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Patrice Lepainteur, président de la FDSEA du Calvados
Participer pour contribuer au débat

Après une année 2009 particulièrement éprouvante pour les agriculteurs, Patrice Lepainteur (président de la FDSEA du Calvados) commente les faits essentiels de l’année et appelle tous les agriculteurs à participer au débat sur les grands enjeux de demain.

“La FDSEA va organiser une tournée départementale dans quelque semaines sur le sujet de la contractualisation. Il s’agira de donner de l’information et de recueillir des suggestions. J’appelle donc tous les producteurs de lait à participer et donc à contribuer au débat.
Sur les autres sujets, nos assemblées cantonales vont se dérouler en janvier et février. La aussi, plus nous serons nombreux, plus les discussions seront riches”. 
“La FDSEA va organiser une tournée départementale dans quelque semaines sur le sujet de la contractualisation. Il s’agira de donner de l’information et de recueillir des suggestions. J’appelle donc tous les producteurs de lait à participer et donc à contribuer au débat.
Sur les autres sujets, nos assemblées cantonales vont se dérouler en janvier et février. La aussi, plus nous serons nombreux, plus les discussions seront riches”. 
© TG

Quel bilan dresser de l’année agricole 2009 ?
Tout juste dix ans après la tempête de 1999 qui nous a fait mettre un genou à terre, nous subissons de plein fouet une nouvelle catastrophe mais économique cette fois. Pourtant 2009 a été une bonne année “agronomique” mais désastreuse en termes de prix payés aux producteurs sur toutes les filières : lait, céréales mais aussi viande bovine car la hausse prévisionnelle annoncée du revenu des éleveurs spécialisés ne correspond pas à la réalité du terrain. Les éleveurs bovins empilent les prêts de trésorerie et de consolidation, aggravent leurs dettes fournisseurs sans parler de l’impact négatif de la FCO (baisse des vêlages, augmentation des frais vétérinaires...).
Je pense aussi aux producteurs de porcs en crise depuis 2007. Ils ne voient pas le bout du tunnel avec un prix à 1,024 e la semaine dernière au cadran alors que le seuil de rentabilité se situe aux alentours de 1,35 e. 

2010 ne peut être que meilleur ?
J’ose l’espérer mais au niveau des céréales, c’est le marché mondial qui dicte sa loi. C’est en partie vrai aussi sur le lait dépendant entre autres des produits industriels. La volonté de la commission européenne de démanteler les filets de sécurité et les outils de régulation nous a conduit droit dans le mur. Pourtant, cela fait bien longtemps que nous avions tiré la sonnette d’alarme.

C’est un constat d’échec pour le syndicalisme que vous représentez ?
Nous n’avons pas réussi à faire infléchir la commission européenne sur sa vision libérale. C’est pour cela que nous continuons à nous battre pour remettre de la régulation dans toutes les filières.  C’est un point qui doit nous rassembler. Rassembler toutes les sensibilités syndicales.

Un point de convergence mais le gros point de divergence entre les agriculteurs en 2009, ça a été la grève du lait. Avec un peu de recul, ne regrettez-vous pas de ne pas lui avoir emboîté le pas ?
Loin de moi l’idée de critiquer cette initiative. C’est tout à l’honneur de chacun de s’investir dans la défense professionnelle. Pour autant et parce que nous étions persuadés que nous n’obtiendrions rien par cette action, nous n’avons pas, au nom de la FDSEA, appelé à participer à cette grève du lait. Il y aurait eu quelque chose d’hypocrite de dire “allons-y” dans ces conditions. 

Vous auriez pu cependant participer aux opérations dons de lait ?
Nous sommes déjà présents sur ce terrain avec la Banque Alimentaire en fin de campagne, et ce, depuis très longtemps. Ça aurait été démagogique et finalement se donner bonne conscience que de laisser les uns jeter leur production et inviter les autres à faire don de quelques litres de lait. 

Les grévistes ont cependant gagné la guerre de l’image ?
C’est incontestable. L’action a été très médiatique et l’opinion publique a pris fait et cause pour des producteurs plongés dans un profond désarroi. Mais les médias, si ça vous suit, ça peut vous lâcher aussi. Même quand votre combat est légitime. J’ai d’ailleurs l’impression qu’ils commencent à se lasser. Attention donc à la surenchère par l’image. Elle ne suffit pas à faire bouger les lignes. On le voit bien.

Qu’est-ce qui vous différencie des autres syndicats ?
Avant tout notre présence sur tous les dossiers de la profession. Ils ont été nombreux en 2009 et nous n’avons pas failli à nos obligations en travaillant à tous les échelons : communal, cantonal, départemental, régional, national et international. Tout n’a pas été couronné de succès mais nous avons engrangé des résultats au profit de tous les agriculteurs.

Exemple ?
Le dernier en date, c’est l’assouplissement BCAE (Bonnes Conditions Agricoles Environnementales) sur prairies qui nous menaçait. FNSEA, FRSEA et FDSEA ont obtenu que tout agriculteur puisse retourner ses prairies moyennant la réimplantation de surfaces équivalentes alors que les pouvoirs publics voulaient figer définitivement les surfaces en herbe. 
On peut citer également la mise en place du dispositif “éléments topographiques” avec 1 % en 2010, 3 % en 2011 et 5 % en 2012. A la demande de la FNSEA, le ministre de l’Agriculture pourrait revoir sa copie pour rester à 3 % en 2012 alors que FNE (France Nature Environnement) réclamait 10 %.
Enfin, il y a le dossier biocarburant. La profession s’est investie dans l’organisation de cette filière et a développé des outils.  Cela a permis de maintenir le prix du colza. 
Sur tous ces dossiers, nous proposons, nous suggérons, nous participons, nous agissons... J’aimerais que ceux qui nous critiquent reconnaissent néanmoins ces avancées. 

On vous a aussi reproché de trop focaliser votre combat sur la grande distribution. Vous seriez-vous trompé de cible?
Parfois contre vents et marées, nous avons réussi à mettre en place l’observatoire des marges. Il nous semblait légitime de demander des comptes à la grande distribution. Cela demande beaucoup d’investissement sur le long terme mais l’outil commence à porter ses fruits. Notons d’ailleurs que les consommateurs, à travers leur association UFC-Que Choisir, apportent de l’eau à notre moulin. “Oui la grande distribution réalise des marges abusives. Oui la grande distribution répercute toujours la hausse des prix agricoles quand ils montent. Quasiment jamais ou dans des proportions insignifiantes quand ils baissent”.

”Contractualisation” est presque devenu un gros mot. Pourquoi fait-elle si peur ?
Arrêtons d’agiter le chiffon rouge. La contractualisation, il faut la bâtir avant qu’on nous l’impose. A défaut de régulation, il faudra bien qu’entre entreprises et producteurs, on s’engage sur des volumes et des fourchettes de prix. D’ailleurs, en multipliant l’un par l’autre, on aura une meilleure visibilité de la rentabilité de nos ateliers. La FDSEA va organiser une tournée départementale dans quelque semaines sur ce sujet. Il s’agira de donner de l’information et de recueillir des suggestions. J’appelle donc tous les producteurs de lait à participer et donc à contribuer au débat.
Sur les autres sujets, nos assemblées cantonales vont se dérouler en janvier et février. La aussi, plus nous serons nombreux, plus les discussions seront riches. 

Contractualisation mais on parle aussi beaucoup de restructuration. Agrial et Elle et Vire, sur le dossier lait, pourraient faire route commune. Un plus pour les producteurs ?
En temps que producteur de lait, je ne peux que me féliciter que nos outils de collecte ou de transformation coopératifs, mis en place par nos parents ou grands-parents, se restructurent pour s’adapter aux nouvelles donnes. Soulignons que nos coopératives ne sont que des outils et qu’il nous appartient de les réformer. Sur ce dossier aussi, chaque producteur doit s’exprimer. 

Sans sombrer dans le misérabilisme, en terme de revenu, on ne peut qualifier 2009 que “d’année catastrophique”. Que dire aux jeunes qui frappent à la porte ?
On a tous connu des années noires. On a tous connu des années catastrophiques mais ça ne nous donne pas le droit de nous décourager. Le métier d’agriculteur a de l’avenir et nous avons besoin des jeunes. Devenir agriculteur se raisonne sur du long terme. Ce qui a changé, c’est qu’aujourd’hui chaque projet d’installation doit être encore plus mûri et réfléchi qu’auparavant.

Plus réfléchi en s’appuyant encore plus sur les OPA (Organisation Professionnelle Agricole) et leurs conseillers ?
On ne peut pas se passer de leur expertise. Elles font d’importants efforts pour s’adapter, pour apporter des services toujours plus pertinents et pointus. Il ne faut surtout pas, plus particulièrement en temps de crise, les stigmatiser.

Pourtant, vous n’avez pas voté le budget de la Chambre d’Agriculture. C’est de la politique politicienne ?
Pas du tout, ça répond à une autre logique. La crise est profonde. Ne pas augmenter l’impôt Chambre aurait été un signe fort, une preuve de solidarité. Au lieu de cela, il a été voté une augmentation de 1,3 %. On crée une charge supplémentaire pour les agriculteurs alors que le revenu 2009, toutes productions confondues, est en chute libre. C’est contradictoire. Ce n’est pas du bon sens paysan.

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