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Machinisme
Mécanisation des exploitations laitières : des économies possibles !

Les coûts de mécanisation représentent, en moyenne, 20 % du coût de production des exploitations laitières. C’est une charge importante qu’il est primordial de maîtriser.

L’exploitation des résultats économiques et financiers des exploitations agricoles en Normandie (CER et Chambres d’agriculture) démontre que les charges de mécanisation augmentent régulièrement, alors que le revenu diminue ou stagne. Avant l’année 2000, le revenu agricole à l’hectare était supérieur aux charges de mécanisation (432 €/ha contre 406 €/ha). Au-delà de cette date, le ciseau s’est progressivement ouvert, pour atteindre un différentiel maximum de 244 €/ha en 2009 (tableau 1).Le ratio “Charges de mécanisation/Produit brut” s’est également dégradé : cet indicateur, affiché dans la plupart des comptabilités, est passé de 19 % en 1999 à 22.5 % en 2007.


Des disparités entre exploitations

Selon les données des réseaux d’élevage (Institut de l’élevage et Chambres d’agriculture), on observe en moyenne, 95 € de charges de mécanisation pour 1 000 l de lait commercialisés, avec une amplitude qui peut varier du simple au double, même entre exploitations semblables d’un point de vue système et dimensionnement (tableau 2).Des gains sont possibles, mais, contrairement au poste alimentation, la modification de la stratégie sur le long terme nécessite un raisonnement à l’échelle de l’exploitation. 58 % des éleveurs du réseau privilégient l’achat de matériels en CUMA comme 1re piste de réduction des charges de mécanisation.La délégation des travaux à une entreprise de travaux agricoles ou à une CUMA, laisser vieillir le matériel ou acheter du matériel en copropriété sont les 3 autres pistes privilégiées par les éleveurs.

4 postes dans les données comptables

- L’amortissement est le poste le plus important (46 %). La corrélation entre le niveau d’amortissement et le niveau des charges de mécanisation est démontré : en clair, si l’amortissement est important, les charges de mécanisation le seront également.

- Les travaux par tiers arrivent en 2e position (21 %). Un appel important aux tiers (CUMA, ETA…) conduit généralement à des charges un peu plus basses. Cette règle se vérifie sous réserve de ne pas cumuler avec des investissements individuels.

- L’entretien et les achats de petits matériels représentent 18 %. L’augmentation des coûts de maintenance (main d’œuvre marchand-réparateur, pièces de rechange…) est particulièrement forte depuis une dizaine d’année : + 40 % entre 2000 et 2008 selon indice INSEE. Cette évolution conduit certains éleveurs à renouveler plus rapidement le matériel.

- Le carburant et les lubrifiants : 15 %. Le résultat varie selon les années en fonction des évolutions du prix du carburant (10 à 15 %). Dans le contexte actuel, le prix du GNR devrait se maintenir à un niveau de prix élevé, d’où l’intérêt de faire la chasse au “gaspi” en conduisant de façon économe et en limitant les heures de traction.

Notons que les assurances des matériels automoteurs et les frais financiers relatifs aux investissements “Matériels” ne sont pas comptabilisés avec les charges de mécanisation.

Vigilance sur la traction

- La traction (36 %) est le poste prioritaire pour envisager des économies. 2 écueils à éviter : le surdimensionnement pour répondre à une faible utilisation annuelle et le gaspillage d’heures lié à des problèmes de structure d’exploitation, d’organisation, de pratiques...

- Pour les matériels de récolte (19 %), les économies sont moins évidentes car de nombreux travaux sont réalisés par des tiers (ensilage, moisson, pressage …) et le coût des prestations varie assez peu dans un même secteur.

- La part des matériels d’élevage (12 %) tend à progresser. La volonté de limiter les temps d’astreinte et la recherche légitime d’un bon confort de travail, conduisent les éleveurs à bien s’équiper (matériel de traite, distribution des fourrages, racleur…).

- La charge “carburant” (12 %) est très dépendante du nombre d’heures réalisé par les tracteurs. et du parcellaire Dans des exploitations de taille équivalente, on observe des temps de traction variant du simple au double. Dès que le prix du GNR augmente, l’impact est nettement plus important chez les “gros” consommateurs.

- Les matériels de transport et manutention (8 %) ont vu leur part augmenter, suite aux achats de remorques toujours plus grandes et par la présence de plus en plus fréquente de chargeurs télescopiques, qui viennent remplacer le tracteur d’élevage.

- Les équipements de travail du sol (4 %) pèsent peu dans les charges de mécanisation : ils sont souvent conservés au-delà de la période d’amortissement et très présents en utilisation collective.

- C’est la même chose pour les matériels pour semis, fertilisation et traitements (7 %). Cette catégorie comprend aussi les matériels d’épandage d’engrais de ferme et les matériels d’entretien (débrousailleuse, broyeur…).

- La main d’œuvre apportée par les “Tiers” pour la conduite des automoteurs de récolte est insignifiante (2 %).

Témoignage du Philippe Lerévérend et Pascal Sourdin GAEC de Beaupré

Le GAEC de Beaupré dispose d’une surface de 160 hectares, avec 38 ha de maïs, 10 ha de blé et 112 ha de prairies (dont 40 ha de marais). L’exploitation est partagée sur de 2 sites distants de 5 km, avec 90 vaches laitières d’un coté et l’élevage de l’autre.Avec 400 €/ha de charges de mécanisation, le GAEC fait partie des bons élèves en se situant nettement en dessous des résultats moyens (> à 500 €/ha). Le ratio “charges de mécanisation/Produit brut” est également favorable : 17 % au lieu de 22 %, en moyenne, dans les exploitations laitières.


30 % de travaux par tiers

Pour la majorité des travaux, le GAEC s’appuie sur la CUMA des Dunes : “On adhère au tracteur de 140 ch pour 250 H/an (sur un total de 800) et aux différents matériels, allant du travail de sol à la récolte”. L’entreprise intervient ponctuellement pour quelques travaux (Enrubannage, lamier…). La CUMA renouvelle régulièrement et rapidement les différents matériels ce qui permet de limiter les frais d’entretien et de s’adapter aux besoins différents des exploitations. Les adhérents sont bien impliqués dans la CUMA, car ils sont responsables d’un ou plusieurs matériels (entretien, planning).


Des équipements simples et fonctionnels

“Nous avons 3 tracteurs de 100, 75 et 45 ch. Les 2 plus gros (1 sur chaque site) sont équipés d’un chargeur. Ils réalisent respectivement 900 et 500 heures par an. Nous les renouvelons tous les 2 à 3 ans : cela permet de travailler avec un très faible risque de panne et fiscalement, c’est intéressant pour nous”. Le petit tracteur (> 30 ans) distribue les concentrés et repousse la ration grâce à un équipement “maison”. Le reste du matériel de l’exploitation se limite à la machine à traire (une 2 x 7 amortie, mais qui peut encore durer 15 ans), au racleur, à 2 désileuses portées de 2 m3 (1 sur chaque site pour la distribution de l’ensilage et du foin pré-coupé), une remorque 13 T, une bétaillère, une faneuse et une pompe hacheuse.


Vigilance permanente sur les charges

Le faible parc de matériel associé à l’utilisation importante de la CUMA limite le poste “Entretien et achats de petits matériels” à 7 500 €/an. La consommation annuelle de carburant reste également très raisonnable (13 000 l/an ou 81 l/ha). Enfin, une bonne valorisation des prairies, sous forme de pâturage, permet d’économiser sur les frais de récolte.

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