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Environnement
Planter une haie bocagère

La réussite d’une plantation de haies bocagères tient à la qualité et au suivi de l’intervention.

Le bocage fait partie du patrimoine paysager de la plupart des départements du grand Ouest. Pour la Haute et la Basse-Normandie, le bocage représente 117 000 kilomètres de haies(1) dont 53 000 kilomètres uniquement pour le département de la Manche. Le bocage représente un atout environnemental important en terme de protection, de richesse écologique et de patrimoine. Sa valorisation et son entretien passent nécessairement par des plantations visant à régénérer les haies vieillissantes mais aussi pour créer de nouveaux linéaires adaptés au parcellaire actuel. Pour la mise en œuvre de ces plantations, on rencontre alors différentes situations telles que la création de haies nouvelles à plat ou sur talus et la rénovation de haies existantes par regarnissage. Pour réussir ces travaux de plantations le respect de règles techniques s’impose.

Préparation du sol
La préparation du sol est une étape essentielle qui a pour but de favoriser la reprise et l’enracinement des jeunes plants.
Dans le cas d’une plantation à plat, et selon les antécédents de la parcelle, on prévoit un décompactage (sous-solage) en profondeur pour casser la semelle de labour lorsqu’il s’agit d’une parcelle qui a été cultivée. On réalise de façon systématique un émiettage réalisé à l’aide d’un outil qui ne lisse pas le sol (type rotobêche). La largeur de travail dépendra du nombre de lignes d’arbres. Le plus souvent, on plante une seule ligne de plants. Dans ce cas, un travail du sol sur une largeur d’1,30 mètre suffit. Ce travail permet l’obtention d’une surface plane pour mécaniser le déroulage de la bâche et donc de réduire le coût de la plantation.
Pour rénover ou créer une haie sur talus, il est nécessaire de préparer le sol à l’aide d’une pelle hydraulique. Dans le cas d’une haie existante sur talus, la terre a été lessivée et a besoin d’être renouvelée. Entre les souches, la terre de talus est retirée et rechargée en bonne terre. D’une façon générale, la terre est prélevée en bonne terre sur une dizaine de mètres de large. La pelleteuse effectue alors un calibrage du talus de forme trapézoïdale avec un sommet plat suffisamment large pour faciliter la mise en place du paillage.

Plantation
La plantation se réalise de fin novembre jusqu’au 31 mars. Les périodes de gel ou de neige seront évitées. Il est important de soigner la mise en place du jeune plant. Dans le cas de travaux manuels sans préparation de sol préalable, il est nécessaire de réaliser un potet (trou) de 30 x 30 x 30 cm. Pour le choix des végétaux, la reprise est améliorée en utilisant de jeunes plants de type forestier âgés de 2 à 3 ans, de 50 à 80 cm de hauteur et dont les origines génétiques respectent l’arrêté préfectoral en vigueur. L’intérêt d’utiliser ce type de plants facilite la reprise, limite la taille du trou de plantation et évite l’arrosage (opération rarement possible pour ce type de plantations). A la mise en place, il est possible de tailler les racines en veillant à simplement couper l’extrémité des racines. La réalisation d’un pralinage (mélange de terre 2/3, eau 1/3 et bouse 1/3) facilite la reprise et l’installation d’un jeune plant. Ce pralinage est préconisé pour les plantations en terrains difficiles et notamment pour les talus dont la terre est appauvrie. Lors de la plantation, il faudra veiller à limiter au maximum l’exposition des racines au vent.
En règle général, l’espacement entre les plants varie de 0,5 mètre à 1 mètre. Au-delà, les végétaux mettraient trop de temps à s’imbriquer et former une continuité végétale uniforme. Selon la catégorie des plants, l’espacement  variera de 5 à 10 mètres pour les hauts jets, de 2 à 5 mètres pour les cépées (arbres de taillis) et de 0,5 à 1 mètre pour le bourrage. Concernant la répartition par espèces, il est conseillé de privilégier un mélange aléatoire par tâches de 2 à 3 plants et de varier les séquences afin de donner un aspect naturel à la haie. Le choix des espèces devra se faire parmi les essences locales et en fonction des conditions pédoclimatiques et des objectifs de la plantation. Par exemple, pour produire du bois énergie, certaines essences sont reconnues pour être plus productives et faciles à exploiter (frêne, châtaignier, érable sycomore, charme, érable champêtre…).

Paillage
Les bâches plastiques tendent à être abandonnées au profit des paillages biodégradables. En effet, le plastique est rarement retiré après l’installation des plants. Il finit alors par se morceler puis se disperser dans les parcelles. Il présente également l’inconvénient d’empêcher les repousses naturelles de semis et drageons. C’est pourquoi l’utilisation de paillages biodégradables est préconisée. Il en existe différents types. On trouve alors différentes possibilités. Pour les haies à plat dont le déroulage de la bâche est mécanisable, des paillages à base d’amidon de maïs 100 % biodégradables sont adaptés. Ces produits se dégradent en 24 mois environ. Les paillages à base de plaquettes bois représentent également une solution intéressante notamment pour l’agriculteur produisant déjà des plaquettes dans le cadre de la filière bois énergie. Ce paillage permet de maîtriser la végétation adventice et d’enrichir le sol en carbone. Le paillage du type feutre végétal à base de jute et chanvre est également une solution efficace. Il est préférable d’enterrer les bords plutôt que d’utiliser des agrafes métalliques. Ce qui serait contradictoire avec l’utilisation de paillages biodégradables. Ces paillages végétaux existent sous forme linéaire mais aussi en dalles carrés de 50 à 60 centimètres de côté. Ce qui est intéressant pour réaliser des rénovations de haies sous formes de regarnis ponctuels. D’autres techniques existent telles que les pailles de lin ou de céréales mais les résultats sont parfois plus aléatoires selon les aléas climatiques, et l’épaisseur mise en place.

Protection
Il est indispensable que les plantations soient protégées du bétail par des clôtures si possible fixes. Ce qui réduit le risque d’incidents. De plus en plus souvent, il est nécessaire de protéger les plants contre le gibier notamment les arbres de haut jets susceptibles de produire du bois d’œuvre. Ces gaines individuelles doivent atteindre 60 centimètres pour protéger les plants du lapin et du lièvre mais 1,20 mètre pour les chevreuils. Ces manchons présentent aussi l’intérêt de repérer plus facilement les plants et donc de réduire les accidents lors des travaux de désherbage mécaniques ou chimiques. Les gaines à mailles protègent les plants du vent et augmentent par conséquent la croissance des jeunes plants.
Réalisées par une entreprise spécialisée, les créations ou rénovations sur talus coûtent en moyenne, 12,50 € hors taxe par mètre et 6 € dans le cas de plantations à plat. Dans la Manche, le Conseil général apporte une aide de 8,50 € par mètre pour les plantations sur talus et une aide de 2,80 € par mètre pour les haies à plat. Les premières années suivant la plantation, des opérations de désherbage seront souvent nécessaires pour réduire l’impact de la végétation concurrente sur la croissance des jeunes arbres. Des tailles de recépage sur les arbustes de bourrage (rabattage des plants à quelques centimètres du sol pour les obliger à se développer en plusieurs rejets sur souche) et des tailles de formations (défourchages sur les arbres de haut-jet) destinés à produire du bois d’œuvre complèteront ces premiers entretiens. Le respect de ces techniques permettra d’obtenir rapidement une haie boisée fonctionnelle et adaptée à ses objectifs.
Stéphane PESTEL
Chambre d'agriculture de la Manche
spestel@manche.chambagri.fr
www.manche.chambagri.fr
(1) : source : Inventaire forestier national

Information pratique
Dans la plupart des départements, des aides financières pour la mise en œuvre de plantations de haies bocagères existent. En 2008, dans la Manche, ces opérations destinées à rénover le bocage auront permis la replantation de 70 000 arbres.
Renseignements
et inscriptions :
- Chambre d’agriculture de la Manche - Service Territoire
02 33 06 49 91.
- Chambre d’Agriculture de l’Orne 02 33 31 49 43.

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