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Raconte-moi ton algérie
MARCEL DUMESNIL : “peur de me faire débarbouiller”

Plus de 1,3 million d’appelés ou rappelés du contingent a passé de 6 à 36 mois en Algérie entre 1956 et 1962. Parmi eux, de nombreux agriculteurs (ou futurs agriculteurs). Marcel Dumesnil, agriculteur retraité à Rouvray (27), se souvient.&8200;

Mars 1957. Marcel Dumesnil, aide familial sur une exploitation de 25 ha avec 14 vaches à Rouvray (27), n’est jamais sorti de chez lui. Mais comme tous les jeunes de son âge, il va voir du pays. “Antimilitariste à l’époque”, avoue-t-il, il reçoit son ordre de mobilisation le 10 mars. Le voyage est mouvementé. A l’époque, des opposants à la guerre d’Algérie perturbent le trafic ferroviaire. Sur le bateau, Marcel passe “16 heures la tête dans une couverture pour éviter d’être malade”. Il débarque à Alger 6 jours plus tard. Il a 20 ans et un mois.
Durant ses classes, il est affecté à la CRM (Compagnie de Circulation Routière). Sa mission : escorter des gradés ou des élus de la République. Il roule en jeep, mitraillette à la main. Les officiels, quant à eux, se déplacent en 403 Peugeot, sortie en 1955 (il s’en fabriquera 1 215 000 exemplaires jusqu’en 1966). Une mission risquée parce que ces convois constituent autant de cibles potentielles d’attentats. Marcel a d’ailleurs escorté des personnages illustres comme Jacques Soustelle (voir encadré) ou bien encore Michel Debré, futur Garde des Sceaux. Pour minimiser les risques, la technique est simple : aller le plus vite possible. Que ce soit dans les rues d’Alger ou sur les tôles ondulées des pistes de la plaine de Mitidja.

Des mines cachees dans des nids de poules
Après 4 mois et ses classes terminées, Marcel Dumesnil est muté à la 709ème CME (Compagnie Mixte des Essences) ou il devient le roi du pétrole. “Toutes les unités militaires passaient par nous”. Au volant de son GMC avec ses 7 vitesses trop rapprochées, “on se gourait”, et avec un aide-chauffeur, il livre le carburant de l’armée. Une fonction logistique de la plus haute importance. Des tournées de 30 à 300 km. “On faisait de la route et de la piste. Le plus gros risque était de se faire débarbouiller (Ndlr : tirer dessus) ou de sauter sur une mine. J’en ai vu deux exploser devant moi. Elles étaient cachées dans des nids de poules”.

Peut-être aurais-je tiré
Mais la chance a souri à Marcel. Il n’a pas connu d’accrochage, mais a quand même connu la peur. Comme ce jour, en panne avec son camion au milieu de nulle part. Il a surpris ce qu’il a pensé être un guetteur, “un fellouze”, s’enfuir. “S’il avait été à portée de fusil, j’aurais tiré. Peut-être tué ? Sans doute une connerie, mais jamais je ne me serai laissé faire prisonnier. On savait ce qu’il nous attendait.” Mais au final, il ne se sera jamais servi de son PM (Pistolet Mitrailleur) avec ses 9 chargeurs (270 cartouches) et 5 grenades défensives.
Enfin presque. Au cours de ses convoyages qui pouvaient durer jusqu’à une dizaine de jours, il fallait bien améliorer l’ordinaire. Il va donc fréquemment chasser la gazelle, voire la perdrix des sables. Mais ces ballades lui ont aussi joué des tours. Victime d’une tempête de sable, il s’est perdu dans le désert, à une quarantaine de kilomètres du camp. “Mon collègue est monté sur la cabine du camion. On ne savait plus du tout où on était”. Sauvés par la chance qui a placé un autre convoi et des supérieurs sur le chemin. Marcel est finalement rentré en France avec “l’esprit un peu plus militaire, mais je n’ai jamais baissé les yeux devant un gradé”, tient-il à souligner.

Appel à témoins
Si vous souhaitez témoigner,
n’hésitez pas à contacter
par téléphone le 06 86 28 56 96
ou par mail t.guillemot@reussir.fr

Jacques Soustelle : “pour” puis “contre” De Gaulle
Jacques Soustelle, agrégé de philosophie, est un homme politique né en 1912 à Montpellier. En 1940, il rejoint le Général de Gaulle au sein des FFL (Forces Françaises Libres). En mai 1945, il devient ministre de l’Information dans le gouvernement provisoire puis ministre des Colonies. Nommé gouverneur général de l’Algérie en 1955/1956, il va finalement s’opposer à De Gaulle pour rejoindre l’OAS (Organisation de l’Armée Secrète) dont le premier sigle est tagué sur les murs d’Alger le 16 mars 1961. Poursuivi pour atteinte à l’autorité de l’Etat, il s’exile. Il sera finalement gracié en 1968. Elu député du Rhône en 1973 et à l’Académie française en 1983 (le même jour que Léopold Sedar Senghor), Jacques Soustelle décède en 1990.

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