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Marc Lefevre petit-fils de paysan

Un mois après avoir été élu à la tête du Conseil départemental de la Manche, Marc Lefevre livre sa vision de l’agriculture pour le département qu’il préside, lui qui a été petit-fils et fils de paysan, et qui a partagé sa vie entre le métier de vétérinaire et sa mission d’élu.

© SB

>> Quelles sont vos racines ?
Je suis originaire d’une famille de paysans au sens le plus noble du terme. Mes parents ont repris la ferme de mes grands-parents, un élevage laitier traditionnel qui a suivi l’évolution de manière prudente. Je ne connais pas d’autre environnement que le milieu agricole. Je suis né et j’ai grandi dans la ferme de mes parents, à Beuvrigny (131 habitants), près de Tessy-sur-Vire. Et on a vécu tous ensemble sur la ferme familiale avec mon grand-père.

>> D’où vient votre engagement politique ?
J’ai grandi dans une famille où l’attention aux autres était très présente. Mon grand-père était maire de la commune. Dans les petites communes, les personnes venaient directement chez le maire, au domicile. J’ai vécu au cœur de ces valeurs. Rendre service est quelque chose d’assez naturel pour moi. 

>> Votre frère a repris l’exploitation familiale et vous le chemin des cabinets de vétérinaire.
Quand vous êtes fils de paysan, celui que vous voyez le plus souvent à la ferme, c’est le médecin ou le vétérinaire. Alors, je me suis dit que c’était quelque chose que je connaissais. Ce n’était pas une grande vocation au départ. Après le bac, j’ai passé le concours. J’ai travaillé beaucoup pour ne pas être à la charge de mes parents.
Pendant toutes mes vacances, j’accompagnais les vétérinaires de Tessy-sur-Vire, Pont-Farcy. Et à peine mes études terminées, j’ai commencé par des remplacements. J’avais la volonté de me former et ils avaient l’envie de transmettre.

>> Seulement quelques mois après vos études, vous vous êtes installé.
J’ai fini mes études en 1973. Au retour du service militaire, j’ai commencé auprès de vétérinaires comme assistant. C’était très formateur. Parmi mes pérégrinations, j’ai fait un remplacement à Sainte-Mère-Eglise chez celui qui est devenu mon confrère. Avant de m’installer, je suis parti sac à dos en Inde pendant trois mois. J’avais envie de partir avant que les choses sérieuses débutent. Et à mon retour en 1977, mon confrère de Sainte-Mère-Eglise m’a sollicité mais cette fois-ci de manière définitive.

>> Parallèlement vous vous êtes engagé dans la vie locale.
Rien de tout cela n’était prévu. Je n’avais ni le profil ni le cursus qui laisse présager ce parcours. Pour la petite anecdote, je rentrais de visite un samedi midi. Mon voisin garagiste, qui était un ami, est venu me voir pour aller s’inscrire ensemble en mairie. Le maire y faisait une liste ouverte. Les électeurs ont choisi pour moi. Le maire est décédé au cours du mandat. Je lui ai succédé à 34 ans quasiment malgré moi. Rien de tout cela n’était programmé. 

>> Après 30 ans d’activité comme vétérinaire, craignez-vous comme chez les médecins le désert des vétérinaires ?
Quand j’ai terminé mes études, j’entendais déjà qu’il n’y avait plus d’avenir pour la ruralité. Je m’aperçois que ce n’est pas le cas. 40 ans après, on cherche toujours des vétérinaires pour la ruralité. On en a encore besoin. Les formes d’exercice ont changé. Certes, les conditions de vie des vétérinaires ont évolué. Les éleveurs ont aussi une aptitude à déterminer ce qui est urgent ou pas, ce qui nécessite l’intervention d’un vétérinaire ou pas.
Quand je me suis installé, je me suis intéressé à l’alimentation des bovins. Les vaches, c’est fait pour en baver ! C’était un de mes professeurs qui l’avait dit. Quand vous avez compris cela, vous avez compris ce qu’est l’alimentation des ruminants. Les bovins sont faits pour manger de la fibre, qu’il faut mastiquer longuement. Ce sont des choses de base. Produire de l’herbe aujourd’hui reste un des enjeux de la production laitière si on veut avoir un cheptel en bonne santé. Toutes les AOP nécessitent un pourcentage d’herbe. Ce n’est pas hasard. La nature et la qualité du produit en découlent.


>> Aujourd’hui le GDS prône pour une contractualisation avec les vétérinaires. Qu’en pensez-vous ?
C’est un sujet de préoccupation du GDS. Et c’est important que ce soit des éleveurs qui portent cette orientation. L’idée est intéressante. Pour les vétérinaires, l’exercice en ruralité est exigeant. 
Rémunérer la veille sanitaire, la disponibilité, le conseil, l’accompagnement, la prévention, correspond à un changement de culture. C’est pertinent de s’y intéresser.

>> Quel message souhaitez-vous adresser au monde agricole ?
Dans la Manche, nous avons une production qui est non délocalisable, et une industrie agroalimentaire qui valorise les produits. C’est une chance. J’ai beaucoup d’admiration notamment pour les producteurs laitiers. Il n’y a pas plus exigeant. C’est normal qu’ils trouvent des recettes au regard de leurs investissements. J’espère que les discussions au niveau des EGA permettront de mieux partager la marge. Il faut se battre, être attentif et rester optimiste.
Quand on parle du soutien bocager, de l’entretien des haies, ce n’est pas pour le plaisir de la beauté. Cela conditionne aussi notre territoire. Certes, nos moyens sont limités. Mais nous continuons d’accompagner les acteurs du monde agricole. C’est l’exemple du petit investissement de moins de 10 000 € que nous subventionnons à 40 %. L’année prochaine, nous allons doubler le budget. Ce sont des investissements qui vont améliorer leur outil de production, leur qualité de vie, leur sécurité…
On essaie d’accompagner l’agriculture au même niveau qu’auparavant. Avec la loi NOTRe, c’est la Région qui en a la compétence. Mais on n’a pas baissé la garde. On investit sur d’autres mesures d’accompagnement. On renforce notre soutien à la défense sanitaire notamment pour la para tuberculose, une maladie chronique des bovins. Il faut rester vigilant. Un département rural comme le nôtre ne peut pas baisser la garde.

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