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Guénhaël HUET, député de la Manche
OGM : passions et raisons

La parole à Guénhaël HUET, député de la Manche. Point de vue sur les OGM!

Je ne suis pour ma part ni un anti, ni un pro-OGM.
Je ne suis pour ma part ni un anti, ni un pro-OGM.
© DR
“Le débat parlementaire sur les organismes génétiquement modifiés a pris un tour de guerre de religion dont notre pays a le secret, ce qui d’ailleurs ne constitue pas nécessairement un vice et encore moins une tare.
Il n’en est pas moins vrai que la vivacité des débats à l’Assemblée Nationale, les manifestations organisées par les anti-OGM, les affirmations assénées par les pro-OGM, les déclarations de Jean-François LE GRAND puis celles de la secrétaire d’Etat Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET ont créé un climat tendu et ont jeté un trouble dans l’opinion publique.
Dans ce contexte fébrile, il est nécessaire de prendre un peu de recul, de retrouver une certaine objectivité et de passer des passions aux raisons.
Tout d’abord, il faut rappeler que le texte présenté au Parlement est la transcription de directives européennes qui s’imposent à la France.
L’une de ces directives date de mars 2001 et avait été acceptée par le Gouvernement de monsieur JOSPIN et notamment par madame VOYNET, alors Ministre de l’Environnement.
Il y a donc sur ce sujet une responsabilité politique partagée qui impose de rappeler à la modestie ou au moins à la prudence un certain nombre d’esprits énervés et amnésiques.
En clair, les directives européennes acceptées par la France interdisent aujourd’hui d’interdire les OGM.
Une telle attitude serait en effet contraire au droit européen et la France serait sanctionnée par la commission et par la cour de Justice des Communautés européennes.
Pire encore, cette éventuelle mais impossible interdiction n’aurait ni sens ni portée car l’importation de cultures OGM produites à l’étranger ne serait pas non plus possible en application des règles qui régissent le commerce international, règles également acceptées par l’Europe et donc par la France.
Ainsi il faut savoir que 80% de l’alimentation animale se fait, dans notre pays, à base de tourteaux de soja importés contenant des OGM.
Le texte actuellement débattu au Parlement a, dans ces conditions, une vertu incontestable : celle d’encadrer ou, si l’on préfère, de poser des conditions à la production des cultures d’OGM.
Sur ce plan, la loi institue un haut conseil des biotechnologies composé à la fois de scientifiques et de représentants de la société civile.
Ce haut conseil a, comme son nom l’indique, mission de formuler des avis et des recommandations avant que les pouvoirs publics accordent ou non l’autorisation de produire des OGM.
La loi définit également les conditions de coexistence entre cultures OGM et cultures classiques en imposant notamment des règles de distance et des précautions relatives au respect de l’environnement et des écosystèmes locaux.
Enfin, la loi définit un régime de responsabilité des producteurs d’OGM en cas de dissémination et prévoit un système de transparence et d’information du public.
Au total, le texte introduit dans notre droit des dispositions qui n’existaient pas jusque là et qui constituent des garanties inspirées à la fois du principe de précaution inscrit dans notre constitution et des travaux du Grenelle de l’environnement.
Bien sûr, ce texte n’est pas parfait mais quel texte l’est ?
Toute norme juridique, donc toute loi, est toujours un compromis entre la liberté des uns et la sécurité des autres.
Il y a enfin, et quand même, un point sur lequel tout le monde est d’accord : il s’agit de la recherche médicale qui permet de mettre au point, par transgénèse, des médicaments indispensables au traitement de certaines maladies particulièrement invalidantes chez les enfants telle que la mucoviscidose.
Il n’est pas non plus interdit de s’interroger sur l’apport des cultures OGM pour lutter contre la faim dans le monde.
Des espèces génétiquement modifiées peuvent en effet être cultivées sans ou avec très peu d’apport d’eau, et peuvent de ce fait constituer une réponse à la production agricole de nombreux pays touchés par la sécheresse.
On peut certes objecter que le règlement des famines est également politique et nécessite la présence d’un pouvoir démocratique qui ait pour ambition et pour objectif de nourrir convenablement les populations.
C’est un argument valide mais on doit également reconnaître qu’un gouvernement, même démocratique, ne peut distribuer que ce qu’il a. Or, aujourd’hui certains pays n’ont strictement rien.
Je ne suis pour ma part ni un anti, ni un pro-OGM.
J’ai depuis plusieurs semaines, en prévision de ce débat, écouté ou lu les avis des uns
et des autres sans aucun apriori ni aucune exclusive.
Je n’ai subi aucune pression de qui que ce soit.
J’ai voté, en conscience, un texte qui était nécessaire et qui m’est apparu équilibré.
J’ai, au final, choisi de me prononcer sur des raisons plutôt que de me perdre dans des passions”.
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