Aller au contenu principal

Distribution
Marges injustifiées : le “J’accuse” de l’UFC-Que Choisir

“Produits alimentaires : haro sur les marges”, tempête l’UFC-Que Choisir dans une enquête accablante sur les prix des produits alimentaires peu transformés qu’elle vient de rendre publique. Dans le collimateur du défenseur des consommateurs : la grande distribution entre autres.

Pan sur le bec de ceux qui, il y a peu encore, remettaient en cause le bien fondé du combat mené par la FNSEA et JA et ses relais locaux contre la grande distribution. “L’évolution des prix en rayon est sans lien strict avec les prix agricoles. L’opacité demeure sur la construction des prix alimentaires”. Et cette fois, c’est l’UFC-Que Choisir (Union Fédérale des Consommateurs) qui, après avoir mené l’enquête, le clame haut et fort. Elle appelle même le législateur à prendre des mesures concrètes comme l’extension du coefficient multiplicateur déjà applicable aux fruits et légumes.

32 enseignes au crible
Cette enquête, l’UFC-Que Choisir l’a menée un peu partout en France. Méthodologie : relever les prix en rayon de trois produits peu transformés dont la matière première agricole constitue une part prépondérante et les comparer aux prix agricoles les composant. Dans le Calvados, elle a été réalisée par les bénévoles de l’association entre le 26 septembre et le 10 octobre auprès de 32 enseignes. Ont été relevés le prix du filet/escalope de poulet (conditionnement par 2) pour la marque nationale “Le Gaulois” et les MDD (Marque De Distributeur) ainsi que celui de la côte de porc (conditionnement par 2) pour les produits MDD et sans marque et enfin pour celui de la brique de lait demi-écrémé pour la marque nationale Candia et les MDD.
Les résultats sont sans appel. “Alors que les prix agricoles de la volaille, du porc et du lait sont respectivement de 2,11 e; 1,34 e et 0,29 e, les prix moyens en rayon de l’escalope de poulet, de la côte de porc et de la brique de lait dans la zone enquêtée sont respectivement de 11,80 e; 6,66 e et 0,75 e. Des différentiels très importants, commente Gérard Becher, président de l’UFC-Que Choisir de Caen. On pensait que le produit agricole devait composer la part la plus importante du prix d’autant plus qu’il s’agissait de produits peu transformés. Ce n’est pas le cas”.

Marges injustifiées
Se défendant de mener un combat contre les marges, les consommateurs souhaitent cependant comprendre le mécanisme de fabrication d’un prix de vente. L’UFC a pour cela interrogé la grande distribution. “Seules 18 % ont répondu et encore, 100 % ont donné une réponse générique, parfaitement insatisfaisante. En matière de prix alimentaires, l’opacité est donc la règle”, lâche Gérard Becher. Mais une étude plus approfondie permet de parler de marges injustifiées. En effet, industriels et distributeurs profitent des variations de prix agricoles, plus particulièrement des baisses, pour accroître fortement leurs marges. S’agissant du lait, entre septembre 2007 et septembre 2009, le prix payé à l’éleveur a baissé de 7 % alors que pour le consommateur, le prix de la brique de lait Candia a augmenté de 5 %. Pire, la brique de lait MDD a augmenté de 11 %. “Le lien entre prix agricole et prix en rayon n’existe donc qu’à la hausse, jamais à la baisse. Les industriels et la distribution se servent de l’évolution des prix agricoles comme d’un alibi pour améliorer la profitabilité au détriment des consommateurs”. Au détriment aussi des agriculteurs peut-on ajouter. 
Distribution et industriels dans le même panier ? L’UFC ne tranche pas car elle ne dispose pas d’éléments de réponse objectifs. Cependant, aucun distributeur ne se retranche derrière les industriels pour expliquer la culbute fait-on remarquer du côté de l’UFC-Que Choisir. Un signe qui ne laisse guère planer le doute. Les enseignes disposent des cartes maîtresses. Après, tout dépend du rapport de force.  En attendant, l’UFC-Que Choisir réclame la mise en place d’un coefficient multiplicateur qui existe déjà depuis 2005 dans le domaine des fruits et légumes. “Une arme de dissuasion pour limiter la progression des marges non justifiées”, conclut Gérard Becher.

La grande distribution fait la sourde oreille
• “Comment sont construits vos prix ? Comment sont fabriquées vos marges ?” Ces questions, l’UFC-Que Choisir de Caen les a posées à 33 enseignes départementales. Seules 5 (soit 15 %) ont répondu. “Mais des réponses toutes identiques et qui n’apportent aucun élément de compréhension”, stigmatise Gérard Becher. Il a même affiché dans son bureau une véritable perle. “Le devoir de réserve auquel est soumis l’Administration permet par ailleurs de respecter la confidentialité des négociations commerciales. Tout autre procédé aurait des effets anticoncurrentiels avec, in fine, un impact négatif sur les prix”, ose un directeur d’une grande surface caennaise. “L’opacité demeure sur la construction des prix alimentaires,” souligne le président de l’UFC-Que Choisir de Caen .

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout l'Agriculteur Normand.

Les plus lus

GAGNEZ 2 PLACES POUR LE MATCH SM CAEN - PARIS FC
Jeu concours pour aller encourager votre club normand au stade d'Ornano !
Deuxième en partant de la droite, Philippe Denis a reçu dans sa ferme un parterre de responsables, dont Arnaud Rousseau (deuxième en partant de la gauche).
Tuberculose : Arnaud Rousseau à l'écoute des éleveurs
À l'occasion de sa visite dans l'Orne, Arnaud Rousseau s'est rendu à Landigou, sur l'exploitation de Philippe Denis, dont le…
Valentine Amette, 22 ans, céréalière, s'est lancée dans son projet de meunerie. La Farine de Valentine est disponible à la boulangerie de Pont-d'Ouilly, de Fresné-la-Mère ou encore chez elle, à Bazoches-au-Houlme, les premiers lundis du mois, de 9 h à 12 h.
Valentine Amette, agricultrice au champ et au moulin
Nous l'avions rencontré en fin d'année dernière, alors qu'elle se présentait au concours Miss agricole 2024. Alors aux champs,…
Toutes les animations sont gratuites (sauf la restauration et le baptême en hélicoptère).
Des bonshommes de paille débarquent dans la Manche
À la veille des moissons, les Jeunes agriculteurs ont monté des bonshommes de paille un peu partout dans la Manche. Un bon moyen…
Cette baisse des volumes a été annoncée alors même que "nous sortons d'une période compliquée", dénonce Yohann Serreau, président de l'OPNC (570 producteurs, 422 ml de lait).
Lactalis confirme la baisse de ses volumes
À l'assemblée générale de l'OPNC (Organisation de Producteurs Normandie Centre), organisée à Sées, dans l'Orne, en juin 2024 et…
"Transmission-installation, que peut-on faire de plus ?" Tel était le thème de la table ronde à laquelle participaient Clotilde Eudier (vice-présidente de la Région Normandie), Emmanuel Hyest (président de la Safer de Normandie), Anne-Marie Denis (présidente de la FRSEA Normandie), Emmanuel Roch (président de JA Normandie), Guillaume Larchevêque (Chambre d'agriculture Normandie) et Bruno du Mesnildot (Propriété privée 50).
Safer et installation : faire plus grâce à une volonté commune
"Nous avons toute une génération de jeunes à installer. On doit et on peut certainement faire mieux sous condition d'une volonté…
Publicité