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Patrice Gauquelin : « profiter de la conjoncture pour repenser le partenariat ETA/agriculteur »

EDT (Entrepreneurs Des Territoires) Normandie tient son assemblée générale demain, vendredi 29 janvier, à Villers-sur-Mer (14). Subissant les contrecoups des crises agricoles, Patrice Gauquelin, son président, invite à repenser le partenariat entreprise de travaux agricoles/agriculteur.

© TG

Les entrepreneurs de travaux agricoles de Normandie ont-ils le moral ?
Nous ne sommes pas épargnés par le climat ambiant de morosité dans les campagnes. Le prix du lait, les crises bovine et porcine, la suradministration souvent mal perçue dans les exploitations, les contraintes environnementales (...), tous ces soubresauts, nous les ressentons au quotidien dans notre relation avec nos clients-agriculteurs.

Avec quelles conséquences économiques ?
Nos encours dans les exploitations n’ont jamais été aussi importants. Nous disposons des chèques en comptabilité mais nous attendons le feu vert pour les encaisser. C’est une situation difficile pour tout le monde mais nous la comprenons.

La crise agricole, par ricochet, peut-elle faire tache d’huile dans les ETA ?
A moyen terme et en combinant plusieurs facteurs, sans doute. Si à des difficultés de recouvrement s’ajoutent des chantiers exécutés en dessous de leur prix de revient ou des erreurs d’investissements dans le parc matériel, les problèmes de trésorerie risquent de devenir cruciaux.

A un agriculteur qui a des difficultés de paiement des prestations de service qu’il a fait faire auprès d’une ETA , que lui conseillez-vous ?
Surtout d’en parler avec son entrepreneur. Je me répète, nous comprenons la situation mais la politique de l’autruche en la matière est la pire. Nous sommes avant tout des apporteurs de solutions. Je pense par exemple à un échéancier qui peut permettre de passer un cap difficile. Au-delà, c’est peut-être l’occasion de repenser de façon globale le partenariat ETA/agriculteur. 

Qu’entendez-vous par là ?
Je crois que la France est championne d’Europe de l’équipement, voire du suréquipement, en matériels agricoles avec ses conséquences parfois positives à court terme au niveau des impôts mais plus souvent négatives à moyen terme en cas de crise. J’appelle donc de mes vœux à un changement des mentalités. Il ne faut plus voir la prestation de services comme une dépense ou une charge mais comme un investissement, comme une stratégie d’entreprise, comme un axe de développement, comme une source d’économies financières, mais aussi de son capital santé avec une moindre pénibilité du métier d’agriculteur. Il ne faut plus penser uniquement ETA dans l’urgence au moment de la récolte mais l’intégrer dans une réflexion à long terme. C’est d’autant plus vrai que les exploitations grandissent. C’est d’autant plus vrai pour les jeunes installés.

Disposez-vous des moyens de votre ambition ?
Il nous faut aussi balayer devant notre porte. Nous devons réfléchir de façon plus collective à notre devenir, proposer de la formation aux chefs d’entreprises que nous sommes mais aussi à nos employés pour relever les défis de demain, prendre le temps d’échanger avec nos clients-agriculteurs ailleurs que du haut de la moissonneuse-batteuse ou de l’ensileuse. C’est la mission d’EDT Normandie : apporter du service à ses adhérents.

EDT Normandie, c’est aussi un syndicat, ce n’est pas une sinécure ?
Nous sommes logés à la même enseigne que les autres syndicats. Quand tout va bien, on nous oublie et on oublie le travail que nous avons fait. Quand ça va mal, on nous dit : “que fait le syndicat ?” J’appelle donc à plus de solidarité et au sens des responsabilités. Seuls, chacun dans son coin, nous ne sommes rien. Groupés, nous pouvons peser sur le cours des choses.

Quels sont vos acquis ?
Nous avons bien travaillé avec le Conseil régional, version Basse-Normandie, en obtenant des fonds y compris européens d’aide à l’investissement dans des matériels à caractère agrienvironnemental (bineuse, chaine verte...). Avec le soutien de la nouvelle équipe, nous espérons que ce dispositif sera élargi à toute la Normandie. 

Par contre, concernant le dossier taillage des haies pour lequel vous aviez manifesté le 17 juin dernier à Laval, vous n’avez pas obtenu gain de cause ?
Il s’agissait d’une revendication nationale, portée d’ailleurs aussi par la FNSEA, qui n’a pas abouti. Certaines ETA, spécialisées dans ce secteur, en ont fait les frais et ont vu leur chiffre d’affaires baisser de façon significative. Je ne suis pas contre la protection de l’environnement mais ne plus pouvoir tailler les haies, juste avant les semis de maïs comme beaucoup d’agriculteurs nous le demandaient, ne portait pas, je crois, préjudice à la faune. Autre dossier qui nous a pénalisé, la disparition du dispositif d’exonération des cotisations patronales concernant les TODE (Travailleur Occasionnel Demandeurs d’Emplois). La facture est salée, nous l’estimons à 300 € net supplémentaires par mois et par salarié.

Le Président de la République vient d’annoncer un énième plan emploi. Vous êtes concernés ?
Si vous faites référence à la prime de 2 000 € d’aide à l’embauche d’un chômeur, non. C’est plus d’allégements de charges et de simplification administrative dont nous avons besoin. Un sentiment partagé aussi, je pense, par les agriculteurs.

(1) : EDT Normandie (Entrepreneurs Des Territoires) Maison des Entreprises,
1 place Louis Delaporte BP 14 50600 St-Halaire-du-Harcouët
Tél. 02 33 79 33 72
Mail: contact@edtnormandie.com
Web : www.edtnormandie.com

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