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Le monde agricole en tendances
Portait social prospectif des agriculteurs

Une étude réalisée par une quinzaine d'experts agricoles présente les évolutions passées et actuelles qui impactent les femmes et les hommes qui développent des activités agricoles. A partir de ces données, un portrait prospectif de la pratique du métier d'agriculteur dans les 15 prochaines années est dressé.

En 2025, si les tendances se poursuivent…

La baisse du nombre d'exploitations se poursuivra à un rythme de 3 % par an et la variété des exploitations ira en se réduisant avec 1/3 de petites fermes de 40 ha en moyenne et 2/3 de fermes de 120 ha en moyenne avec de moins en moins de situations intermédiaires. Il y aura un vieillissement de la population agricole et une féminisation (1/3 des chefs d'exploitation seront des femmes). Le recours au salariat s'accentuera (spécialisation, concentration, agrandissement des structures) ainsi que l'externalisation (ETA, CUMA). Le bassin parisien et le grand Ouest concentreront la majorité des exploitations et la spécialisation des régions sera encore plus accrue.En 2025, il n'y aura plus que 200 000 exploitations professionnelles (312 000 en 2010) de 120 ha en moyenne, avec une prédominance des grandes exploitations visant à augmenter la productivité du travail (automatisation, forte utilisation d'intrants…). La valeur ajoutée agricole diminuera en monnaie constante d'où une restructuration indispensable pour maintenir le revenu. Globalement, il y aura une augmentation du capital par actif, une diminution des rotations, une plus faible diversité des assolements et des systèmes fourragers de plus en plus axés sur le maïs.Ce développement sera limité par des contraintes environnementales, avec une stagnation des rendements, des pressions accrues sur la qualité de l'eau et une érosion de la biodiversité. En parallèle, la diversification des exploitations prendra de l'ampleur (26 % auront une activité de diversification) dont la production d'énergie et de l'agriculture biologique, cette dernière dépendant des politiques d'accompagnement mises en place.


Les entrées et les sorties du métier

Un nombre réduit de personnes entrera dans le métier en 2025 (10 000/an) avec un âge moyen plus élevé (au-dessus de 30 ans au lieu de 28) et des profils plus diversifiés. Les difficultés d'entrée persisteront pour les personnes hors cadre familial. Même si la dimension familiale restera forte, elle s'étiolera au fil du temps laissant place à une agriculture de plus en plus entrepreneuriale. Les statuts juridiques et le conseil externe se développeront. Les départs devraient s'accélérer (entre 15 et 20 000 par an) et les départs avant 55 ans seraient être plus nombreux.


La formation et l'accompagnement des agriculteurs

L'élévation du niveau de formation et de compétence de la population active agricole devrait se poursuivre dans les 15 prochaines années. La moitié des chefs d'exploitation auront un niveau secondaire et le quart un niveau de formation supérieure. L'enseignement agricole devrait connaître une poursuite de la tendance à la diversification des compétences et des métiers auxquels il prépare. Les agriculteurs recourront de plus en plus à des prestations juridiques, fiscales et commerciales.


Les conditions de travail et la santé

Les agriculteurs exprimeront davantage d'attentes en ce qui concerne l'articulation entre vie familiale et vie professionnelle ainsi que par rapport aux conditions de travail. La mécanisation permettra de se dégager davantage de temps pour un travail plus complexe (gestion de personnel, tâches administratives…). Mais les différences de temps de travail resteront très marquées entre les filières. L'isolement social et professionnel restera cependant important et le métier sera toujours marqué par la tension et le stress de par la volatilité croissante des prix et davantage d'aléas climatiques.En conclusion…Les auteurs expliquent que l'évolution agricole est le fruit de changements réguliers et continus sans véritable cassure des tendances. Plus qu'une révolution, il s'agit d'un enchaînement d'évolutions sur la durée ; sortes de mutations structurelles liées aux transformations de la société.Il est aussi ajouté qu'une réduction du nombre d'agriculteurs ne devrait pas amener une homogénéisation des groupes sociaux. Le monde agricole serait plus diversifié voire plus éclaté. Les agriculteurs font de moins en moins le même métier, n'ont pas les mêmes sources de revenus ni le même rapport au travail ou à la famille. D'un côté se renforce une agriculture de firme et de l'autre se maintient une agriculture familiale avec entre les deux une myriade de systèmes empruntant plus ou moins à ces deux extrêmes.


Source : Le monde agricole en tendance - Un portrait social prospectif des agriculteurs MAAPRAT - CEP : http://agriculture.gouv.fr/Monde-agricoles-en-tendances

Quelles inflexions possibles ?
• Inflexion institutionnelle : l'ensemble du service agricole public pourrait s'affaiblir en cas de crise prolongée. Cela pourrait peser indirectement sur les stratégies des agriculteurs : choix du régime social, orientation scolaire des enfants, moindre représentation au niveau local ou national. Par ailleurs, la montée en puissance des régions, des intercommunalités et de leurs interventions dans le secteur agricole pourrait reconditionner les systèmes agricoles et leur répartition géographique.
• Inflexion environnementale : la sensibilisation croissante des consommateurs aux questions de santé relatives aux pesticides pourrait obliger à un verdissement du système de production. Cette transformation s'appuierait sur l'agro écologie, passerait par des soutiens publics et des cahiers des charges plus contraignants des industriels et agences de l'eau. Les exploitations maintiendraient voire augmenteraient leur valeur ajoutée par une réduction des consommations intermédiaires. Cela pourrait se faire en synergie avec le développement des circuits courts. 
• Inflexion sociale : les nouvelles générations pourraient être touchées par deux sortes de transferts : entre zones géographiques et secteurs d'activités. Un nombre croissant de citadins délaisserait la ville au profit d'emplois plus techniques en campagne avec en contrepartie des enfants d'agriculteurs de plus en plus attirés par le secteur tertiaire urbain. Dans ce cadre, les installations sur de petites exploitations seraient plus nombreuses sur le territoire. Le vieillissement des exploitants serait alors moindre et la féminisation confortée. Il y aurait plus de production de proximité. L'image de l'agriculture serait revalorisée.
• Inflexion par radicalisation des tendances observées : en cas d'accélération de la financiarisation et de la restructuration du secteur agricole, cette inflexion s'appuierait sur des exploitations très spécialisées soutenues par un fort mouvement d'intégration verticale. Il y aurait en parallèle de véritables firmes agricoles avec une sous-traitance totale des travaux et des tâches de gestion. Cela entraînerait une restructuration importante du secteur ainsi qu'une forte concentration. La généralisation du salariat nécessiterait des compétences nouvelles en management, gestion…
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