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A Mannheim : Cagny fait de la résistance face à Südzucker

llll Depuis 2001, une « sweet love » se joue entre la France et l'Allemagne, quand le groupe Südzucker rachète Saint-Louis Sucre. L'histoire tourne mal quand le 14 février 2019, Südzucker plaque Saint-Louis Sucre à Cagny et Eppeville. Depuis, la saga de la betterave sucrière avance, de la Normandie jusqu'aux rives du Rhin.

- Jeudi 14 févier. Saint-Louis Sucre, filiale du groupe allemand Südzucker, annonce la fermeture des sucreries de Cagny (Calvados) et Eppeville (Somme) en 2020. L'entreprise allemande choisit de maintenir quelques salariés en Normandie pour gérer une activité de stockage, empêchant ainsi sa reprise.
- Vendredi 22 février. 400 manifestants, planteurs de betteraves en tête mais aussi employés en CDI ou CDD de la sucrerie, prestataires de services (entrepreneurs de travaux agricoles, distributeurs de matériels betteraviers...), sous-traitants et élus (locaux, départementaux, régionaux) manifestent sur le tarmac de la sucrerie normande pour dire « non » à la fermeture d'un outil compétitif.
- Vendredi 1er mars. Autant de personnes se réunissent à Eppeville et affichent leur volonté à sauver l'outil.
- Mardi 5 mars. Les députés Sébastien Leclerc, Julien Dives et Laurence Dumont interpellent le gouvernement à l'Assemblée nationale. Ils demandent des mesures concrètes et à l'État de prendre ses responsabilités.
- Jeudi 7 mars. Le ministre de l'Agriculture invite les parlementaires et exécutifs départementaux et régionaux. Didier Guillaume est absent mais la réunion a lieu avec son directeur de cabinet et ses collaborateurs. S'ensuit, quelques jours plus tard, un courrier. Les députés Sébastien Leclerc, Laurence Dumont et Julien Dive, les présidents de Régions Xavier Bertrand et Hervé Morin, le président du Calvados Jean-Léonce Dupont ainsi que les sénateurs Pascal Allizard, Sonia de la Prôvoté, Corinne Feret, Jérôme Bignon et Daniel Dubois, y posent des questions pour le Bruno Le Maire : « Quel est l'impact de la restructuration en Allemagne et en Pologne au regard des fermetures des sites industriels en France ? Quel est le taux de rentabilité exigé par le groupe Südzucker pour les sites industriels français ? Est-ce que la diversification (bioéthanol) a été envisagée sur ces sites par le groupe Südzucker? Est-ce que le groupe Südzucker envisage de racheter le 3e groupe sucrier allemand ? Le reclassement que nous estimons impossible des salariés du site d'Eppeville vers Roye, et de Cagny vers Etrépagny, pour des raisons évidentes de maintien de la compétitivité, rendrait obligatoire la mise en place d'un PSE ? Y a-t-il accord sur ce point ? Il est inimaginable pour nous que les sommes touchées par le Groupe Südzucker, au titre de la Compétitivité et l'Emploi, ne soient pas mobilisées pour la revitalisation des sites industriels si la décision du groupe Südzucker était définitive ? »
- Vendredi 8 mars. Agra Presse rapporte les paroles du ministre de l'Agriculture : « nous allons demander des comptes au président de Südzucker (...) Face à la loi du marché, nous allons répondre par une attitude politique forte du gouvernement (...) Nous ne laisserons pas démanteler la filière sucrière et betteravière française », a déclaré le 5 mars Didier Guillaume en réponse aux questions de plusieurs députés devant l'Assemblée nationale. « Il est absolument inacceptable que cette situation se passe (...) de façon tellement unilatérale, sans prendre en compte la situation agricole, économique », a déclaré le ministre, évoquant la « stratégie d'une entreprise allemande qui va mettre à mal toute une filière sucrière et betteravière ». « La semaine prochaine avec Bruno Le Maire, nous recevons le P.-D.G. de l'entreprise allemande Südzucker, afin de voir ce qu'il en est », a ajouté le ministre.
- Lundi 11 mars. Quinze députés et sénateurs bas-normands signent un communiqué de presse : « conscients de l'importance cruciale de ce dossier, nous nous sommes fortement impliqués aux côtés des élus locaux, des responsables de l'administration, des salariés et des agriculteurs pour défendre l'avenir économique, industriel et agricole de la Normandie. Nous avons oeuvré directement sur le terrain pour sauver cette usine mais aussi auprès des services de l'État. Monsieur le ministre de l'Agriculture recevra de nombreux interlocuteurs du dossier dès cette semaine. La semaine prochaine, Monsieur le ministre de l'Économie et des finances s'entretiendra avec les représentants de la société Südzucker et ce, alors même qu'un déplacement est prévu à Mannheim, siège de l'entreprise le 12 mars 2019. Nous nous opposerons de toutes nos forces à la décision de supprimer le site de Cagny voulue par la société Südzucker ».

Lundi 11 mars
Une délégation de 150 planteurs, salariés et élus politiques se rend devant le siège de Südzucker, à Mannhein.
22 h10. Départ du bus de Moult. Benoit Carton (directeur du CSOB): « sur place, Wolfgang Heer (directeur du comité exécutif) et Thomas Kirchberg (directeur agricole betteraves pour l'ensemble du groupe)seront présents. Nous sommes venus à Mannheim en 2004, contre le diviseur de 5 %. Le problème était réglé en trois jours. La, les choses sont allées très vite depuis le 14 février. Le dossier est sur le bureau de Didier Guillaume et Bruno Le Maire, ils reçoivent le président de Südzucker et une personne du comité exécutif le 13 mars. Un second rendez-vous est prévu à Strasbourg avec le président de Südzucker, le comité exécutif et le président de la CGB. Fin mars, nous espérons être dans la 3e ou 4e phase.» Benoit Carton rappelle les quartes phases. 1 :
- qu'ils nous expliquent et justifient leur position économique et stratégique. Nous sommes sûrs que cagny est rentable.
- leur faire changer d'avis mais ca va être très difficile, ils déroulent le rouleau compresseur depuis février.
- leur faire changer leur position pour qu'ils soient vendeur.
« Nous allons à Mannhein pour leur faire changer d'avis sur Cagny. La Somme n'a pas la même problématique car des bassins de production peuvent accueillir les planteurs. Dans le Calvados, l'Eure et l'Orne, beaucoup de planteurs seront condamnés.»
Le bus a roulé toute la nuit, lumières éteintes à 23 h. Une pause toutes les deux heures.

Mardi 12 mars
8 h 30. Arrivée devant Südzucker pour la Normandie. La délégation est composée d'une centaine de planteurs livrant à Cagny,30 salariés de la sucrerie et d'élus comme Laurence Dumont députée. Une tente pour le café et des toilettes ont été montées. La manifestation est déclarée, la police allemande nous attend.
9 h 45. Arrivée de la délégation de la Somme armée de panneaux rédigés en allemand.
10 h 00. Loïc Touzé, (délégué syndical FO des salariés de Cagny et central de SLS) doit rencontrer Heer et kirchberg avec 6 personnes. Il fait le point en amont : « nous voulons leur faire comprendre que leur projet ne tient pas la route. Il vaudrait mieux lisser la baisse sur toutes les usines, moins 10%, au lieu de sacrifier deux usines en France deux en Allemagne et une en Pologne. S'ils ne veulent pas de notre plan B, qu'ils laissent les planteurs racheter la sucrerie.» Une délégation commune salariés/planteurs devait être organisée mais la salle n'est soit-disant pas assez grande.
10 h 30. La délégation des salariés est reçue
11 h. Les présidents CGB prennent la parole. Patrick Dechaufour : « vous êtes près de 200 ! Vous êtes attachés à vos usines, un grand merci à toutes et tous. Mention spéciale pour Cagny, qui passe deux nuits dans le bus, vous faites beaucoup de sacrifices. Tout ne va pas se décider ce matin mais nous avons des messages à faire passer. Les choses commencent à bouger.  Des rendez-vous sont prévus. Votre présence ici prouve que vous y croyez. »
« Nous sommes au début du dossier. Aujourd'hui, c'est symbolique. Je suis venu il y a 11 ans, quand Sudzucker voulait sucrer les quotas. Ce n'est pas le même cas de figure mais nous nous sommes mobilisés. On a joué le jeu, ça suffit. On veut maintenir les bassins de production pour les planteurs et les salariés.  On se devait de faire le déplacement. La CGB est là» enchaine son collègue de la Somme
Et Alexandre Quillet (CGB 27) de poursuivre : « je suis heureux de voir les élus ici. Ils croient en la réalité économique des usines. Nous avons l'expertise de la CGB.»
L'occasion pour Franck Sander de souligner «l'unité autour de notre cause (planteurs salariés élus syndicats). Nous sommes sur les meilleurs bassins betteraviers en France. Les outils ont tourné plus de 120 jours. La décision de Sudzucker est prise sans concertation, on ne partage pas leur vision du marché. Nous sommes là pour expliquer la notre. Sur dix années, il y en trois difficiles. On va les passer.  Il faut arrêter de flouer salariés et planteurs. On doit rassurer les industriels. Cette décision, laisser quelques personnes pour que nous ne fassions pas de valeur ajoutée, est lache.  S'ils veulent partir, ok mais quittez le pays.  Il y a un avenir pour la filière betteravière française (applaudissements). On a beaucoup travaillé au Sia,. Le président de la République a répondu à nos attentes. Trois ministres (MM. Guillaume, Le Maire et Penicaud) ont décidé de convoquer Sudzucker. Une unité politique créée en moins de 15 jours avec le CR, le CD les locaux et le gouvernement. Les français, on sait faire. Nous ne sommes pas moins bons que nos voisins. Faut pas s'attendre à des résultats aujourd'hui.  Le 22 mars, on entre en discussions à Strasbourg. On y croit !»
12 h 25. Sortie de la délégation des salariés. Loïc Touzé : « nous sommes restés deux heures. Le PDG a parlé en préambule pendant quinze minutes.  J'ai lu la déclaration que nous avions entre les trois sites (Cagny, Eppeville et Marseille) qui aborde une quinzaine de points. Tout à été traduit. Le PDG à répondu aux quinze points en maintenant sa position. Il faut faire moins 700 000 t. En France, on produit 6 millions de t pour 3 millions de consommation. Il fait retirer des capacités de production. Travailler sur 24 usines au lieu de 29 pour baisser les coûts de production. Quant à la reprise des sites, ils répondent qu'ils veulent baisser la production de sucre. Ils gardent un site de stockage à Cagny. Donc, c'est hors de question. Ils n'ont rien lâché. Même sur le site de Marseille, ils sont restés ambigus pour la campagne 2019. Le 19 mars, un comité dialogue social doit se tenir à Bruxelles, le sujet sera abordé.»
12 h 30. Entrée de la délégation. planteurs/élus.
12 h 50. On entonne la Marseillaise et le Chant des partisans.
14.15. La délégation des planteurs et élus sort du siège après 1h30 de rencontre. Franck Sander : « nous avons exposé notre vision, ce qu'on attendait. Leur objectif n'a pas fonctionné. Ils ont besoin de se justifier pour faire peur. On a du vécu, on est pas tombé dans le panneau, celui de croire qu'il n'y a plus d'avenir dans la betterave française. La discussion était dire. On et reste sur nos positions, eux aussi.
Notre dossier est défendu par la France, faut être unis, faut y croire. La porte n'est pas fermée. La rencontre du 22/03 est maintenue. Il faut se poser les questions des moyens qu'on se donne et ne pas nous laisser abattre.» Laurence Dumont : « la balle est dans le camp du gouvernement. Nous leur avons fait comprendre que nous ne sommes pas convaincus par leur justification financière. Nous devons sortir de ce cynisme.» Patrick Dechauffour : « ils ont compris que leur plan ne se passera pas aussi facilement. C'est une satisfaction, ils ont compris notre détermination. La porte n'est pas fermée, il ne fallait pas espérer de résultat aujourd'hui. Cela va se régler au niveau politique.»

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