNSEA.

Xavier Beulin, ici aux côtés de Bertin George (trésorier de la FDSEA du Calvados) : “ nous suggérons que par la voie interprofessionnelle, les producteurs d’une part, les entreprises coopératives et privées d’autre part, soient en capacité d’impulser une dynamique à la filière”.
Xavier Beulin, ici aux côtés de Bertin George (trésorier de la FDSEA du Calvados) : “ nous suggérons que par la voie interprofessionnelle, les producteurs d’une part, les entreprises coopératives et privées d’autre part, soient en capacité d’impulser une dynamique à la filière”.
© TG
Avec ce rapport, la FNSEA ne s’aventure-t-elle pas dans un domaine jusqu’alors réservé aux syndicats spécialisés ou aux organisations économiques ?
C’est la mission de la FNSEA de s’intéresser à l’efficacité économique, en particulier au regard de deux grandes questions : la première concerne notre environnement politique, réglementaire, législatif ; avec l’ouverture des marchés, l’évolution de la PAC, le cadre législatif avec la future loi de modernisation économique, on s’oriente vers un système de plus en plus ouvert et libéral. La seconde, encore plus fondamentale, est liée à un système très concentré de distribution, placé entre les mains de cinq centrales d’achat. Aujourd’hui, celles-ci représentent 85 % de la commercialisation des principaux produits alimentaires. En face, on observe un système de transformation et de mise en marché de nos produits très atomisé. On relève près de dix mille intervenants dont une grande majorité de PME, PMI, voire de TPE, sur le marché de la transformation et de la valorisation de nos produits. Ces deux points justifient la nécessité pour la FNSEA de porter la réflexion sur l’organisation économique, en particulier, sur le rôle que pourraient jouer les producteurs agricoles face à ce marché qui s’ouvre et cette concentration de la distribution.

Vous dressez un bilan assez sévère concernant la nécessaire restructuration des outils économiques ?
Qu’il s’agisse des organisations de producteurs, de coopératives ou des industries agroalimentaires, ce constat est lucide par rapport à notre environnement européen, surtout au regard d’un système hyper concentré des pays du nord de l’Europe. L’idée n’est pas de tendre vers un modèle unique d’organisation avec une seule coopérative par filière mais de retrouver une performance économique dans l’aval de la filière, à travers des schémas initiés par des stratégies d’alliance ou de restructuration.
Ce rapport ne concerne pas exclusivement les grandes filières ou filières longues, il s’adresse aussi aux filières plus courtes. Pour ces dernières, la relation de proximité avec le consommateur est déterminante. L’agriculteur a intérêt à appartenir à un réseau, produire sous signe de qualité avec un cahier des charges ou encore s’inscrire dans une démarche labellisée… Que ce soit pour les AOC, les labels, les produits fermiers, les produits bio, le besoin d’organisation est important. Car c’est aussi gérer des marques, des cahiers des charges, des normes, une clientèle, ce qui suppose une mise en commun de moyens.

Pourquoi un renforcement des politiques interprofessionnelles ?

Nous suggérons que par la voie interprofessionnelle, les producteurs d’une part, les entreprises coopératives et privées d’autre part, soient en capacité d’impulser une dynamique à la filière. Demain, par exemple, la disparition des quotas laitiers impliquera une forme de contractualisation entre la production, la collecte et la transformation. Ce sont des pistes à étudier au niveau interprofessionnel. De même, les dispositifs de gestion de crise, de gestion des risques, d’observatoire économique ne seront envisageables que si nous disposons d’une certaine dimension. Avant l’échelle européenne, visons le plan national et essayons d’être plus efficaces dans les domaines interprofessionnels.

En quoi ce rapport apporte-t-il des réponses à l’évolution du métier d’agriculteur ?
Globalement, depuis quinze ou vingt ans, la valeur ajoutée se fait de plus en plus sur le produit fini. Il est important qu’une part de cette valeur ajoutée revienne au producteur. C’est la question de la fonction et de la place des producteurs agricoles qui est posée à travers ce rapport. A-t-on envie d’aller plus loin et comment ? C’est-à-dire être plus co-acteurs dans nos filières que nous ne le sommes aujourd’hui, donc passer d’un état de producteur livreur à celui de producteur co-acteur de sa filière.
L’occasion aussi de s’interroger sur la part que peut prendre le producteur agricole, pas simplement à travers sa coopérative, mais à travers la filiale de la coopérative ou tel ou tel schéma interprofessionnel afin de participer à l’investisse-ment collectif dans les filières. Le retour de la valeur ajoutée sur la matière première agricole est un objectif primordial.

Vous parlez d’une préférence communautaire rénovée ?
On peut accepter le principe de doter la France et l’Europe d’un certain nombre d’exigences en matière de cahier des charges de production, de normes particulières, de réglementation par rapport à l’environnement, à la santé, à biodiversité… Encore faut-il s’assurer que ce que l’on impose aux producteurs et aux filières européennes fasse aussi partie des normes qui régissent l’accès au marché européen des importations pays tiers. Or, aujourd’hui, ce n’est pas vraiment le cas.
L’autre aspect est lié au rôle régalien de la politique agricole européenne. La Commission européenne propose, dans le cadre du bilan de santé de la PAC et surtout pour l’après 2010-2011, que le marché soit l’unique indicateur pour réguler la production agricole. Où est la préférence communautaire ? Aujourd’hui, la PAC joue encore un rôle d’amortisseur pour certaines productions ou de régulateur pour d’autres. Si demain seul le marché fait l’arbitrage, on sait ce que va devenir l’agriculture européenne !

Vous placez l’émergence du marché comme figure centrale de la PAC ?
N’oublions pas que c’est quand même la demande et le marché qui pilotent une grande partie de nos productions. Il n’est pas question d’opposer les producteurs installés sur des créneaux de niches ciblées qui demandent non seulement une organisation mais aussi des moyens de régulation, à ceux des grands marchés d’exportation de type céréales ou viande… Ce qui va faire la pertinence de l’organisation économique, c’est la capacité de jouer la compétitivité et donc de gagner en performance en matière de production, de transformation et de mise en marché… Des stratégies collectives et organisées avec des droits et devoirs s’imposent donc.
Produire plus et produire mieux
Le rapport d’orientation du 62e congrès de la FNSEA, intitulé “le choix de l’organisation économique”, aborde les réalités qui s’imposent et les opportunités pour l’agriculture : “des contraintes qui tiennent à la dérégulation des marchés et à leur force aveugle, au désengagement des politiques publiques, ainsi qu’à la pression environnementale ; les opportunités sont ouvertes par la croissance et les marchés à conquérir”. Ce rapport fait appel à la responsabilité des producteurs. “Nous devons à l’avenir compter davantage sur nos propres forces, sur notre organisation et sur celles de nos filières, si nous voulons relever le défi qui attend l’agriculture et qui lui redonne une réelle perspective d’attractivité : produire plus et produire mieux”.
Ce rapport sera présenté par Xavier Beulin, le mercredi 2 avril après-midi, lors du congrès à Nantes. La FNSEA a demandé à Philippe Mangin, président de Coop de France et Philippe Buisson, président de l’Association nationale des industries alimentaires (ANIA) de participer à ces débats.
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