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De l’argile dans le sous-sol
Pas forcément une tuile

A Neuilly-la-Forêt (14), ils travaillent la terre et trouvent des vertus à l’argile. Derrière ce “ils” se cache Terreal. Le groupe est notamment spécialisé dans la fabrication de tuiles. Après exploitation du sous-sol, les parcelles peuvent retrouver une vocation agricole.

© VM
Dans certaines parcelles de Neuilly-la-Forêt, les pelleteuses remplacent provisoirement les tracteurs. Les engins ont retiré la plus ou moins fine couche de terre végétale. Dans ce bain d’argile gigantesque, l’agriculture a provisoirement cédé sa place. L’ocre de la terre rappelle celui des tuiles ou des briques. Ces terres argileuses, causes de faibles rendements pour les cultivateurs, se nomment gisements pour la société Terreal.
Pour trouver le puits idéal, le groupe sonde analyse les terrains. L’argile de Neuilly-la-Forêt a donc ses vertus aux yeux de l’industriel. Les mètres cubes extraits sont traités à l’usine de Bavent. “Chaque argile est unique. Chacune correspond à un procédé de fabrication. L’argile de Neuilly-la-Forêt apporte une meilleure résistance mécanique. Elle a également permis de baisser la température des tuiles. Moins de degrés Celsius, ce sont des économies de gaz”, explique Jean-Denis Gariel, responsable carrière-pôle tuile Nord.

2 ans pour retrouver ses rendements après la remise en culture
Pour les agriculteurs, l’argile n’est pas qu’une tuile. Il y a 10 ans, la famille Richart a ainsi négocié avec le groupe Terreal. A l’origine, elle était propriétaire de 10 des 40 hectares de carrières de l’industriel. Les agriculteurs ont vendu leurs terres. Mais, ils les exploitent avant et après extraction de leur matière première. Avant et après… Car une fois l’argile du sous-sol prélevée, les terres sont remises en cultures. “La terre végétale est stockée. A l’issue de l’extraction, elle est étalée sur la parcelle”, précise Jean-Denis Gariel. A Neuilly-la-Forêt, la topographie des terrains baisse d’environ trois mètres. La surface s’aplanit. La terre est nivelée. “Une parcelle bombée deviendra plate ou en pente douce”, précise le représentant de Terreal.

6 hectares de gelé sur 40
Sur les 10 hectares vendus par la famille Richard, Terreal gèle actuellement trois hectares pour l’extraction.  Et sur la totalité du site (40 ha), l’industriel mobilise 6 hectares.  Les agriculteurs bénéficient d’un bail à tarif adapté. Le prix est censé compenser la chute de rendement provoqué par l’extraction. “La contrainte est de récréer une vie microbienne dans le sol. Nous avons donc mis du trèfle qu’on a broyé pour ramener de l’humus”, explique Nathanaël Richart. La remise en culture nécessite un peu de patience. “La deuxième année, le rendement redevient correct. Mais, il ne faut pas directement mettre de blé car ça pompe dans le sol”, souligne le jeune agriculteur.
L’accord passé avec Terreal semble satisfaire l’exploitation agricole. La famille n’avait pas d’attachement particulier à ces terres. Leur potentiel s’avère assez faible (60 qx de moyenne). Ces parcelles sont également situées à une quinzaine de kilomètres de la ferme.  Reste à connaître la volonté de Terreal une fois l’extraction terminée sur la totalité du site. “A la fin de la mise à disposition des terres, on peut recéder la parcelle aux exploitants ou la louer. Le foncier ne nous intéresse pas. Nous tenons à notre réputation pour que d’autres agriculteurs nous fassent confiance. Le sous sol demeure notre fond de commerce”, insiste Jean-Denis Gariel.

Nouvelles négociations avec la SAFER
Outre la famille Richart, d’autres agriculteurs ont cédé leurs terres à Terreal sur le secteur de Neuilly-la-Forêt. La négociation s’est déroulée sous l’égide de la Safer. “Nous faisons les études de sol. Nous réalisons des études zoologiques pour identifier les zones favorables”, explique l’industriel. L’expert en tuile adonc choisi de déléguer les négociations et les discussions avec les propriétaires. A chacun son métier, la Safer de Basse-Normandie se charge donc des tractations avec les propriétaires et les exploitants agricoles.  La Safer réalise donc une Convention de Mise à Disposition (CMD) avec Terreal et une Convention de Mise en Exploitation (CME) avec les agriculteurs. “Nous sommes là pour apporter notre expertise. Exemple avec les DPU, c’est typiquement le genre de système incompris par les personnes hors du monde agricole. On sait qu’un DPU ne se perd pas s’il n’est pas activé deux années de suite”, souligne Olivier Godart, conseiller collectivité à la Safer de Basse-Normandie. Concernant le prix du foncier : pas d’action de régulation utile.  Terreal achète et vend les terres au prix agricole. Car selon Jean-Denis Gariel : “le sous-sol n’a de valeur que si on dispose des outils de transformation”.
Le groupe Terreal
Fabricant de matériaux de construction en terre cuite, TERREAL propose des systèmes constructifs dans ses trois domaines : la toiture (tuiles, cheminées, panneaux solaires, composants métalliques), la structure (murs porteurs en briques) et la façade (vêtures, bardages en terre cuite et murs-manteau).
L’argile extraite à Neuilly-la-Forêt est dédiée aux tuiles plates rustiques. Ces dernières sont fabriquées à Bavent à partir d’un mélange de terre et de sable. L’usine est approvisionnée à hauteur de 40 000 tonnes par le site du Bessin, et aux environs 30 000 tonnes par une carrière jouxtant le site de transformation. « Le travail de prospection est permanent’, résume Jean-Denis Gariel.
A l’international, Le groupe TERREAL réalise environ 400 millions d’euros de chiffres d’affaires et compte
2 700 salariés dans le monde dont 1.600 en France. TERREAL possède 25 sites industriels en France, Italie, Espagne, USA, Malaisie et Indonésie.
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