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Michel Barnier
“Mettre en place des mesures structurelles pour redresser le revenu”

Un rééquilibrage des aides de la PAC en construisant au sein du premier pilier une véritable politique privilégiant les systèmes à l’herbe, une sécurisation des revenus en instaurant un fonds sanitaire, une politique offensive de défense du modèle européen en demandant que soient appliquées aux produits importés les mêmes exigences de qualité que celles demandées aux produits européens (...), le Ministre de l’Agriculture et de la Pêche avance quelques idées pour défendre le revenu des producteurs de bovins.

Ce sont des mesures structurelles qu’il faut mettre en place.
Ce sont des mesures structurelles qu’il faut mettre en place.
© TG

Comment comptez-vous redresser le revenu des éleveurs bovins qui se situent en queue de peloton des revenus agricoles ?
La première réponse pour le gouvernement a été de faire face à la baisse du revenu des éleveurs, sur deux années consécutives. 250 millions d’euros ont été dégagés dans le cadre d’un plan d’urgence. 120 millions d’euros sont disponibles dans les départements, notamment d’élevage pour procéder à des allègements de charges financières et sociales. Des comités départementaux ont été installés à ma demande par les préfets. Les dossiers sont en cours d’instruction et des avances seront payées dans le cours du mois de février.
Au-delà, ce sont des mesures structurelles qu’il faut mettre en place. Nous travaillons sur trois voies :
- un rééquilibrage des aides de la PAC en construisant au sein du premier pilier une véritable politique en faveur de l’élevage bovin en privilégiant les systèmes à l’herbe ;
- une sécurisation des revenus en instaurant un fonds sanitaire cofinancé par les éleveurs, l’Etat et l’Union européenne à partir du premier pilier. Cette voie nouvelle doit nous permettre d’aller plus loin vers des outils de couverture des risques économiques. Ce sera un des débats majeurs en 2013, mais que nous devons anticiper ;
- une politique offensive de défense du modèle européen en demandant que soient appliquées aux produits importés les mêmes exigences de qualité que celles demandées aux produits européens.

De quelle manière allez-vous sauver la filière veaux de boucherie dont la vitalité est aussi importante pour la filière laitière que pour la filière viande ?
La filière veaux de boucherie a l’opportunité de se relancer aujourd’hui. Les coûts de production sont exceptionnellement bas pour cette filière. La difficulté réside avant tout dans l’organisation même de l’intégration. Il faut revoir la contractualisation pour inciter éleveurs et intégrateurs à travailler ensemble dans un climat de confiance. Nous devons prendre dans les jours qui viennent la décision ou non du découplage de la prime à l’abattage. C’est peut être une première étape nécessaire pour permettre de rebattre les cartes dans cette filière.

Comment faire en sorte que tous les maillons de la filière, du naissage à la distribution en passant par l’engraissement gagnent leur vie sans augmenter le prix de la viande au consommateur ?
Je crois qu’il existe des marges de manœuvre au sein de la filière viande sans forcément augmenter les prix. Cela passe par une réorientation du soutien dans le cadre du bilan de santé, nous allons le faire, par une poursuite de la restructuration pour permettre aux industriels et abatteurs d’être compétitifs, et par un partage équitable des marges au long de la filière. C’est un point essentiel pour que les prix à la production rémunèrent les éleveurs. Dans le cadre de l’observatoire des prix et des marges mis en place par Christine Lagarde et Luc Chatel, j’ai instauré un comité de pilotage regroupant l’ensemble des acteurs : des consommateurs aux distributeurs avec l’objectif de faire la transparence sur la formation des prix.

Quels outils proposés par le bilan de santé de la PAC allez-vous utiliser pour rééquilibrer les aides entre les filières ?
L’accord du 20 novembre sur le bilan de santé de la PAC nous offre plusieurs voies pour rééquilibrer les soutiens. Cette réorientation est un impératif. Donner du sens à cette politique, la rendre plus légitime est une obligation pour chacun d’entre nous si nous voulons encore une PAC pour demain.
Les décisions ne sont pas encore prises. Elles le seront à l’issue de la concertation que j’ai ouverte. Elles auront du sens, s’inscriront dans la perspective de 2013, et seront porteuses d’une agriculture de production durable ancrée dans nos territoires.
Pour le secteur de l’élevage bovin, mes priorités sont :
- de mettre en place un fonds sanitaire pour disposer de moyens pérennes pour faire face aux crises sanitaires. L’expérience de la FCO est là pour nous démontrer l’urgence et la nécessité de tels outils ;
- de préserver un potentiel de production de viande bovine en privilégiant les systèmes de production à l’herbe dans le premier pilier de la PAC. Je serai vigilant pour que cette orientation souhaitable ne se traduise pas par une remise en cause des autres systèmes d’élevage ;
- de consolider l’activité d’élevage dans les zones difficiles par une revalorisation de l’ICHN.
Cette réorientation doit être acceptable. Elle doit être juste et elle passe par un découplage au moins partiel de la PMTVA, ce que sont prêts à faire les éleveurs. Enfin, elle doit être compatible avec l’équilibre économique des exploitations.

Comment expliquer le coût de la vaccination des animaux par les vétérinaires alors que l’indemnisation des éleveurs est loin de couvrir leurs pertes ?
Tout au long de cette crise, je me suis constamment mobilisé pour un soutien des éleveurs au niveau national comme au niveau communautaire. Depuis 2007, 110 millions d'euros de fonds nationaux et communautaires ont été mobilisés pour des aides portant sur les indemnisations de mortalité pour le maintien sur l'exploitation ou l'aide à l'engraissement. Par ailleurs, en 2008, 110 millions d'euros ont été consacrés à la vaccination, seule méthode efficace de lutte contre la fièvre catarrhale ovine.
Au delà de ces soutiens qui traduisent la forte solidarité de la collectivité dans des moments difficiles,  une partie des coûts de vaccination revient cette année à la charge des éleveurs. Cette participation illustre la nécessaire mobilisation et la responsabilisation de chaque éleveur pour le maintien de la bonne santé du cheptel français.

Un nouveau système de financement de l’équarrissage vient d’être mis en place. Ne faut-il pas le laisser fonctionner avant de le réformer à nouveau ?
On ne réforme pas le système de financement mais l’organisation même de l’équarrissage. L’objectif est de diminuer les coûts, responsabiliser les filières, permettre aux utilisateurs de s’organiser pour gérer ce service en contractualisant directement avec les fournisseurs du service, c'est-à-dire les entreprises d’équarrissage.
Nous avançons par étape. Dans un premier temps, le périmètre du service public a été réduit en libéralisant en 2005 la gestion des déchets d’abattoirs puis en 2006 la gestion des déchets de boucherie et d’ateliers de découpe. Ces mesures ont permis de réduire globalement le coût de destruction des déchets de l’ordre de 30 %.
Nous arrivons maintenant à une nouvelle étape qui est la libéralisation de la gestion des animaux trouvés morts en ferme. L’Etat ne maintiendra un service public qu’uniquement pour les animaux trouvés morts sur la voie publique et dans les DOM.
Les éleveurs ont été préparés à ces évolutions en augmentant leur participation directe et en les aidant à construire des dispositifs collectifs qui prendront en charge le marché de l’équarrissage. Ce sont les ATM qui s’appuient sur les interprofessions.
Au travers d’accords interprofessionnels, les éleveurs ont mis en place des contributions directes qui participeront au financement de l’équarrissage. J’ai bien conscience de l’effort supplémentaire qui est demandé aux éleveurs dans une période difficile. C’est pourquoi j’ai décidé d’apporter un soutien financier supplémentaire en prenant en charge dans un premier temps 50 % des arriérés dus par les éleveurs au titre de leur contribution directe pour 2008. L’Etat accompagne aussi les professionnels dans la rédaction d’appel d’offre afin de permettre la mise en place effective de la nouvelle forme de contractualisation à partir du 17 juillet 2009, date de la fin du marché public de l’équarrissage.
Lorsque cette reprise sera effective le ministère considèrera la possibilité de prendre en charge le solde de la dette 2008 en redéployant des crédits rendus disponibles à cette date.  Il s’agit là d’une réponse à une demande formulée par les éleveurs dont la profession n’a pas été en mesure de lever les fonds nécessaires l’année dernière.

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