Aller au contenu principal

Machinisme
Moisson 2011 : 1, 2, 3… battez

Sur le point d’entamer les moissons, votre machine est prête... Et vous, pour régler votre machine, avez-vous relu le manuel d’utilisation, vous fiez-vous à vos repères, ou chaque année, vous-remettez vous en question lors de la mise en route de votre machine dans la première parcelle ? Voici quelques repères techniques qui vous permettront d’affiner vos réglages.

Roulements vérifiés, pièces d’usure changés, courroies examinées, entretien moteur et autres vérifications d’usage réalisés… En bref, vous avez fait le nécessaire pour préparer votre machine et assurer sans encombre mécanique votre récolte ou celles de vos clients.Mais au-delà de cet entretien mécanique, vous êtes-vous penchés sur les réglages de votre machine. Connaissez-vous les caractéristiques de vos organes de battage ? Savez-vous si les réglages habituellement employés sont les plus efficaces ?L’enjeux de ces questions est la qualité de battage, tant par le débit chantier, que les pertes, la casse grain, le niveau d’impuretés et la qualité de la paille au sortir de la machine. L’enjeux sera de taille cette année avec d’une part des besoins en paille très importants et d’autre part des conditions de récoltes exceptionnelles. Vous aurez sans doute à battre des épillets mal remplis sur tout ou parti des épis avec des variabilités importantes de PMG. Il faudra s’attendre aussi à de grosses hétérogénéités de production intra- parcellaires avec variation parfois brutale de PMG et quantité de paille sur des zones entières de parcelles. Aux vues de ces conditions de battage qui s’annoncent particulières cette année, une machine qui n’aura pas été réglée à son optimum en année “normale” ne pourra faire que moins bon.


La barre de coupe, un élément à ne pas négliger…

La qualité de battage se gère dès la barre de coupe. Aussi surprenant soit-il, un défaut à la coupe peut se voir jusqu’aux secoueurs et à la trémie. Ainsi, une coupe bien préparée amènera un matelas de produit homogène au convoyeur puis au batteur, lui permettant de travailler sur sa largeur totale. Combien de machine dont les spires de la vis centrent le flux de produit sur les 90 cm centraux du batteur (machine conventionnelle ou séparation forcée) alors que celui-ci peut travailler sur 1,4 ou davantage ! Une machine à 6 secoueurs peut alors travailler que sur 5, voire 4 secoueurs, depuis sont achat ! Pas étonnant non plus de voir qu’après quelques centaines d’heures de battage, les battes s’usent et s’arrondissent sur leur centre faussant ainsi le réglage d’écartement batteur/contre-batteur. L’écartement vis/tablier (fond de barre de coupe) est également important. Le parallélisme sur la largeur de la coupe s’impose bien entendu et il faut compter 30 mm d’écartement pour assurer un travail efficace des spires et un flux homogène au convoyeur. Attention aux réglettes empêchant le produit de s’enrouler autour de la spire : 7-8 mm d’écartement, c’est l’optimum. Quant à la vitesse de rotation de la vis, les vitesses périphériques sont souvent bien trop élevées et augmentent d’autant le risque d’égrenage. Indispensable pour le colza, la réduction de vitesse périphérique (changement pignons ou poulie) peuvent s’envisager pour l’ensemble des cultures à récolter sans risquer quoi que ce soit si ce n’est d’assurer une bonne qualité d’alimentation des organes de battages !

Votre contre-batteur est-il adapté ?

Savez-vous quel type de contre-batteur est monté sur votre machine ? Le cœur de votre machine et ce qui va en faire sa capacité au battage, c’est le type de contre-batteur que vous y mettrez ou que vous subissez ! Dommage que cet accessoire soit l’élément commandé souvent en dernier lieu lors de l’achat et sur lequel vous êtes le moins bien conseillé.Réparons cette erreur : en quelques mots, voici ce que vous pouvez retenir (voir encadré Telex).Les constructeurs fournissent la demande de leur client en contre-batteur mixte, ou vendent des modèles uniques, plus facile à gérer. Dommage quand on sait que sur certaines machines, lorsqu’on positionne un contre-batteur céréalier (5,5 à 10 mm d’entre-fils), on peut augmenter le débit de 15 à 25 % en récolte céréales (essais pluriannuels BE Ingénierie N. Thibaud).Méfiez-vous des équipements  superflus tels que les tôles d’ébarbage, barrettes d’aveuglements ou segments de battage. Il ne sont que plâtres sur jambe de bois. Le problème est ailleurs. Soit le contre-batteur est mal adapté, ou mal positionné ou il s’agit simplement d’une vitesse batteur mal adaptée. De plus, ces équipements peuvent générer les problèmes pour lesquels ils sont prévus : baisse du débit de la machine, défauts de propretés du fait d’un défaut de charge de la machine (en cause, l’aveuglement du contre-batteur). Les tôles d’ébarbage quant à elles augmentent considérablement la casse grain. Enfin, oubliez définitivement les contre-batteurs à fers ronds, dont de nombreux essais prouvent qu’ils ne sont pas assez agressifs.


Grains brisés = double sanction

Des études réalisées par Nicolas Thibaud montre le double intérêt de ne pas casser le grain. D’une part, un grain cassé posera problème au stockage (à la conservation et à commercialisation). C’est une première perte potentielle à prendre en compte. Les réfactions étant là également pour vous rappeler à l’ordre. D’autre part, il a été mis en évidence une corrélation forte entre le taux de grains cassés en trémie et les pertes de rendement par les grains brisés. En bref, plus vous avez de grains cassés en trémie, plus les pertes en rendement à l’arrière de la machine, par les grains cassés, augmentent et cela peut aller de 2 à 5 qunitaux perdus pour 2 à 7 % de grains cassés en trémie.



Batteur/contre-batteur : faites votre point zéro ?

Savez-vous, en fonction des réglages en cabine, quels sont les écartements obtenus entre batteur/contre-batteur à l’entrée et la sortie du batteur ? Une première exigence est d’avoir un positionnement convergent du contre-batteur:  plus ouvert à l’entrée, plus resserré à la sortie. Trop souvent, vous avez une confiance aveugle dans votre machine. Ainsi, il est fréquent, alors qu’en cabine, il est indiqué  “x” mm d’écartement batteur /contre-batteur entrée batteur d’avoir une valeur singulièrement différente en réel. Il devient donc impératif de faire le point zéro. Mettez vos réglages les plus serrés entrée et sortie batteur et allez mesurer avec des cales d’épaisseurs les écartements réels côté gauche et droit de la machine. Effectivement, il n’est pas rare de voir un ensemble batteur/contre-batteur mal aligné. Encore une fois, c’est un défaut à réparer. Une fois mesurées, ces valeurs peuvent le cas échéant valider un re-calibrage en cabine. Quant aux écartements à retenir, retenez une règle simple. L’écartement batteur/contre-batteur à l’avant sera toujours 2 fois plus grand que celui à l’arrière.


Vitesse batteur : attention à la casse

Pour connaître le régime de rotation optimal de votre batteur en fonction de l’espèce récoltée, il vous faudra connaître le diamètre de votre batteur. Ce qui compte par dessus tout, c’est la vitesse périphérique. Trop rapide, c’est casse de grain assurée et une paille malmenée. Ne mettez jamais sur le compte d’une vitesse trop faible les imbattus. C’est avant tout le fait de l’écartement batteur/contre-batteur. Le niveau de charge de la machine également peut être mis en cause. Enfin, pour les perfectionnistes, rien d’alarmant à ce qu’il reste quelques grains vêtus /poigné. C’est même gage d’un travail réussi si les “défauts” se limitent à ce point.


Cherchez les problèmes de triage en amont !

Une constante à propos du triage : si vous y connaissez des problèmes, c’est sûrement parce que la qualité du battage en amont fait défaut.  Dans le cas contraire, les consignes sont simples. Votre machine est équipée d’une pré-grille. Celle-ci doit être fermée complètement en oléo-protéagineux et ouvertes à seulement 3 mm en céréales. Le risque, en ouvrant trop cette pré-grille, est de surcharger la grille inférieure. La grille supérieure ne doit pas non plus être trop ouverte. Retenez 10 mm d’espacement entre les éléments de la grille en blé, 11 mm en orge, 6 en colza et 13 mm en pois. La grille inférieure doit être toujours plus fermée que la supérieure : 8 mm en céréales, 6 en colza. Ne pas descendre en dessous de 5 mm pour tenter un triage plus propre. Si la qualité du travail n’est pas satisfaisante à cet endroit, c’est que le problème se situe en amont (battage). Les vents doivent être orientés plutôt vers l’avant du caisson quand c’est possible. La vitesse du ventilateur est réglée à fond pour les grosses graines (pois - féveroles), au 2/3 pour les céréales et au minima + 150 tours pour les colza.

Concernant l’arrêté d’autorisation de broyage de pailles de céréales et fanes de pois…

Face à cet arrêté, la nécessité de produire une qualité de paille permettant un pressage aisé puis une valorisation correcte par les éleveurs inquiète nombre d’agriculteurs équipés de machines à rotor(s) ou à séparation forcée. Effectivement ces machines ont la mauvaise réputation de malmener les pailles. Leur conception et leur intérêt les amènent à triturer la paille bien plus vigoureusement que les conventionnelles à secoueurs. Faire de la bonne paille avec ces machines  reste néanmoins tout à fait possible.Une bonne connaissance de sa machine et de bons réglages alliées à une récolte en dehors des heures les plus chaudes de la journée limiteront la casse des tiges : - le premier levier sur lequel vous pouvez agir : vitesse de batteur revu à la baisse ;- le second levier : un serrage affiné.Ces réglages (tableau préconisation 2011, page précédente) vous permettront en plus de préserver la paille d’assurer un battage de qualité - moins de casse et temps de séparation plus long donc plus efficace. Contrairement à l’idée reçue, comme pour le grain, ce n’est pas le serrage qui casse la paille mais les régimes excessifs… Respecter le grain c’est aussi respecter la paille…Sur les machines à séparation forcée, la baisse de régime des rotors de séparation  ménagera également la paille tout en assurant une séparation plus aboutie. Attention cependant à certaines machines où le régime trop lent des rotors peut conduire à un ralentissement du flux et donc risquer le bourrage. Autre avantage à baisser le régime de rotation des rotors, une baisse notable de la consommation carburant. 150 tr/mn de régime en moins au batteur (tant en conventionnelle qu’en séparation forcée ou machine à rotor) permet en moyenne une baisse de consommation de 3 à 5 l/ha.

Quels contre-batteurs pour quels espèces ?

- Les contre-batteurs mixtes (12 à 18 mm d’entre-fils) sont souvent limités dans leur capacité de friction si vous battez des céréales (blés, orges, triticales…),  et des accessoires agressifs supplémentaires (tôle d’ébarbage - segments de battage et barrettes d’aveuglement souvent montés de fait sur ces contre-batteurs) risquent de poser de gros soucis de qualité dans des colzas et des pois.


- Les contre-batteurs mixtes trouvent leur intérêt auprès d’agriculteurs battant du maïs grain et/ou de la grosse féverole. Les maïsiculteurs peuvent même s’orienter vers du contre-batteur maïs spécifique (entre-fils de 18 mm). Depuis quelques années, des contre batteurs mixtes autrement appelés universels sont mieux configurés et peuvent fournir de bons résultats dans le cas d’une charge élevée et régulière de machinenéanmoins, ce ne sera pas le cas en 2011…


- Les contre-batteurs céréaliers (5,5 à 12 mm). Ils conviennent à tous les autres agriculteurs : • optez pour de l’entre-fil de 6 à 8mm sur du battage céréales exclusivement ;• optez pour de l’entre-fil de 10,5-12mm sur du battage céréales - colzas - pois - petite féverole (plutôt du 12 mm).

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout l'Agriculteur Normand.

Les plus lus

GAGNEZ 2 PLACES POUR LE MATCH SM CAEN - PARIS FC
Jeu concours pour aller encourager votre club normand au stade d'Ornano !
Deuxième en partant de la droite, Philippe Denis a reçu dans sa ferme un parterre de responsables, dont Arnaud Rousseau (deuxième en partant de la gauche).
Tuberculose : Arnaud Rousseau à l'écoute des éleveurs
À l'occasion de sa visite dans l'Orne, Arnaud Rousseau s'est rendu à Landigou, sur l'exploitation de Philippe Denis, dont le…
Valentine Amette, 22 ans, céréalière, s'est lancée dans son projet de meunerie. La Farine de Valentine est disponible à la boulangerie de Pont-d'Ouilly, de Fresné-la-Mère ou encore chez elle, à Bazoches-au-Houlme, les premiers lundis du mois, de 9 h à 12 h.
Valentine Amette, agricultrice au champ et au moulin
Nous l'avions rencontré en fin d'année dernière, alors qu'elle se présentait au concours Miss agricole 2024. Alors aux champs,…
Toutes les animations sont gratuites (sauf la restauration et le baptême en hélicoptère).
Des bonshommes de paille débarquent dans la Manche
À la veille des moissons, les Jeunes agriculteurs ont monté des bonshommes de paille un peu partout dans la Manche. Un bon moyen…
Cette baisse des volumes a été annoncée alors même que "nous sortons d'une période compliquée", dénonce Yohann Serreau, président de l'OPNC (570 producteurs, 422 ml de lait).
Lactalis confirme la baisse de ses volumes
À l'assemblée générale de l'OPNC (Organisation de Producteurs Normandie Centre), organisée à Sées, dans l'Orne, en juin 2024 et…
"Transmission-installation, que peut-on faire de plus ?" Tel était le thème de la table ronde à laquelle participaient Clotilde Eudier (vice-présidente de la Région Normandie), Emmanuel Hyest (président de la Safer de Normandie), Anne-Marie Denis (présidente de la FRSEA Normandie), Emmanuel Roch (président de JA Normandie), Guillaume Larchevêque (Chambre d'agriculture Normandie) et Bruno du Mesnildot (Propriété privée 50).
Safer et installation : faire plus grâce à une volonté commune
"Nous avons toute une génération de jeunes à installer. On doit et on peut certainement faire mieux sous condition d'une volonté…
Publicité