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« Mon père faisait de la betterave, j’en fais, je pensais que mes enfants en feraient aussi »

Jeudi 19 septembre, la CGB Calvados, Orne, Sarthe a invité les planteurs à se mobiliser face au refus de Saint Louis Sucre d’indemniser les producteurs pour arrêt de production et perte de marges brutes. Une centaine de planteurs ont répondu présents.

© ED

lll « Nous vivons notre dernière campagne de betterave avec Saint Louis Sucre, il faut se rendre à l’évidence», déplore Patrick Dechaufour, président de la CGB Calvados, Orne, Sarthe. Après s’être vu refusé le plan de reprise de la sucrerie de Cagny par Saint Louis Sucre, les planteurs font face à un nouveau rejet de la part de l’industriel allemand de négocier une indemnité compensatrice pour arrêt de production et perte de marges brutes. Face à cette décision, le syndicat betteravier a invité les producteurs de betteraves à se mobiliser, jeudi 19 septembre, en bloquant le site de Cagny. « Nous ne pouvions pas ne pas réagir face à cet énième mépris. Nous sommes des chefs d’entreprise, nous ne sommes pas là pour tout casser. Cette manifestation a pour but de faire revenir SLS autour de la table afin de pouvoir travailler sur un plan d’indemnisation pour que les planteurs puissent opérer la transition vers l’après-betterave le plus sereinement possible », indique Benoît Carton, directeur de la CGB Calvados, Orne, Sarthe.

Des planteurs « licenciés »
Une centaine de planteurs a répondu à l’appel du syndicat betteravier. Parmi eux,  Christophe Olivier, agriculteur à Cesny-aux-Vignes (14). « Mon exploitation s’étend sur 145 ha, dont 30 ha de betteraves. L’année prochaine, je vais augmenter ma production de maïs et de colza, mais les marges brutes ne seront pas les mêmes », déplore-t-il. Autre point d’inquiétude pour le planteur : le matériel spécifique à la production de betterave. « Il ne vaut plus rien aujourd’hui. J’espère que Saint Louis Sucre fera un geste pour les planteurs, c’est pour ça qu’on est là. » D’autres producteurs sont même venus de l’Orne pour témoigner leur mécontentement. Philippe Mary est céréalier à Sées, « mon père faisait de la betterave, j’ai toujours fait de la betterave et je pensais que mes enfants en feraient aussi. Ça représente 20 % de mes cultures, presque autant de mon chiffre d’affaires », confie-t-il. Lui aussi espère un geste de la part de l’industriel allemand. « C’est grâce à nous que l’usine a toujours tourné. Maintenant qu’ils n’ont plus besoin de nous, ils partent sans rien nous laisser. Nous méritons plus de respect. J’ai l’impression de me faire licencier. »

Des avis partagés
Les avis et les sentiments sont partagés au sein des planteurs et les débats fusent : certains veulent en découdre avec l’industriel en n’arrachant pas leurs betteraves du premier tour du planning et en réalisant des blocages d’usines par intermittence. «  SLS nous menace de transférer des betteraves sur l’usine d’Etrépagny (27). Dans ce qu’à là, on ira bloqué dans l’Eure », clament-ils. Des planteurs plus modérés demandent à leur syndicat de travailler toutes les pistes juridiques exploitables pour rupture brutale de contrat et demander des dommages et intérêts. Certains d’entre eux soulèvent le fait qu’ils ont des contrats pluriannuels courant jusqu’à la campagne 2020 inclus.

Les salariés solidaires
À la pause déjeuner, assurée par François Lemarinier, artisan-boucher à Cagny, les salariés de l’usine sont venus apporter leur soutien aux producteurs. « Nous avons eu la chance de signer un plan social au mois de juin. Nous sommes solidaires des planteurs qui n’ont, pour l’instant, pas de plan d’indemnisation » soutient Loïc Touzé, délégué syndical Force ouvrière à la sucrerie de Cagny. Ce dernier ne comprend toujours pas la fermeture du site. « Ils ont augmenté la production de 30 % il y a trois ans. Avec la sécheresse de cette année, il va manquer près de 4 millions de tonnes de sucre en Europe. La politique de SLS est incompréhensible. » Les responsables du syndicat betteravier ont conclut la mobilisation vers 16h, en rappelant que « nous sommes des chefs d’entreprises avec des responsabilités. Cette dernière campagne betteravière devra bien se faire d’une manière ou d’une autre, les planteurs ont pour principe de tenir leurs engagements ». Les responsables syndicaux vont demander une nouvelle date de rencontre avec le fabricant sur les premiers jours d’octobre pour reprendre les discussions sur un plan d’accompagnement des planteurs.

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