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Protéagineux
Moins de charges dans les rotations

Alors que tous les agriculteurs en rêvent, difficile de diminuer durablement les intrants et les charges de mécanisation en même temps sans aller vers un salissement important des parcelles. Pourtant, en introduisant un protéagineux, il est possible d’être gagnant économiquement sur les deux tableaux... MM Vereecke et Loiseau, agriculteurs dans le Calvados et dans la Sarthe, témoignent.

“Je pratique le non labour occasionnellement sur mes blés, cela me permet de diminuer mes charges de mécanisation et de ne pas avoir recours à de la main d’œuvre extérieure, soit une économie de 60 à 80 euros de l’hectare. Même si j’ai plusieurs bons précédents, le blé couvre plus de la moitié de mon exploitation. J’ai donc une sole importante en blé sur blé que je suis souvent obligé de labourer pour maîtriser les graminées”, explique Christophe Vereecke, agriculteur dans le Calvados entre Caen et Cabourg. “J’ai décidé d’améliorer mon assolement pour être gagnant économiquement. Alors que je n’avais plus produit de pois de printemps depuis quatre ou cinq ans, cette culture va à nouveau occuper seize hectares de mon exploitation pour une vingtaine d’hectares de betteraves, vingt cinq hectares de lin et autant en colza en 2010.

Après pois de printemps, pas besoin de labourer, avec un semoir classique.
En Normandie, septembre et octobre sont des mois où les chantiers se succèdent, voire se cumulent ; par exemple dans les secteurs de culture (plateaux limoneux) se suivent les semis des colza, l’enroulage du lin, la récolte des pommes de terre et des betteraves et enfin les semis des céréales. Sans oublier pour les éleveurs laitiers, l’ensilage de maïs et les vêlages ! Le semis du blé sans labour pourrait donc permettre de diminuer les besoins de main-d’œuvre. Malheureusement, dans les rotations actuelles, la mise en œuvre de cette technique est très variable d’une année sur l’autre, compte tenu du climat humide de notre région. La majeure partie des blés a en effet comme précédents la betterave, les pommes de terre et le maïs. Or, ces cultures se récoltent tardivement, avec du matériel lourd ; les années humides, les risques de compaction du sol sont amplifiés. Avec un semoir classique, les blés qui suivent doivent donc régulièrement être implantés après un labour. Pour s’assurer une bonne proportion de blé en non labour, il est donc intéressant d’introduire du pois ou de la féverole dans les rotations. Les protéagineux laissent en effet une structure du sol non compactée et peu de résidus de récolte en surface, ce qui facilitent l’implantation du blé.


Préserver la qualité de l’eau et économiser des engrais.
Didier Loiseau, agriculteur dans le nord de la Sarthe, est en zone vulnérable. Cela signifie entre autres obligations qu’il doit couvrir soixante dix pour cent de ses sols en hiver en 2009-2010. Or l’implantation des couverts hivernaux pose de sérieux problèmes dans les sols argileux : levée irrégulière, limaces... “Les charges engendrées par l’implantation d’un couvert hivernal ne sont pas compensées par un produit financier estime Didier Loiseau. En plus de ces coûts supplémentaires directs, la réussite des cultures suivantes au printemps telles que le maïs ou le tournesol n’est pas toujours garantie si les couverts sont mal détruits”. En effet, un sol argileux a comme caractéristiques de se ressuyer plus lentement, avec des difficultés à se réchauffer au printemps et les résidus de la culture intermédiaire ont parfois du mal à se décomposer correctement ou à être incorporés. “J’ai donc choisi de tester la féverole d’hiver. Je vais couvrir mon sol durant l’hiver, tout en ayant une culture de vente. Autre intérêt, ma facture d’engrais sera réduite”.

Moins d’intrants
L’intérêt économique des protéagineux ne se limite pas seulement aux économies de main-d’œuvre et de charges de mécanisation. MM Vereecke et Loiseau partagent le même point de vue sur les économies d’azote. “Il faut prendre en compte les effets pluriannuels des protéagineux”, affirment-ils en cœur ! En effet, les protéagineux fixant l’azote de l’air, leur introduction dans la rotation permet un gain de trésorerie dès la première année. Un pois ne nécessite pas, comme la majorité des autres cultures, 150 à 200 unités d’azote par hectare, (soit 90 à 120 euros par hectare non dépensés, pour un prix de l’unité d’azote de 0,60 euros par unité). L’économie d’azote ne s’arrête pas là puisque les blés de pois économisent de 35 à 60 unités en comparaison des autres précédents ; ces blés ont par ailleurs un “bonus de rendement” par rapport à ceux qui suivent d’autres têtes d’assolement, comme le maïs ou la betterave.Au niveau désherbage, l’introduction d’un protéagineux dans une rotation permet de diversifier les périodes de semis sur l’automne ou le printemps. Cet étalement des périodes de semis en dehors des périodes préférentielles de levée des adventices rompt leur cycle et fait diminuer le stock semencier du sol. Cela permet aussi d’alterner les modes d’actions des matières actives dans la succession des cultures. Enfin, le pois libère tôt le sol ce qui permet de déchaumer plusieurs fois durant l’interculture. Les repousses de protéagineux sont facilement détruites par le gel durant l’hiver ou bien, en bordure maritime avec un traitement au First classiquement utilisé sur blé. Ainsi, les charges liées à la maîtrise de l’enherbement seront significativement réduites sur la rotation, d’autant plus qu’on est déjà souvent en situation de résistance à certains herbicides.

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