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Georgette Rousselet (présidente de la MSA Mayenne/Orne/sarthe)
Préservons notre spécificité

878 élus sont sortis en 2010 des urnes des élections MSA Mayenne-Orne-Sarthe. “Nous sommes en ordre de marche et dans l’action”, insiste Georgette Rousselet, sa présidente réélue le 23 mars dernier.

Réforme des retraites, prestations familiales, RSA, dépendance, crises multi-productions, déremboursement de certains médicaments, démographie agricole (...), la Mutualité Sociale Agricole doit s’adapter en permanence. Mais pas question d’oublier ses fondamentaux. Georgette Rousselet, sa présidente, revendique les spécificités et les valeurs d’un réseau de terrain et d’une architecture démocratique. 

La MSA a exprimé sa vive inquiétude sur la baisse des remboursements maladies relative au projet de loi de financement de la sécurité sociale. Quels en sont les enjeux pour les assurés du régime agricole ?
Les enjeux s’adressent malheureusement à tous les citoyens. Mais, en tant que présidente de la MSA Mayenne-Orne-Sarthe, je pense plus particulièrement aux retraités agricoles. Ils vont être pénalisés par le déremboursement de certains médicaments. S’y ajoutent le dépassement des honoraires que nous dénonçons depuis plusieurs années et, nouveauté, l’augmentation du forfait hospitalier. Tout cela cumulé représente une charge financière supplémentaire significative pour nos ressortissants. 

Quelle est la parade ?
Anticiper les dépenses de soins passe par la prévention. C’est ce que nous initions avec l’interrégime et grâce à la force de notre réseau qui encourage et relaye par exemple toutes les campagnes de dépistage. Sur ce plan, plus on intervient en amont, plus on est efficace et moins ça coûte cher.

Porc, viande bovine, lait (...), les crises agricoles durent et perdurent. Avez-vous mis en place un dispositif spécifique pour répondre aux difficultés conjoncturelles?
Crise ou pas crise, nous avons toujours porté une attention toute particulière à nos adhérents. La remise de majorations de retard quand les échéances ne sont pas respectées, c’est une pratique courante à la MSA. Premier point.
Ensuite, et précisément face à cette crise profonde qui a démarré en 2009, notre conseil d’administration a pris des dispositions particulières que nous finançons sur les fonds d’action sanitaire et sociale. 

Par exemple ?
Depuis le 1er avril 2010 et jusqu’à fin mars prochain, ceux qui  bénéficient de bons vacances peuvent les transformer en tickets loisirs. A cause de la conjoncture, certaines familles, même avec les bons vacances, ne sont pas parties parce que le “reste à charge” était trop important. Pour ne pas les pénaliser deux fois et faire en sorte que les enfants puissent quand même bénéficier de distractions de proximité, nous nous sommes adaptés.
Par ailleurs et sous condition, nous avons donné un coup de pouce à l’aide déjà versée aux familles qui ont des apprentis et à celles qui perçoivent une bourse aux études. 

Et pour les cas extrêmes qui ne perçoivent plus de prestations légales ou extra-légales ?
Cela concerne des situations où la comptabilité n’est plus assurée. Plus de comptabilité, plus de revenu donc plus de prestations. A ce stade, que ce soit l’administration fiscale ou la MSA, une assiette-sanction, bien sûr élevée, est appliquée. Face à cela, nous allons mettre en place, en partenariat avec les centres de gestion, un système d’aide à la mise à jour de cette comptabilité pour aider certains à recouvrer les critères d’éligibilité. C’est une mesure ponctuelle, étudiée au cas par cas, par le comité restreint d’actions sanitaire et sociale.

Cette conjoncture se traduit-elle par plus de retard dans le paiement des cotisations MSA ?
On a effectivement assisté à une légère dégradation en 2009. Mais,  à l’occasion des deux premiers appels 2010 (mars et juin), la situation s’est plutôt améliorée. Peut-être une prise de conscience de l’importance de la couverture maladie ou accident. Peut-être aussi, qu’en face, la dette fournisseur a grossi.

Justement, entre payer sa MSA ou son fournisseur (privé ou coopératif), que conseilleriez-vous ?
La question est sensible. Dans un cas comme dans l’autre, les conséquences peuvent être désastreuses : défaut de couverture sociale, perte de prestations ou plus de concentré pour ses animaux ?  Quoiqu’il en soit, la première des choses à faire est d’en parler avec ses interlocuteurs.

On a évoqué une recrudescence du nombre de suicides dans le monde agricole l’an dernier. Vos chiffres confirment ?
Crise ou pas crise, c’est un phénomène auquel la société a toujours été confrontée. On ne sait d’ailleurs pas s’il existe des périodes sans crise. Elles sont plus ou moins profondes, plus ou moins durables (...), c’est la nuance que j’apporterai. Concernant la période actuelle, nous avons enregistré quelques cas dans l’Orne et dans la Sarthe. Mais quand on parle de suicides, sont-ils dûs à la crise ou à une accumulation de paramètres qui font que, malheureusement, la personne passe à l’acte ? C’est toujours délicat à analyser. 

On a évoqué aussi plus de faillites d’entreprises agricoles, une explosion du nombre de bénéficiaires du RSA (Revenu de Solidarité Active). Une réalité ?
S’agissant du nombre de faillites, dans l’Orne, 2009 est plutôt en baisse par rapport à 2008. Une évolution à interpréter cependant avec beaucoup de précautions.
Sur le sujet du RSA, dans l’Orne et au 30 juin 2010, on dénombrait chez les agriculteurs 94 cas contre 79 au 31 décembre 2009. Parallèlement, chez les salariés agricoles, on est passé de 120 à 139. L’augmentation est donc bien réelle mais, là encore, il faut se méfier des chiffres. Les critères qui rendent éligibles quelqu’un au RSA sont compliqués. Il faut aussi en apporter la preuve tous les mois. C’est donc une procédure contraignante qui fait que, si les services sociaux ne sont pas là pour les accompagner, les éventuels demandeurs ont vite fait de se décourager. 

C’est un dossier sur lequel la MSA est particulièrement impliquée ?
Ce sont les Conseils généraux, avec qui nous avons passé une convention, qui ont compétence sur le sujet. A chaque fois que nécessaire, il y a concertation étroite entre les services de la collectivité et nos services sociaux pour toute instruction de dossier. C’est une reconnaissance du travail de terrain de la MSA dans sa mission de suivi social et professionnel des agriculteurs et des adhérents salariés.

La réforme des retraites est un dossier chaud. Quelle est la position de la MSA ?
Notre regret est que l’on s’oriente une fois de plus vers une retraite paramétrique et non pas systémique. Nous sommes dans l’ajustement alors que c’est une réforme en profondeur que nous demandions. Ce que proposait la MSA, c’était la mise en place d’une retraite de base considérée à partir d’une carrière complète, quelle que soit la taille de la structure d’exploitation. Nous proposions un système égalitaire, approchant le seuil de pauvreté (environ 900 e actuellement), financé par la solidarité nationale.
Au-delà, entrait en ligne de compte ce que l’on aurait pu appeler un revenu de remplacement, totalement contributif selon un barème de points acquis en fonction de la carrière. Ce n’est pas le chemin qui a été retenu et c’est bien dommage.

Vous considérez que cette réforme n’a pas atteint ses objectifs d’égalitarisme ?
Je continue à penser que certains secteurs bénéficient de privilèges. Pour les uns, la retraite est calculée sur la base des 25 meilleures années. Pour d’autres, sur les 6 derniers mois. Pour nous, agriculteurs, c’est sur toute une carrière dans laquelle sont inclues les années de crise sans parler du phénomène de la volatilité des prix qui pèsera à terme sur les niveaux de pensions. 

Vous menez une action expérimentale BVAD (Bien Vivre A Domicile). En quoi consiste-t-elle ?
L’objectif de ce dispositif est de prévenir la perte d’autonomie. Il s’agit d’une mesure de prévention qui consiste à donner un coup de main financier à une personne qui se trouve confrontée à un problème de santé ponctuel et temporaire. Nous ne sommes plus dans un système “tranche d’âges”. Quelqu’un qui a 90 ans et est en bonne santé n’a pas forcément besoin d’une aide à domicile. Par contre, son voisin de 75 ans qui vient de subir une opération chirurgicale doit sans doute être accompagné durant quelques jours après son retour à la maison. C’est toute la philosophie du BVAD. A enveloppe constante, nous priorisons nos actions vers ceux qui en ont le plus besoin.

De moins en moins d’agriculteurs mais sans doute aussi demain de moins en moins d’employés dépendants du régime agricole. Comment faire pour préserver les équilibres et la pérennité de la protection sociale agricole?
L’hypothèse qui consisterait à fusionner la grande famille de la sécurité sociale avec celle du régime agricole ne changerait rien. Il ne faut pas laisser croire que le déséquilibre de la démographie agricole n’a qu’une réponse : le transfert vers le régime général. Qu’on s’enlève ça de la tête ! Préservons plutôt nos spécificités avec notre réseau et notre architecture de la démocratie sociale MSA. Nous sommes des élus sortis des urnes. Soyons en fiers !

Cela ne vous prémunit pas des déséquilibres financiers ?
Nous axons beaucoup notre politique sur le développement de l’information, l’éducation santé, la prévention... C’est une première réponse.
L’autre avancée, c’est la restructuration qui nous permet une meilleure maîtrise des coûts de gestion. Le projet stratégique 2005/2010 vient de s’achever dans les temps. Les engagements pris ont été tenus. Notre réseau de 35 caisses régionales à l’échelon hexagonal est opérationnel.

Mais cette union à trois (Orne, Mayenne et Sarthe), à cheval sur deux régions administratives (Basse-Normandie et Pays de Loire) était-elle la plus cohérente ?
Nous avons fusionné en 2005 une caisse bi-départementale, qui avait déjà 10 ans d’existence, avec une caisse mono-départementale. Il y a effectivement peu de cas comme cela en France mais cette union fonctionnent parfaitement.
Par ailleurs, le fait d’avoir à travailler par exemple avec deux ARS (Agence Régionale de Santé), c’est un plus. Surtout pas un moins. Cela nous permet de comparer et donc de négocier plus aisément.

Cependant, une caisse à trois, ça ne manque pas un peu d’ambition pour relever les défis qui vous attendent ?
Le prochain plan stratégique 2010/2015 est en cours de construction mais le périmètre des caisses ne sera pas impacté. Par contre, la coopération entre caisses sera développée. Je pense plus particulièrement à des dossiers de petites dimensions ou des dossiers très spécifiques pour lesquels on va privilégier des synergies croisées.

A la direction générale : Guy Ferron a succédé  à Bernard Mérigeau

Guy Ferron a succédé il y a quelques jours à Bernard Mérigeau à la direction générale de la MSA Mayenne-Orne-Sarthe. C’est un homme du sérail qui, depuis 1973, est passé dans presque tous les services avant de devenir directeur adjoint en 2004. A 57 ans, il s’inscrit dans la continuité de son prédécesseur avec lequel il a coopéré pendant 5 ans”. Pragmatique, il s’est fixé sur sa feuille de route “l’optimisation de la fusion qui nous a fait faire un grand bon en avant pour pouvoir anticiper et garder des marges de manœuvres”.

Les élus ornais au conseil d’administration
• BEAUDOIRE Lucette (1er collège - Courtomer), GRIMBERT Jean (1er collège - Gacé), MOULIN Martine (1er collège - Nocé), BERTHET Franck (CGT - 2ème collège - Messei), COLLADO José (CFDT - 2ème collège - Carrouges), DUVAL Laurent (CFE CGC - 2ème collège - Le Mêle-sur-Sarthe), TRAUFLER Luc (CFDT - 2ème collège - Argentan Est), BOREL Olivier (3ème collège - Athis-de-l'Orne), FONTAINE Jean-Pierre (3ème collège - Trun).
• LAMOUR Dominique (représentant Udaf)

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