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Observatoire des prix du lait

En cette fin d’année 2017, l’heure est au bilan quant aux prix payés par les entreprises laitières sur le territoire Normand. Alors que nous connaissons actuellement un contexte conjoncturel exceptionnel, Philippe Marie, Président de la Section Laitière du Calvados et Vice-Président de la Section Laitière Régionale, revient sur les prix pratiqués par les transformateurs Normands.

© TG

>> On remarque un rebond des prix assez important par rapport à l’année 2016, cette amélioration est-elle satisfaisante pour les éleveurs laitiers Normands ?
Les prix de base vont afficher en 2017 une reprise de l'ordre de 32 € / 1000 litres en moyenne comparé à 2016. C'est une amélioration substantielle, consécutive à la baisse de production mondiale. La conjoncture économique est plus favorable cette année qu’elle ne l’a été les deux années précédentes, il n’aurait donc pas été normal que les prix du lait ne profitent pas de ces embellies.

>> Pourtant, on entend toujours dire que les prix pratiqués ne permettent pas aux éleveurs laitiers de vivre de leur métier ?
Rappelons que cette reprise des prix  fait suite à une chute de 50 € en 2015 et 20 € en 2016, soit 70 € au total.
Elle est certes significative, mais demeure insuffisante pour envisager l'avenir avec sérénité, et surtout, combler les déficits de trésorerie subis depuis 2015.
Un prix du lait correct c’est celui qui permet à l’éleveur de couvrir ses coûts de production, de maintenir son outil de travail en bon état de fonctionnement, de réinvestir si besoin et surtout, de se verser un salaire ! On n’y est pas encore …
Il faut également qu'il apporte aux producteurs la motivation pour continuer leur activité. C'est une production qui demande de gros investissements en équipement et en travail ; le découragement reste une menace perpétuelle.

>> En 2017, il n’y a pas de gros écarts de paiement entre toutes les laiteries…
C’est vrai, en moyenne annuelle sur 2017, tous les transformateurs normands vont payer entre 310 et 320 € / 1000 L.
Il y a moins d'écarts en 2017 qu’en 2016 : 18 € / 1000 L de différence entre la laiterie la mieux disante et la moins disante cette année contre 36 € / 1000 L en 2016.
Les entreprises les moins disantes en 2016 ont rattrapé une grande partie de leur retard. Certains auront progressé de plus de 40 € / 1000 L. Cela dit, c'est bien légitime, bien souvent, ces entreprises avaient affiché des résultats économiques en nette amélioration en 2016, alors qu'elles avaient baissé le prix payé aux producteurs.

>> La « pénurie » de beurre relayée par les médias est-elle un nouveau levier de revalorisation du prix du lait ?
La pénurie de beurre n'existe pas, pas plus que la pénurie de matière première qu'ont voulu prendre comme prétexte les grandes surfaces pour justifier la situation. Du beurre, il y en a, pour ceux qui acceptent de le payer à son prix actuel.
Nous avons fait plusieurs actions sur toute la Normandie afin d’aller au contact des consommateurs et de leur expliquer la situation. C’était nécessaire, on ne peut pas continuer à mentir aux consommateurs de la sorte en rejetant la faute sur ceux qui produisent la matière première. Pour autant,  aujourd’hui, seul 20% du lait collecté en France est utilisé pour les fabrications de beurre. Cette faible proportion est une des raisons expliquant que le prix du lait ne suive pas la remontée exceptionnelle du cours du beurre.


>> Quelles sont vos attentes pour 2018 ?
L'évolution du prix du lait va rester dépendante, pour au moins 50 % de la conjoncture mondiale.
Celle-ci va être, entre autres, impactée par l'important stock européen de poudres de lait (plus de 300 000 tonnes, dues à la fin des quotas laitiers). A côté de cela, il reste au niveau français deux points importants qui peuvent faire évoluer favorablement le prix du lait. Le premier concerne la répartition de la valeur, qui est un élément important des Etats Généraux de l'Alimentation. Il est intolérable qu'en 2016 certains industriels laitiers aient augmenté leurs bénéfices en diminuant dans le même temps le prix payé aux producteurs.
Le second est de tordre le cou à la guerre des prix à laquelle se livrent les géants de la distribution, qui affaiblit toute la filière laitière, et en particulier les producteurs.
Le Président Macron a pris des engagements en ce sens, nous veillerons à ce qu'ils soient respectés.

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