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DiderBédu, président de l’IDAC ( Interprofession des Appellations Cidricoles)
Produits AOC : de l’enthousiasme mais encore un besoin de reconnaissance

“Je suis totalement enthousiaste par rapport à la qualité de nos produits. Mais les français, qui nous connaissent, nous connaissent mal. Nous avons un énorme travail de communication à poursuivre dans l’hexagone et à l’étranger”. De retour du SIA (Salon International de l’Agriculture), Didier Bédu dresse un état des lieux de la filière AOC et en profile les enjeux.

La consommation est plus qualitative qu’il y a 20 ans. Le Calvados au bistrot le matin, c’est de l’image ancienne. Le français le préfère désormais à la maison, en apéritif cocktail ou en digestif.
La consommation est plus qualitative qu’il y a 20 ans. Le Calvados au bistrot le matin, c’est de l’image ancienne. Le français le préfère désormais à la maison, en apéritif cocktail ou en digestif.
© TG

La réforme des agréments est aujourd’hui une réalité. Quelle est votre analyse ?
Il s’agissait sans doute d’une réforme nécessaire imposée par l’Europe mais elle est source d’inquiétude. On a en quelque sorte privatisé certaines missions d’un service public mais tout cela génère un coût. Nos entreprises vont-elles pouvoir le répercuter auprès du consommateur ou simplement l’absorber ? Dans ce cas, c’est du budget en moins pour une autre initiative comme l’organisation d’un voyage export par exemple.

Comment se porte le marché de l’AOC cidricole et plus particulièrement celui de son fer de lance, le Calvados ?

Grâce à la qualité de nos produits en constante amélioration et au savoir-faire renouvelé de nos producteurs, je suis enthousiaste quant à l’avenir des produits dont l’IDAC a la charge. Nous sommes au cœur d’un marché en pleine mutation avec des signes extérieurs prometteurs. Nos clients changent. Sur le marché spécifique du Calvados, si nous avons reculé en Allemagne et dans une moindre mesure en Suisse et en Belgique, cette baisse est partiellement compensée par de fortes progressions en Scandinavie : une consommation multipliée par 5 en 12 ans en Finlande, plus 40 % en Norvège de 2007 à 2008. Il faut y ajouter les nouveaux entrants de l’Union Européenne et les pays de l’ancienne URSS. Des pays qui découvrent le Calvados, qui l’apprécient, et dont le pouvoir d’achat affiche de fortes progressions.

En France aussi les lignes ont bougé ?
La consommation est plus qualitative qu’il y a 20 ans. Le Calvados au bistrot le matin, c’est de l’image ancienne. Le français le préfère désormais à la maison, en apéritif cocktail ou en digestif.

Le Calvados ne connaît donc pas la crise ?
Bien sûr que depuis 3 mois, on assiste à un ralentissement. Mais la filière AOC dispose d’un atout considérable : elle n’est pas délocalisable. Parallèlement, nous réunissons toutes les composantes du développement durable : des producteurs et des transformateurs locaux, des paysages, des pratiques respectueuses de l’environnement, des emplois directs et indirects...Ces spécificités doivent être reconnues. Nos AOC sont pleinement dans l’actualité.

C’est un message politique que vous souhaitez faire passer par ce constat ?
Nous avons encore des centaines de millions de consommateurs à conquérir partout dans le monde. Pour cela, nous nous appuyons sur un noyau de petites et moyennes entreprises très dynamiques mais qui manquent de moyens notamment financiers. Le budget de l’IDAC, c’est 1,3 Me que nous mettons sur la table. Même avec des aides, c’est insuffisant pour mener à bien une politique offensive de commerce extérieur. Et pourtant, les enjeux sont de taille. L’export des vins et spiritueux français représente l’équivalent de 180 Airbus par an. On n’en parle jamais, mais ça mérite le respect. Les AOC cidricoles apportent leur pierre à cet édifice et nous pouvons faire mieux à condition que l’on nous en donne les moyens. On se bouge mais on pourrait bouger encore plus avec quelques subsides supplémentaires.

Mais que les pouvoirs publics vous aident à assurer la promotion de produits alcoolisés, c’est une gageure  ?
Il ne faut pas confondre l’usage et l’abus. Je m’étonne qu’à l’école aujourd’hui on enseigne l’éducation sexuelle mais que l’on ne prodigue pas de cours d’éducation alimentaire. Bien sûr, celui qui conduit, c’est celui qui ne boit pas plus que la limite autorisée. La modération, ça s’apprend. Mais attention aux discours réducteurs et parfois trop simplistes. Apprenons à positiver les messages.
Th. Guillemot

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