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A Paris, son “Altesse” sera présente

Originaire des verts pâturages de l’Auvergne, cette race s’est fait une belle place au soleil de Normandie. Bernard Ropert représentera une nouvelle fois la Manche au SIA cette année.

© EC

Elles ne se bousculent pourtant pas au portillon de la sélection parisienne les Salers
normandes, mais une au moins portera les couleurs du département. “Altesse” (fille de “Texas”) largement indexée à plus 100, déjà présente au dernier Space, concourra dans une section “femelles âgées”. “En Manche, nous avons environ 2 000 femelles répertoriées” explique Bernard Ropert, installé à Sotteville, petite commune située à quelques encablures de Cherbourg. Dire que notre éleveur se révèle au fil des ans une référence en la matière est un pas que nous n’hésiterons pas à franchir. Accompagné de son épouse Cécile et de son fils Florian (pour le moment vacher de remplacement) c’est une véritable saga qu’il déroule dans une salle à manger largement décorée par les trophées raflés depuis dix ans dans les concours.

Reconversion forcée
La saga commence par un départ. “Mes parents avaient une petite exploitation en production laitière. Pas de quoi vivre dessus réellement ; en plus il y avait l’astreinte de la traite. Comme beaucoup, je suis parti à l’arsenal de Cherbourg tout en gardant un œil sur la ferme, et ce depuis 1982”. Problème, voici 10 ans pour échapper à la maladie de l’amiante, Bernard est obligé de se reconvertir illico presto. Retour aux sources mais en jouant une autre carte, celle des allaitantes. “Les premières étaient croisées avec des Charolaises. On s’était tout de même renseigné sur la Salers auparavant. En fait, nous avons eu un coup de cœur”. Aujourd’hui, notre éleveur possède 35 femelles en race pure. “Depuis le début, on a travaillé la génétique sérieusement et c’est là que tout a commencé à bien fonctionner”. Entre-temps, Bernard a fait appel à Bovins Croissance (aujourd’hui Littoral Normand) pour pointer les animaux. “J’ai eu beaucoup de chance en rencontrant Laurent Hédou, directeur de la structure. Un vrai passionné lui aussi. Il a effectué un état des lieux en 2002 ; autrement dit les animaux présents ont été triés. Grâce à lui, nous avons misé sur la qualité plutôt que la quantité”. En clair, grâce à la sélection,
Bernard Ropert peut vendre des reproducteurs de haut niveau. “On aurait pu jouer la carte de
la viande, de l’engraissement ;
j’avais même trouvé des acheteurs parisiens. Je ne regrette rien. Mon objectif, reproduction et développement de la race reste plus que jamais d’actualité”.

12 à 13 veaux par femelle
Les spécificités de la Salers? “99 % de vêlages sans intervention, race rustique, facilité d’élevage et qualités bouchères indéniables”. Les femelles à Sotteville vieillissent fort bien. “Parfois, on va jusqu’à 12 ou 13 veaux. Ensuite la mère réformée est commercialisée par le biais d’un groupement”. L’âge au premier vêlage se situe à 36 mois avec un IVV de 357 jours. “Deux taureaux pour la monte naturelle sont sur l’exploitation, mais on pratique aussi l’insémination pour amener du sang neuf”. Les souches sont soigneusement choisies. “Dernièrement, on a misé sur “Concerto” et “Séducteur” ; les spécialistes apprécieront. Côté alimentation, pas de complication là non plus. “Enrubannage, foin, petite ration de maïs et un complément azoté l’hiver. En période estivale, de l’herbe uniquement et le cas échéant du foin. Pour moi, l’herbe doit être valorisée au maximum, c’est une priorité”.
Sur la ferme, pas d’installations compliquées ni d’investissements onéreux. Une trentaine d’hectares, un bâtiment de sto-ckage et une petite stabulation. “Même si l’on ne trait pas, on passe du temps avec les animaux, ils sont choyés”. Autre fierté de notre homme, par ailleurs président du pôle des races allaitantes de la Manche, “avoir introduit et organisé, avec d’autres éleveurs, la quatrième race à viande de la Manche”. Une viande que Bernard voudrait bien voir monter en terme de prix. “C’est le revenu des naisseurs et des engraisseurs qui est en jeu. Les hommes politiques doivent nous défendre ; d’autant plus que la Salers fournit un bon complément pour celui qui veut installer un atelier complémentaire à celui du lait par exemple”.
Laurent Hédou, l’homme de Bovins Croissance, a aussi fait connaître à Bernard Ropert le monde fascinant des concours. “Il nous a, là aussi, motivés et poussés à aller de l’avant. Grâce à lui encore une fois, la race est présente à Lessay chaque année”. Du coup, c’est la troisième fois que l’élevage participera au Salon de l’Agriculture. “Je pense d’ailleurs que c’est la seule Salers de Normandie à monter à la capitale. C’est vrai, nous sommes tous fiers de participer à cette épreuve. Après tout c’est l’aboutissement d’un long travail”. La concurrence sera pourtant rude face aux représentantes venant du Cantal notamment. “Notre vache a fini seconde de sa section au SPACE ; elle a toutes ses chances d’autant plus qu’elle est vraiment au top en ce moment”. L’animal sera amené par un petit transporteur local, “cela nous évite d’avoir un véhicule et une bétaillère sur place, d’autant plus qu’“Altesse” sera présente toute la semaine à Paris”. Rendez-vous mercredi 25 février, jour du concours Salers ; une belle surprise sera peut-être au rendez-vous pour la famille Ropert et l’élevage manchois.


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