Aller au contenu principal

Michel Patard-Legendre (maire d’Ifs - 14) : « les élus doivent faire preuve de courage »

Malgré son «oui» au projet d’une maison d’arrêt sur sa commune, le maire d’Ifs dit comprendre les inquiétudes exprimées par la profession agricole.

© TG

Pourquoi Ifs ?
llll A l’évocation de la construction d’une nouvelle maison d’arrêt sur le territoire qu’il administre, Michel Patard-Legendre évoque une «patate chaude» qui est passée d’élu en élu. Chacun reconnaissait le bien-fondé du projet, mais personne n’en voulait chez lui. Le maire d’Ifs insiste : «je n’ai jamais candidaté pour que cette maison d’arrêt soit construite sur ma commune, mais, à un moment donné, il faut aller au bout de la logique. Ifs et ses 15 à 20 ha ont été fléchés par le ministère de la Justice et aucun autre endroit. Alors, j’ai dit oui. Un élu doit faire preuve aussi de courage». Et d’enchainer : «c’est toujours plus facile d’accepter un centre de congrès ou un palais des sports et nous avons eu des craintes quand l’information a été rendue publique. Nous avons alors organisé des réunions d’information avec la population, les agriculteurs, le personnel pénitentiaire... Les retours négatifs ont été rares sauf de la part de l’opposition qui m’a reproché de ne pas avoir organisé un référendum sur la question». Le maire d’Ifs n’a donc fait aucun lobbying pour que le projet aboutisse sur ses terres, mais il ne l’a pas «banané» non plus préférant accompagner même les différentes phases pour «tenir un peu le manche».

Le PLU a été dévoyé ?
llll Autre point d’achoppement : le déclassement de terres à vocation agricole. «Effectivement, il s’agit de terres agricoles selon le PLU (Plan Local d’urbanisation), mais qui, dans le cadre du SCOT (schéma de cohérence territoriale) avait déjà été fléchées comme une extension possible pour la zone d’aménagement logistique. Ces terres agricoles avaient donc vocation, à 10 ou 20 ans selon les besoins, à être urbanisées. Ce n’était un secret pour personne», explique Michel Patard-Legendre. Le projet de construction de la maison d’arrêt n’aurait donc fait qu’accélérer cette mutation.

15, 18, 20 ha ?
llll On ignore encore l’emprise exacte du projet en terme de nombre d’hectares. Ce sera aux alentours d’une quinzaine ou légèrement plus, mais le maire d’Ifs assure que les erreurs commises lors des chantiers DECATHLON ou bien encore IKEA ont servi de leçons. En d’autres termes, pas de gaspillage de foncier, le juste nécessaire à part quelques m2 pour éviter le phénomène de pointe qui aboutirait à des parcelles incultivables de par leur trop petite taille ou leur géométrie. Et Michel Patard-Legendre d’ajouter encore que «durant l’année d’étude, la non-exploitation des terres agricoles pour cause de sondage a été financièrement compensée.»

Quel calendrier ?
llll Le maire d’Ifs tient à souligner que ce n’est pas lui qui va signer le permis de construire. «C’est la machine d’Etat qui est en route». Pour la suite, le calendrier annoncé par Manuel Valls en 2016 prévoyait la pose de la première pierre en 2019 pour une livraison en 2021-2022.

Le jackpot pour Ifs ?
llll «Pas du tout, clame le premier magistrat de la ville. On va passer de 100 à 250 au niveau personnel pénitentiaire. Plus de personnel administratif, plus de personnel médico-social donc il va y avoir de l’emploi de créé, mais je ne l’ai pas fait pour obtenir une compensation. Ça n’a jamais été dans mon état d’esprit. On ne touchera pas de taxe foncière, tout juste un peu plus de DGF (dotation globale de fonctionnement) puisqu’il s’agit d’une population qui est comptée dans la commune. Peut-être que cela fera un peu plus fonctionner le commerce avec le cantinage. Mais s’il l’on pense cigarette, le bureau de tabac le plus prêt à vol d’oiseau se situe sur la commune de Soliers».

Et au-delà d’Ifs ?
llll «Aucune terre n’est mangée pour rien. Le projet de plateforme Logidis s’oriente vers Mondeville/Cormellesle-Royal (usine PSA). C’est un message envoyé par Caen la mer et en premier lieu par  Joël Bruneau au monde agricole sur ce sujet de la consommation de foncier agricole. Il faut privilégier les friches. Nous travaillons collectivement sur un projet de développement à 15 ans afin de déterminer nos besoins fonciers au développement de notre métropole et trouver en face les compensations.  Les agriculteurs ont besoin de lisibilité.»

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout l'Agriculteur Normand.

Les plus lus

Six installations plutôt qu'un (des) agrandissement(s) en Normandie
Safer et JA Normandie ont réuni, samedi dernier à Petit-Caux près de Dieppe (76), les acteurs d'une opération foncière inédite…
Les organisateurs ont présenté l'affiche officielle et le programme, lundi 25 mars 2024 à Lisieux.
La foire de Lisieux de retour ce week-end du 6 et 7 avril 2024
Habituellement organisée début mai, la Foire de Lisieux revient dès le 6 et 7 avril 2024 pour cette nouvelle édition. Au…
GAGNEZ 2 PLACES POUR LE MATCH SMC - LAVAL
Jeu concours pour aller encourager votre club normand au stade d'Ornano !
Nicolas Legentil était l'hôte d'une porte ouverte allaitante, jeudi 14 mars, à Brémoy. Il a fait visiter son exploitation aux 250 invités.
[EN IMAGES] Taurillons : le Gaec Legentil expose son savoir-faire dans le Calvados
Jeudi 14 mars 2024, le Gaec Legentil a accueilli plus de 250 personnes sur son exploitation, à Brémoy, dans le Calvados, pour une…
Le nouveau bureau de la FNPL (Fédération nationale des producteurs de lait) a été élu. Il est présidé par Yohann Barbe, producteur dans les Vosges.
Ludovic Blin et Benoit Gavelle, deux Normands dans le bureau de la FNPL
Depuis le 9 avril 2024, en succédant à Thierry Roquefeuil, Yohann Barbe devient le nouveau président de la FNPL (Fédération…
Hervé Morin, président de la Région Normandie et Clotilde Eudier, vice-présidente de la Région en charge de l'agriculture, ont été accueillis chez Romain Madeleine, éleveur à Le Molay-Littry pour présenter le plan "reconquête de l'élevage allaitant", en présence de Nicolas Dumesnil (tout à gauche), président d'Interbev Normandie, et en présence du maire, Guillaume Bertier (au micro).
La Normandie à la reconquête de l'élevage bovin
C'est sur l'exploitation de Romain Madeleine, éleveur installé à Le Molay-Littry (Calvados) que la Région Normandie a lancé son…
Publicité