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Machinisme
Plate-forme implantation colzas : résultats d’essai

En vue d’apporter des réponses aux problèmes d’implantation de colzas sur des contextes pédo-climatiques difficiles (argilo-calcaires du Perche notamment) et aux conséquences qui en découlent (absence de levée, impacts sur les potentiels rendement… ), la Chambre d’agriculture de l’Orne a mis en place en août 2009 une plate-forme d’essais chez Eric Dezecache, avec l’appui de Frédéric Legendre, tous deux agriculteurs à St-Céronnes lès Mortagne. Conclusions après une année d’expérimentation

Objectif : tester différents semoirs en travers de 3 types de travail du sol
Le protocole est simple : trois bandes de 32 m de large ont été travaillées différemment : une en décompacté-déchaumé au disque indépendant, bien affiné et rappuyé. Une autre bande en labour suivi d’un passage de rotative puis roulé. La dernière en déchaumage assez profond avec néo-déchaumeur (dent patte d’oie + disque niveleur-rouleau barre). Les 3 bandes étaient prêtes pour le 20 juillet, s’agissant d’un précédent orge.

Différents semoirs testés
5 semoirs ont semé 10 modalités le 21 août 2009 (photos ci-dessus).
- Combiné rotative semoir Sulky Optipline pro avec rampe de semis Cultidisc.
- Rapid de chez Vaderstad (semoir semis simplifié).
- Agrisem Gold DS1100 (caisson de semis sur déchaumeur - semis dans flot de terre – dit à la volée).
- Le SubTiller de EVA (décompacteur avec descente de semence derrière ligne de décompaction-rappui rouleau cambridge).
- Un semoir Monosem NG4+ 6 rangs en 50cm d’inter-rang équipé pour semis de petites graines avec la roue Pro.
Consigne : semer à 1,5 cm de profondeur avec densité de semis de 28gr/m² en travers des différentes bandes de travail du sol.
D’autres modalités ont été testées avec le Monosem : densité de semis à 18gr/m² et 54gr/m², puis un essai starter 18-46 à 74 kg et 114kg. Une seconde date de semis a également été testée au 15 septembre au combiné Sulky.  Un roulage a été réalisé après semis.

Des taux de levée variable : impact du travail du sol et des conceptions semoir en question
Les résultats de taux de levés sont très intéressants (tableau 1) et mettent en avant ce que nous attendions pour ces terres difficiles :
- un lit de semence affiné assure une bonne levée ;
- un lit de semence grossier (sur déchaumé “grossier” au néodéchaumeur) et/ou asséché (sur labour) fera systématiquement baisser le taux de levée et au mieux amènera à des levées échelonnées.

Performances machines
Au-delà de ces considérations, il est possible de faire le point sur les performances des semoirs présents. Ainsi, nous retrouverons en tête avec les meilleurs taux de levée les matériels assurant le meilleur rappui sur la graine : encore une fois pas de mystère. Le Monosem met en avant ses capacités à bien positionner la graine et à la rappuyer fermement.
Le combiné Sulky Optiline avec sa rampe de semis Cultidisc (annoncée pour 80 kg de pression au sol avec roulette de plombage solidaire du disque semeur) se positionne également très bien : rien d’étonnant pour cette rampe de semis haut de gamme.
Pour les autres semoirs, le rappui reste insuffisant. Les taux de levée y sont significativement inférieurs.

Des modalités sur labour     étonnantes, une seconde date     de semis très intéressante     et un léger effet starter
Les observations réalisées depuis la levée jusqu’à l’entrée de l’hiver ont révélé divers points remarquables.
- Sur la zone labourée, la levée a été plus lente. Sans doute, l’effet asséchant du labour ayant amené à une germination plus lente. Les modalités avec le semoir Subtiller de EVA a levé très rapidement. Au semis déjà, chaque dent de décompaction relevait de la fraîcheur en surface… de quoi faire germer rapidement les semences sans doute.
Au fil de l’automne, les modalités de la zone labourée ont rattrapé leur retard pour finalement dépasser à la pesée la zone décompactée… Détail qui attire l’œil et explique en bonne partie les résultats à la récolte de cette zone labourée.
- Modalités starter : pas de différence entre 74 kg et 114 kg de 18-46. Par contre un gain sensible de 350 g/m² à la pesée en faveur du 18-46 sur des poids zone témoin sans starter de l’ordre de 750 g/m². Là encore, une observation qui permet d’expliquer certains résultats rendement.
- Quant à la seconde date de semis, certes tardive, les comptages du 30 octobre se passent
de commentaires ! .

Un an après la mise en place de la plate-forme, la récolte départage les modalités.
Bilan riche en informations

Voir tableau 2 : Rendement en qx/ha des différentes modalités.
A la récolte, un effet travail du sol important.
Dès l’implantation, les différents modalités travail du sol se sont démarquées les unes des autres : structure du sol, état lit de semence, taux de levées, croissance végétative, salissement, … autant d’observations riches d’enseignements.
La récolte nous apporte les conclusions suivantes : il n’y a pas photo. C’est sur la modalité où le travail du sol a été le moins abouti (déchaumé grossier au néo-déchaumeur) que l’on retrouve les rendements les moins élevés (moyenne de 42,7qx - tableau 2). D’emblée, les taux de levée sur cette zone étaient effectivement les moins bons avec des peuplements souvent faibles (de l’ordre de 10 à 15 pieds/m²). A cela s’ajoutait une structure du sol moins aboutie que dans les autres modalités, un salissement plus avancé… bref ce fût la modalité la moins concluante.
La modalité décompacté/ déchaumé au disque et affiné
présente des rendements nettement supérieurs (48,3qx/ha en moyenne). 3 raisons peuvent expliquer ce résultat : une structure bien refaite avant semis via la décompaction, un excellent taux de levée et un salissement plutôt faible.
La surprise vient de la modalité labour. Malgré un taux de levée moyen bas (proche de la modalité déchaumé grossier), le rendement moyen est le plus élevé des 3 types de travail du sol. Rappelons nous que cette modalité travail du sol a surpris par sa vigueur lors de la pousse automnale. Même si la levée n’a pas été au rendez-vous du fait d’un horizon travaillé très asséché, les volumes de végétation mesurés à l’entrée hiver étaient supérieurs aux autres modalités travail du sol. D’autres observations peuvent expliquer ce rendement moyen élevé : une structure au moins aussi bonne que sur la modalité décompactée, avec des systèmes racinaires qui ont très bien colonisé le sol et un très faible salissement des parcelles (logiquement la plus propre des 3 types de travail du sol).

Aux meilleurs taux de levés, les meilleurs rendements :     effet semoir assuré
Les rendements moyens (tous types de travail du sol confondus) des modalités type de semoir (inclus essai densité, starter et date de semis) varient de 44,1 à 50,2 qx/ha.
Sur les modalités où nous avons testé plusieurs concepts de semoirs, sur les bases d’un semis à 28 g/m², les rendements augmentent avec les taux de levée. Ainsi l’EVA, le Rapid, l’Agrisem sont en retrait  du fait de taux de levée faibles amenant à des peuplements avoisinant 40 à 50 % (selon les types de travail du sol) de 28 g/m² soit 11 à 14 pieds/m².  Sur les modalités Combiné de semis Sulky (1ère date de semis) et Monosem, les taux de levée sont à la hausse (70 à 100 %) et amènent à des densités comprises entre 20 et 28 pieds/m², suffisantes pour assurer un bon rendement. C’est ici sans doute avant tout le nombre de pieds/m² qui fera le rendement. En conclusion, nous avons bien un effet peuplement du fait de taux de levé défaillant dont la cause initiale est la difficulté de certains semoirs à tout faire lever. Nous avons donc un effet semoir sur cet essai.
A noter, un effet starter significatif. Dans ces terres qui malgré un apport d’effluents (30 t de fumier pour le 20 juillet 2009) minéralisent peu, les colzas dépassent rarement 1,5 kg/m² à la pesée. Nous l’avions remarqué : 74 kg de 18-46 ont permis d’augmenter le poids de matière verte à hauteur de l’azote apporté (350 gr en plus/m² correspondant à 15 unités d’N). Dommage de ne pas avoir pu tester des doses plus faibles puisqu’à priori, une dose plus élevée (114 kg) n’apportait rien. La conception du Monosem ne le permettait pas. Dommage aussi de ne pas avoir pu tester plusieurs doses de Super 45, car il est difficile ici d’identifier un effet N ou P ou N et P. Dans tous les cas, sans arriver à un conseil d’apport systématique d’engrais localisé, cette modalité 18-46 doit faire réfléchir certains colzéiculteurs sur des zones à très faible minéralisation et/ou à très faible reliquat. Il est vrai aussi que l’essai montre une modalité Monosem 54 g/m², aux taux de levée compris entre 27 et 37 pieds/m² avec  des rendements aussi bons (moyenne 49,2qx/ha) que les 2 modalités avec starter. Une fois de plus, on se rend compte de l’importance du peuplement. Nous sommes malgré tout en droit de nous poser cette ultime question : qu’en aurait-il été de cette même modalité 54g/m² avec starter ?
Quant à la modalité seconde date de semis, l’hétérogénéité des parcelles était telle qu’il est difficile de donner une valeur exacte de rendement. Les mesures réalisées situeraient les rendements sur les 3 types de travail du sol entre 3 et 10qx. Le contexte exceptionnel des semis 2009 nous a permis de mettre plus en avant encore l’intérêt de semer tôt en respectant toutefois les précautions d’usage (présence d’effluents ou non, choix variétés-hybride/ lignée).

Loïc DEVEYER
Chambre d'Agriculture de l'Orne
loic.deveyer@orne.chambagri.fr

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