Aller au contenu principal

« On ne peut plus travailler uniquement par passion »

Jean-François Osmond, producteur de lait et de porc à Giéville, aux portes de Saint-Lô, veut défendre la filière porcine, et surtout l’image qu’elle a pour permettre à des jeunes de rejoindre cette production.

© SB

>> Devenir agriculteur, c’était une évidence pour vous ?
Oh oui, je suis fils d’agriculteur ! Même si j’ai fait un peu de poney, je suis vite revenu à la ferme. J’ai toujours trainé dans les cours le mercredi ou le week-end, celle de mon père, ou celle des parents des copains qui étaient aussi agriculteurs. C’est une passion.

>> A quoi ressemblait votre exploitation à votre installation et quel outil souhaiteriez-vous transmettre ?
Je me suis installé en 2012 en EARL avec mes parents. Quatre ans avant, la mise aux normes a été effectuée. Ce qui nous a permis d’intensifier la production laitière et atteindre aujourd’hui une production de 700 000 l avec 90 vaches laitières (85 % de Prim’Hosltein et 15 % de Normandes), sur une surface de 125 ha. Nous avons aussi conforté l’outil et développé l’atelier porcin qui au départ était de 50 truies, puis 130 truies aujourd’hui. Un tiers est engraissé sur place. Et nous avons en projet l’année prochaine de développer un atelier d’engraissement sur paille pour la totalité des porcs. Ce qui nous permettra d’être naisseur engraisseur. Avec ce projet, nous valorisons à la fois les céréales et un bâtiment existant. Cela répond aussi une demande du consommateur.

>> Vous êtes engagé dans ces élections professionnelles, quelles sont vos motivations ?
J’y vais en tant que Jeune agriculteur et producteur de porc, le seul de cette filière. Nous sommes confrontés à des problèmes d’installation du fait du manque de rentabilité. Il nous faut réfléchir à des montages de dossier pour permettre à des jeunes de nous rejoindre parce que les banques sont frileuses.

>> A votre voisin qui n’est pas plus motivé que cela pour aller voter, que lui dites-vous ?
L’abstention peut être une crainte. Mais il nous faut aller voter pour avoir une meilleure représentativité de notre agriculture et la défense de notre profession. Notre liste JA/FDSEA est la plus représentative de toutes les filières. Il y a des gens avant nous qui ont travaillé dans ce sens. Ils ont œuvré à créer nos structures. On se doit de continuer l’engagement de nos ainés parce que rien n’est acquis.  C’est le seul moyen de faire entendre notre voix.  

>> Si vous êtes élu, sur quel (s) dossier (s) souhaiteriez-vous travailler ?
On doit travailler sur la simplification des parcours. Les JA ont œuvré pour obtenir une nouvelle modulation de la DJA devenue plus importante, à hauteur de 26 000 €. Notre nouveau challenge sera la transmission parce que dans les cinq prochaines années, le nombre de départs en retraite sera important. Il nous faudra trouver les candidats, veiller au montage financier et regarder la rentabilité de l’outil. C’est vrai pour toutes les filières et notamment la filière porcine à laquelle s’ajoute la question de l’image. La Chambre d’agriculture doit travailler sur cette image en mettant des moyens de communication pour faire connaître notre métier, ouvrir davantage les portes de nos exploitations, quitte à accompagner des aménagements pour accueillir du public. C’est une occasion de montrer la réalité du terrain.

>> Au-delà, quel doit être le rôle d’une Chambre d’agriculture ?
La Chambre d’agriculture est gérée par des agriculteurs. Son président est un agriculteur. Il porte la voix de tous les agriculteurs du département. Elle assure la défense sur le territoire de la profession. Sans Chambre d’agriculture, il n’y a pas de défense de l’agriculture.

>> Quelle est la question que l’on ne vous a pas posée mais à laquelle vous auriez souhaité répondre ?
Je voulais revenir sur notre projet d’engraissement sur paille. Au-delà de valoriser nos céréales et un bâtiment, il répond à une attente du consommateur. Mais je voulais mettre en garde. A vouloir créer des niches, on dévalue le reste de la filière. Nous ne devons pas mettre en opposition les modèles. Le prix est important et le consommateur le regarde. Les labels, le bio… ce n’est pas pour tout le monde. Faire des promotions, c’est une chose. Brader, c’est autre chose. Il ne faut pas trouver du porc à 1,30 €/kg ou du lait à 0,57 €/l. Il y a des promotions trop destructrices de la valeur. Derrière chaque produit, il y a le travail des producteurs. On ne peut plus travailler uniquement par passion, il nous faut un revenu.

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout l'Agriculteur Normand.

Les plus lus

GAGNEZ 2 PLACES POUR LE MATCH SM CAEN - PARIS FC
Jeu concours pour aller encourager votre club normand au stade d'Ornano !
Deuxième en partant de la droite, Philippe Denis a reçu dans sa ferme un parterre de responsables, dont Arnaud Rousseau (deuxième en partant de la gauche).
Tuberculose : Arnaud Rousseau à l'écoute des éleveurs
À l'occasion de sa visite dans l'Orne, Arnaud Rousseau s'est rendu à Landigou, sur l'exploitation de Philippe Denis, dont le…
Valentine Amette, 22 ans, céréalière, s'est lancée dans son projet de meunerie. La Farine de Valentine est disponible à la boulangerie de Pont-d'Ouilly, de Fresné-la-Mère ou encore chez elle, à Bazoches-au-Houlme, les premiers lundis du mois, de 9 h à 12 h.
Valentine Amette, agricultrice au champ et au moulin
Nous l'avions rencontré en fin d'année dernière, alors qu'elle se présentait au concours Miss agricole 2024. Alors aux champs,…
Toutes les animations sont gratuites (sauf la restauration et le baptême en hélicoptère).
Des bonshommes de paille débarquent dans la Manche
À la veille des moissons, les Jeunes agriculteurs ont monté des bonshommes de paille un peu partout dans la Manche. Un bon moyen…
Cette baisse des volumes a été annoncée alors même que "nous sortons d'une période compliquée", dénonce Yohann Serreau, président de l'OPNC (570 producteurs, 422 ml de lait).
Lactalis confirme la baisse de ses volumes
À l'assemblée générale de l'OPNC (Organisation de Producteurs Normandie Centre), organisée à Sées, dans l'Orne, en juin 2024 et…
"Transmission-installation, que peut-on faire de plus ?" Tel était le thème de la table ronde à laquelle participaient Clotilde Eudier (vice-présidente de la Région Normandie), Emmanuel Hyest (président de la Safer de Normandie), Anne-Marie Denis (présidente de la FRSEA Normandie), Emmanuel Roch (président de JA Normandie), Guillaume Larchevêque (Chambre d'agriculture Normandie) et Bruno du Mesnildot (Propriété privée 50).
Safer et installation : faire plus grâce à une volonté commune
"Nous avons toute une génération de jeunes à installer. On doit et on peut certainement faire mieux sous condition d'une volonté…
Publicité