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Protéagineux : bilan de campagne 2016-2017

Sécheresse et manque d’eau caractérisent la campagne 2016-2017. Si les maladies se font discrètes, la présence importante d’insectes a eu un impact certain sur la qualité des graines. Les pluies peu abondantes et de fortes chaleurs en fin de cycle entrainent quant à elles une floraison raccourcie et un remplissage limité, impactant le nombre de graines par plante et le PMG.

© Terres Inovia

Retour à une météo plus classique, marquée néanmoins par la sécheresse

Une année sèche
Après une campagne 2015-2016 marquée par des pluies abondantes au printemps, la sécheresse semble caractériser la campagne 2016-2017, avec des cumuls de pluie souvent inférieurs à 500 mm entre le 1er septembre 2016 et le 1er juillet 2017.

De bonnes conditions de semis
La faible pluviométrie du début d’automne 2016 a ainsi permis de semer les cultures d’hiver dans de bonnes conditions. Néanmoins, pour les semis n’ayant pas pu être réalisés dans la première décade de novembre, le retour des pluies a obligé un report des semis à décembre, entrainant des craintes sur la viabilité de ces parcelles dans un premier temps.
La levée des lupins, semés début octobre, a parfois été ralentie par la sécheresse.
Pour les pois et les féveroles, on distingue majoritairement 2 périodes de semis : tout début novembre, et fin novembre début décembre.

Un hiver froid, propice au bon endurcissement des cultures d’hiver
L’hiver 2016 s’est installé progressivement : si de premières petites gelées ont eu lieu courant novembre, le froid s’est intensifié en décembre et janvier, favorisant un endurcissement progressif des protéagineux d’hiver. On note ainsi peu de dégâts liés à ces gelées. Par ailleurs, l’hiver peu humide fût peu propice à l’apparition de maladies, en particulier l’ascochytose du pois, le botrytis de la féverole et l’anthracnose du lupin. En sortie d’hiver, les cultures étaient très saines.

Des semis de printemps parfois trop précoces
Les mois de janvier et février, relativement secs, ont offert plusieurs plages favorables aux semis des cultures de printemps.
Dans le sud du Poitou-Charentes, certains ont profité du créneau de tout début janvier pour semer les pois. Ces semis beaucoup trop précoces ont pu souffrir du froid, le gel étant arrivé sur des graines juste imbibées. La majorité des cultures de printemps ont cependant été semées dans les bons créneaux, de fin janvier pour le sud de la zone à mi-mars pour la Normandie. Les conditions poussantes du début du printemps ont permis des levées rapides.

Avril, le choc des gelées tardives
Le second fait marquant de cette campagne est lié aux gelées tardives survenues sur l’ensemble de la zone entre le 19 et le 24 avril 2017. Les dégâts provoqués par ces gelés sont intimement liés à la localisation, l’exposition de la parcelle, ainsi qu’au stade de développement des cultures. Pour les parcelles les plus exposées, sur des cultures ayant atteint le stade 10-12 feuilles ou étant en fleurs, des dégâts importants de gelées d’apex et de coulures de fleurs ont été occasionnés par ces températures négatives. Sur certaines parcelles, les floraisons ont été stoppées. On a pu voir des ramifications se développer, mais qui n’ont mis en place que peu d’étages de gousses et n’ont pas permis de compenser les pertes de rendement. Ces gelées ont également permis l’expression de symptômes de bactériose. Néanmoins, le retour rapide d’un temps doux et sec a stoppé le développement de la maladie, qui ne s’est réellement exprimée que dans de très rares cas.


Une fin de cycle souvent trop sèche
Les mois de mai et juin n’échappent pas à la sécheresse annuelle : les températures dépassent facilement les 25°C durant la floraison, température critique entrainant la coulure des fleurs et limitant le remplissage des graines.
Pour rappel, on considère que le rendement est affecté dès un cumul de 10°C des températures maximales supérieures à 25°C. Ce cumul est atteint dans la majorité des parcelles de cultures de printemps, et principalement en Poitou-Charentes et en région Centre – Val de Loire pour les cultures d’hiver.
A ces fortes chaleurs vient s’ajouter un déficit hydrique marqué, qui impacte le nombre de graines par gousse et le remplissage. En effet, même dans les secteurs les plus profonds et les moins « chauds », les bilans hydriques font état d’un déficit dès la mi-floraison, déficit qui s’installe beaucoup plus précocement dans des parcelles moins profondes.
Les récoltes ont souvent débuté avec plusieurs semaines d’avance. Les rendements sont moyens à bons dans les parcelles profondes peu exposées au gel ; les parcelles séchantes ou fortement exposées au gel ont pu voir leur rendement fortement imputé.

Conséquences du climat : une quasi absence de maladies, mais une année favorable aux ravageurs

Si quelques symptômes de mildiou, d’anthracnose du lupin et d’ascochytose du pois en bas de tige ont pu être observés, la pression maladie reste très faible cette année.
Dans certains secteurs, les orages ou averses ponctuelles ont permis le développement de la rouille de la féverole en fin de cycle.
En revanche, les conditions climatiques sont très favorables à l’activité des insectes, qui envahissent les parcelles dès le printemps (sitones) et seront présents jusqu’en fin de cycle (pucerons, tordeuses et bruches).
Les suivis BSV indiquent une pression sitones et pucerons importante. Les vols de tordeuses débutent précocement et se poursuivent pendant toute la durée de la floraison. De plus, les températures sont favorables aux vols des bruches, qui colonisent les parcelles dès l’apparition des premières fleurs.
Pour rappel, aussi bien sur pois que féverole, les bruches sont actives et préjudiciables à la culture sous 3 conditions :
- La présence de fleurs, qui attirent les insectes et permettent aux femelles de devenir sexuellement matures ;
- La présence de gousses, supports de la ponte ;
- Deux jours consécutifs avec des températures maximum supérieures ou égales à 20°C.
Dans certains secteurs, la présence de nématodes de la féverole a également pu être signalée.
Pour rappel, les attaques de nématodes peuvent avoir deux origines : les semences contaminées ou la présence du ravageur dans le sol. Des températures fraîches (autour de 15-20°C) et un temps humide favorisent l’activité des nématodes qui envahissent les jeunes tissus végétaux. Des zones de contamination apparaissent alors sous forme de foyers ou de plantes isolées dans la parcelle, et peuvent s’accroitre au fil du temps.
Les symptômes sont visibles principalement aux mois de juin – juillet, et s’expriment sous la forme de gonflement et de déformation du haut des tiges des féveroles. Les plantes stoppent leur croissance, restent chétives, le bourgeon terminal dépéri. Les tiges et pétioles des feuilles deviennent brun-rougeâtre. Les graines infestées sont généralement plus petites, sombres, et peuvent présenter des tâches et des déformations. En cas de doute, l’analyse en laboratoire peut s’avérer nécessaire.
Important : si vous détectez la présence de nématodes des tiges dans votre culture de féveroles, il est impératif de ne pas ressemer les graines récoltées, porteuses du ravageur.
Par ailleurs, le nématode peut survivre de nombreuses années dans le sol et les graines. Afin de limiter une contamination de la culture via le sol, attendre au moins 8 ans avant le retour d’une culture de féverole sur une parcelle infestée.

Enfin, attention aux outils de travail du sol qui peuvent également servir de vecteur à la dissémination du ravageur dans des parcelles saines.
En cas de doute, vous pouvez faire analyser vos semences et plantes auprès de laboratoires agréés.

Bilan : rendements et surfaces pour la campagne 2016 – 2017

Des surfaces à la hausse
Au niveau national, pour la campagne 2016-2017, si la hausse des surfaces de pois se poursuit, on note une baisse des surfaces de féveroles et de lupin.
Pour la zone Ouest, les surfaces de pois suivent la tendance nationale et sont en hausse malgré les mauvais résultats de la campagne précédente ; les surfaces de féveroles quant à elles se maintiennent, alors que les surfaces de lupin sont en baisse.


Des rendements en berne
Plusieurs composantes de rendement ont été impactées par le climat de cette campagne. Ainsi, le nombre d’étages de gousse, le nombre de graines par gousse et le PMG ont pu être limités par la sécheresse en cultures de printemps et les gelées sur les cultures d’hiver.
Il en résulte des rendements allant d’une vingtaine de quintaux dans les secteurs séchants à une soixantaine de quintaux dans les secteurs les plus profonds en pois.
En féveroles, les rendements sont généralement faibles, mais peuvent atteindre les 70 q/ha en Normandie.
En lupin, les résultats sont moyens et oscillent autour de 30 q/ha.

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