Section laitière de la FDSEA de la Manche
Pour Ludovic Blin, "il y a de l'avenir dans la production laitière"
La dernière section lait de la FDSEA de la Manche, présidée par Ludovic Blin s'est tenue à Montbray, au sein de Gaec de la Renaumière le 23 juin. L'occasion pour les adhérents de faire le point sur la conjoncture et les négociations en cours, d'aborder de nombreux sujets comme l'ICPE, la PAC, le renouvellement des générations...


Frédéric Mariette et Wilfried Kallies du Gaec de la Renaumière, situé sur la route de Beslon sur la commune de Montbray, ont accueilli leurs collègues installés sur l'ensemble du département de la Manche. Les deux associés produisent près de 1,4 million de litres de lait avec deux robots. Le 3e sera prochainement installé pour monter sensiblement en nombre de vaches laitières, 160 au lieu de 140, le tout en préconisant le pâturage.
Toujours des attentes
Les réunions de la section lait de la FDSEA, notamment en milieu d'année, avant la trêve estivale, se déroulent toujours en exploitation. Une occasion de parler concrètement des problématiques et des enjeux de la filière sur un département à dominance laitière. Très rapidement, un des adhérents, Rodolphe Cauchard (Savigny), a livré son ressenti. "On s'est fait avoir après les manifestations de janvier 2024. On est très loin de ce qu'on nous avait promis", confie-t-il. Depuis, il y a eu la dissolution de l'Assemblée nationale, des ministres de l'Agriculture qui se sont succédé et le projet de loi agricole qui se fait attendre. Le 30 juin dernier, la commission mixte paritaire composée de sénateurs et députés a trouvé un compromis sur la proposition de loi (PPL) Entraves. De nouvelles échéances sont prévues, notamment le 8 juillet, pour un vote à l'Assemblée nationale. Une nette majorité pour l'adoption de ce texte est réclamée entre autres par la FNSEA.
ICPE : des seuils à revoir
Différents sujets sont pointés du doigt comme l'ICPE (Installations classées pour la protection de l'environnement) où les seuils ne correspondent plus à l'élevage d'aujourd'hui selon le syndicalisme. "Il n'y a qu'en France que cela existe. L'enregistrement qui s'impose pour les élevages de 150 à 400 animaux ne nécessite pas moins de 15 000 € pour réaliser toutes les études et démarches. On a donc demandé le relèvement des seuils", indique le président de la section lait de la FDSEA de la Manche. "Mais c'est très compliqué", concède-t-il. D'autres sujets environnementaux, comme le stockage de l'eau, crispent les associations. "Même dans la Manche, le sujet de l'eau est préoccupant", assure Ludovic Blin.
Le sanitaire freine la production
En termes de prix, le lait conventionnel atteint en 2025 les 469 €/ 1 000 l (en départ ferme, pour des taux moyens de 38 g MG et 32 g MP par litre) contre 441 € en 2024 et 444 € en 2023 . La collecte de lait a reculé de 1,2 % depuis le début de l'année. "On voit des grosses disparités liées au contexte sanitaire", rappelle Ludovic Blin. Et pour cause, la MHE (Maladie hémorragique épizootique) a touché des élevages en France, entraînant des baisses de production. "La Normandie est dans le positif avec un bon 3 %", se réjouit-il. Les perspectives sur les mois à venir sont difficiles à déterminer en raison de l'intensification des tensions géopolitiques et des risques sanitaires sévissant en France et dans plusieurs régions du monde.
Chacun sa vision de la loi Egalim
La FDSEA de la Manche et plus particulièrement la section lait est montée au créneau en se rendant dans deux enseignes pour faire la guerre à la brique de lait en dessous d'un euro le 10 juin dernier. C'était le cas chez Leclerc et Lidl à Agneaux. "On voit que chacun interprète la loi Egalim. Lidl mettait en avant la rémunération des producteurs, mais il veut remettre en cause les contrats tripartites. C'est une course à la baisse du prix du lait de consommation qui est inacceptable", martèle Ludovic Blin. "Il faudra continuer à veiller à faire retirer le lait qui est en dessous d'un euro", ajoute-t-il.
Le bien-être animal en cause
Le sujet de la PAC 2028-2035 est arrivé sur la table. Une baisse du budget a été entendue, de l'ordre de "350 milliards sur 7 ans, alors qu'il nous faudrait 60 milliards de plus", note le responsable syndical. À la mi-juillet, des actions à la commission européenne auront lieu. Le bien-être animal est aussi en ligne de mire, avec une évolution de l'âge des veaux pour le transport, passant de deux semaines à cinq. "Beaucoup parmi nous vendons des mâles à trois semaines. Nous pourrions être impactés. Si on doit garder des veaux, il faut une rémunération. Ce n'est pas à la réglementation de nous l'imposer", assure-t-il. Aujourd'hui, la filière laitière est face à trois défis : une consommation de plus en plus importante des surfaces de terres arables, le changement climatique et le renouvellement des générations. "Il faut être attractif. Un métier qui ne se renouvelle pas se meurt. C'est notre cheval de bataille d'autant plus qu'il y a de l'avenir dans la production laitière ", conclut Ludovic Blin.