Produits phytosanitaires : un nouvel arrêté catastrophique pour l’Orne
La profession agricole vient de prendre connaissance de l’annulation de l’arrêté de 2006 encadrant l’utilisation des produits phytosanitaires. Un nouvel arrêté est en voie d’être finalisé sans qu’elle soit associée. Un nouvel arrêté jugé catastrophique pour le monde agricole.

La rencontre avec les parlementaires lundi dernier aura été non pas sur le terrain comme prévu mais en salle, dossier à l’appui et surtout schéma à la main, en raison d’emploi du temps trop tendu. Autour de la table, les responsables de la FDSEA et des JA aux côtés de Véronique Louwagie, députée et Jean-Claude Lenoir, sénateur, les seuls à avoir répondu présents à l’appel de la profession. La problématique porte sur l’arrêté encadrant l’utilisation des produits sanitaires datant de 2006. Il a été annulé en raison d’un « recours formulé par des producteurs de pommes et de poires » précise Sylvain Delye, responsable de la commission environnement de la FDSEA. Les ministères de l’Agriculture et de l’Écologie penchent donc sur un nouvel arrêté qui devrait sortir pour le mois de février. Mais la profession ne semble pas être associée à cette nouvelle réflexion. « Cela fait que quelques jours que nous sommes au courant » indique Sylvain Delye. « Mais avec les éléments que vous connaissez, cela veut dire que la copie est déjà bien avancée » fait remarquer Jean-Claude Lenoir.
Un flou artistique
C’est bien là la préoccupation des agriculteurs. Ce nouvel arrêté, hormis que pendant quelques semaines, le flou juridique existera, prévoit des modifications non audibles. « Les zones non traitées (ZNT) passeraient de 5 à 20 m par rapport au cours d’eau. Les bois, les haies, les tiers (maisons…) seraient aussi à prendre en compte » explique le responsable environnement. Pour Anne-Marie Denis, c’est tout simplement « catastrophique ». Elle prend en exemple la parcelle sur laquelle les agriculteurs et les élus devaient se rencontrer. « Sur la parcelle exploitée par Sébastien Leroy, située sur la commune de Chailloué, d’une surface de 1,82 ha, 41,8 % de la surface seraient impactés et se trouveraient sans protection vis-à-vis des ravageurs, des maladies et plantes invasives. La perte des 76 ares représente 19 000 baguettes de 250 g soit 84 Français qui n’auraient pas de pain durant un an, 8,7 tonnes d’aliments pour le bétail et 2,28 tonnes de viande en moins ».
1 400 emplois menacés
Pour le département de l’Orne qui s’étend sur 397 000 ha, c’est 12 000 ha qui pourraient être impactés, surtout dans le Bocage et le Perche. « C’est une perte de 200 agriculteurs, la disparition de deux entreprises agroalimentaires et 1400 emplois ». Au final, une ZNT de 20 m conduirait les agriculteurs à « traiter moins en bordure, davantage au cœur pour un rendement moindre » insiste la présidente de la FDSEA. « C’est extrêmement inquiétant » poursuit-elle. Quant aux conditions d’application selon la vitesse du vent, cela semble également aberrant. Le nouvel arrêté prévoit de supprimer la référence de l’échelle de Beaufort au profit d’une méthode de calcul de la vitesse du vent à l’aide d’un appareil de mesure préconisant une vitesse inférieure à 19 km/h. « On ne voit pas pourquoi du jour au lendemain on casse un arrêté qui a fait ses preuves. Aujourd’hui, on peut prouver l’amélioration de la qualité de nos cours d’eau grâce à l’utilisation de buses anti-dérives ». Avec ces modifications, « nous avons l’impression d’avoir un coup de bâton comme si on était des mauvais élèves » conclut Sylvain Delye. Au final, la FDSEA et les JA demandent un appui important des parlementaires pour un retour de l’arrêté de 2006 et une concertation avec la profession « pour une agriculture forte alliant certes le respect de l’environnement mais surtout la rentabilité économique ». Désormais, le dossier est dans les mains des parlementaires qui s’engagent à regarder la copie de près.