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Produire un fourrage riche en protéines entre deux maïs, c’est possible !

Une expérience partagée entre La Blanche Maison et le lycée de Thère.

Baisser ses coûts de production, accroitre l’autonomie alimentaire, produire des protéines fourragères à moindre cout est une des voies pour accroitre la robustesse et la flexibilité des systèmes laitiers. Mais comment y parvenir, sur quelles références se baser, avec quels risques encourus ? C’est dans ce sens que le lycée agricole de Saint-Lô Thère et la ferme expérimentale de La Blanche Maison ont testé pendant l’hiver 2014/2015 des mélanges fourragers riches en protéagineux (méteils) et intercalés entre deux cultures de maïs. Il s’agissait de travailler avec des couverts qui améliorent la structure du sol et stimulent la vie microbienne pour faciliter la reprise des terres au printemps (en vue d’éviter le labour). Dans cet objectif, la féverole a été retenue pour ses racines pivotantes superpuissantes et ses capacités de tuteur, meilleurs que les céréales pour les pois. A l’effet structurant s’ajoute l’intérêt fertilisant d’une légumineuse en interculture qui transforme l’azote atmosphérique en azote organique et le restitue à la culture suivante.Depuis 2012, La Blanche Maison teste différents méteils en tant que culture principale ; et dans ce cas, il s’agissait d’évaluer l’impact de l’implantation d’un méteil en dérobé entre deux maïs.Les lycées agricoles ont, quant à eux une mission d’expérimentation et de démonstration pour leurs élèves et pour le territoire et ces cultures sont des sujets sur lesquels les élèves s’interrogent régulièrement. Certains  élèves sont en stage sur des exploitations qui pratiquent cette technique. Le lycée Saint-Lô Thère voulait donc se lancer : “La proposition nous a été faite par la Chambre d’agriculture de la Manche et par la ferme expérimentale de LBM de réaliser des essais en parallèle, ce fut le déclic ! Il était plus rassurant pour nous de nous lancer avec des partenaires et de pouvoir échanger avec eux tout au long de l’essai plutôt que de nous lancer seuls ! ». Les résultats de ces essais, compilés avec ceux des tests réalisés par les agriculteurs de toute la région Normande constituent aujourd’hui des références locales pour les éleveurs intéressés par cette technique.

La mise en place de la culture

Deux mélanges ont été implantés à Saint-Lô Thère (l’un avec des pois protéagineux, l’autre avec des pois fourragers), sur une parcelle de 3 ha, après un maïs récolté le 7 octobre et un labour effectué le 31/10. A La Blanche Maison, deux mélanges ont été semés le 28 octobre l’un avec du pois fourrager et une céréale, l’autre composé uniquement de protéagineux (pois et féverole), sur une surface de 1,5 ha suite à un maïs récolté le 26/09. Après labour, la  féverole a été semée seule et à la volée, et le semoir à céréales utilisé pour les autres graines (tableau 1).

La récolte : concilier qualité et quantité avec la météo ne fut pas chose facile !

L’objectif était surtout de récolter un fourrage riche en MAT, avec une teneur en MS de 30 % (pour la qualité de conservation). Mais nous voulions aussi un bon rendement  sans pénaliser le maïs suivant ! Et trouver la bonne fenêtre météo ! Compte tenu de tous ces paramètres, le choix de la date de récolte n’est pas chose facile !  La ferme expérimentale a fauché le méteil le 9 mai, à la première fenêtre météo du printemps, pour ensiler le 12 mai, après 3 jours de préfannage. Le lycée Saint-Lô Thère a fauché le 23 mai, à la deuxième période favorable du printemps : la féverole était en fleurs, le pois en gousses et les conditions météo optimales, avec du soleil et une belle semaine annoncée ! La mise en andains a eu lieu le 25 mai et l’ensilage le 27 mai.Toutes les remorques ont été pesées dans chacune des modalités et les élèves ont été sollicités à Saint-Lô Thère pour apprécier la composition du mélange à la récolte. Les analyses fourragères ont ensuite été réalisées au LANO (tableau 2).Nous observons des différences de rendements importantes entre les deux protocoles alors que les cultures ne présentaient pas de différences de développement entre les deux sites. Les protéagineux ont besoin de chaleur et d’ensoleillement pour se développer. Les 15 jours supplémentaires pour le méteil de Saint-Lô Thère ont permis un gain de rendement de 50 % ! Les teneurs en MAT des méteils sont de 175 g/kg de MS en moyenne. L’objectif de production d’un fourrage riche en protéine est rempli grâce à la richesse de protéagineux dans le mélange. Pour atteindre ces niveaux de protéines, la proportion de céréales doit être limitée dans le mélange. Elles restent une sécurité en cas d’année difficile mais ne sont pas indispensables. On peut noter que le mélange de protéagineux (sans céréales) se démarque par sa teneur en MAT élevée.Ces résultats techniques ont été présentés aux élèves… lors d’une porte ouverte, le 19 mai, à Saint-Lô Thère, animé par Caroline Milleville, conseillère Chambre d’agriculture de la Manche qui travaille avec le lycée sur la réduction des intrants dans le cadre d’Ecophyto.

Et le maïs suivant ?

Le maïs a été implanté le 13 mai 2015 à la ferme expérimentale en semis direct sans aucun travail du sol et 15 jours plus tard à Saint-Lô Thère avec un semoir combiné Pottinger mis en démonstration par le concessionnaire Mottin. Auparavant, les parcelles du lycée ont reçu du compost (15 T /ha) et le sol a été travaillé avec un outil à dents.Au vu de la date de semis, 2 indices de maïs ont été choisis au lycée agricole : 180 et 200 contre 230-250 habituellement)  pour qu’il atteigne sa maturité en même temps que les autres parcelles. Globalement les rendements sont similaires à ceux des autres maïs des deux exploitations.

Quelle conservation, distribution ?

Nous avons incorporé un conservateur dans un but d’optimiser la valeur alimentaire du fourrage. A Saint-Lô Thère, le silo de méteil a été recouvert par l’ensilage de maïs à l’automne tandis qu’à La Blanche Maison il a été stocké entre deux couches d’ensilage d’herbe. A l’ouverture, nous constatons que l’ensilage est bien conservé.La ration des vaches laitières à Saint-Lô Thère a été constituée en début d’hiver de 5 kg d’ensilage de méteil, 10kg d’ensilage de maïs et 0.5 kg de foin, complémentés par 2 kg de tourteau de colza. L’ensilage de méteil est appètent, équilibré et il fait ruminer les vaches, donc il s’associe bien à l’ensilage de maïs ! Les résultats de production laitière sont satisfaisants.A la ferme expérimentale, l’ensilage de méteil est valorisé en mélange avec l’ensilage d’herbe (15 % méteil et 85 % ensilage d’herbe) distribué aux vaches laitières recevant du maïs (11 kg de MS de maïs ensilage et 4 kg de MS de mélange ensilage d’herbe méteil).

Pour 2016, avez-vous renouvelé les essais ?

Cette 1re expérience nous a confortés dans l’idée d’implanter des intercultures riches en protéagineux entre 2 maïs ! L’objectif dans les années à venir est de continuer à tester sur plusieurs années pour analyser les résultats en années plus difficiles.Les premiers résultats sont très encourageants puisque le méteil est un fourrage supplémentaire qui nous a permis de sécuriser notre système fourrager et qui apporte de la MAT à la ration hivernale. Il nous permet cet hiver d’économiser  de concentré azoté ! Cela correspond parfaitement à nos objectifs d’autonomie fourragère et protéique.Le lycée Saint-Lô Thère reconduit un essai avec 2 modalités sur deux parcelles (méteil vs. RGI/TV) pour comparer au niveau économique (coût et gain en économie de concentrés) et agronomique de ces couverts. Les essais seront visibles lors de la journée portes ouvertes technique le 26 avril 2016 : vous êtes invités à venir observer les profils culturaux que nous réaliserons sur ces 4 blocs !La ferme expérimentale de La Blanche Maison accueille un essai piloté par le Groupe Fourrage Normandie (GFN) permettant de tester plus de 8 mélanges différents avec deux dates de semis et deux dates de récoltes. Un travail va être également réalisé sur la culture suivant ce méteil (maïs ou trèfle violet).

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