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LAIT
Qualité bactériologique de l’eau : un élément à ne pas négliger

La qualité bactériologique des eaux est déterminante pour la santé des animaux et l’hygiène du matériel de traite et du lait produit.

Si les exigences réglementaires ne sont pas forcément les mêmes selon la destination de l’eau, une obligation de résultat est imposée à l’éleveur.


Notion de potabilité

Une eau est dite potable quand elle satisfait aux exigences minimales fixées par la directive 98/83/CE du Conseil du 3 novembre 1998 (transposée en décret du 20 décembre 2001 (décret n°2001-1220)) relative à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine.Selon la Direction départementale de protection des populations du Calvados, pour être définie comme “potable”, l’eau doit avoir obtenu de la part du préfet une autorisation. Autrement dit, l’ouvrage privé doit avoir fait l’objet d’une procédure d’utilité publique, identique à celle requise pour un ouvrage public.Au niveau bactériologique, une eau potable doit ainsi être exempte de coliformes totaux, E. Coli, Clostridium sulfito-réducteur et entérocoques.On pense souvent que l’eau de ville (ou eau du réseau public) est potable ; néanmoins, ceci n’est vrai et garanti jusqu’au compteur/raccordement (et non jusqu’au robinet) : une contamination de l’eau peut ainsi se faire au travers des canalisations en mauvais état de l’exploitation.


Les germes recherchés dans l’eau

Comme la recherche de certains agents pathogènes peut être difficile et onéreuse, on privilégie en contrôle de première intention la recherche d’E. Coli et des entérocoques, car ils sont de bons indicateurs d’une contamination fécale.Escherichia Coli correspond à ce que l’on appelait avant 2001 Coliformes thermotolérants ou encore Coliformes fécaux ; les Entérocoques correspondent aux anciennement nommés Streptocoques fécaux du groupe D.Quatre autres critères bactériologiques peuvent également être recherchés : spores de bactéries anaérobies sulfito-réductrices, bactéries aérobies revivifiables à 22° C et celles à 37° C.

Les eaux d’abreuvement

Pas d’obligation de potabilité à ce jour

Pour l’abreuvement des bovins, il est conseillé que l’eau soit potable. “Conseillé” car :- en terme de bien-être et de santé animale, les animaux doivent profiter d’une eau “de qualité adéquate” (pour reprendre le terme du Paquet Hygiène), c'est-à-dire une eau qui ne concourt pas à les rendre malades. Une eau de mauvaise qualité peut déclencher des pathologies ou compliquer des problèmes sanitaires existants. Les veaux sont bien plus sensibles que les adultes, et les diarrhées liées à la qualité de l’eau ne sont pas rares chez les jeunes individus ;- d’un point de vue réglementaire, aucun texte ne rend obligatoire la potabilité de l’eau pour l’abreuvement des bovins. Néanmoins, l’éleveur est prié de tout mettre en œuvre pour éviter un risque de contamination (voir encadré sur la réglementation) : c’est une obligation de résultat qui lui est imposée !Aussi, la Charte des bonnes pratiques d’élevage demande que l’éleveur assure un abreuvement correct, conforme aux besoins de ses animaux. Il doit mettre à leur disposition une eau “visuellement propre, sans excrément, claire, et régulièrement renouvelée”. Effectivement, dans un abreuvoir, les bactéries fécales (et/ou pathogènes) importées par les bouses trouvent peu de micro-organismes pouvant limiter leur multiplication.Les eaux de gouttière ne sont pas recommandées pour l’abreuvement. Elles sont tolérées, mais fortement déconseillées (plus particulièrement s’il s’agit des eaux de premières pluies) car elles peuvent être chargées d’excréments d’oiseaux et contenir ainsi des salmonelles, listeria, métaux lourds, …


L’eau de boisson, un vecteur potentiel d’agents pathogènes

L’eau peut être le vecteur d’agents pathogènes comme les salmonelles, campylobacter mais également les spores de Clostridium, leptospires, Giarda duodenalis, trichomonas, coccidies,…Le botulisme, par exemple, est lié à la contamination des eaux de surface ou de puits par un cadavre (oiseau, rongeur), d’où la nécessité d’apporter une bonne protection à vos captages et vos puits.S’il n’existe pas de norme qui définisse une concentration maximale et tolérable de bactéries dans l’eau (une “dose contaminante” en quelque sorte), il y a cependant des recommandations à retenir. Ainsi, il est conseillé que l’eau de boisson des bovins contienne moins de 200 bactéries (totales)/100 ml et moins d’un coliforme pour 100 ml.La présence d’un germe pathogène dans l’eau ne suffit pas toujours à la rendre dangereuse. C’est plutôt une concentration élevée en germes résistants qui conditionne cette dangerosité. Ainsi, l’eau devient potentiellement dangereuse si elle contient plus de 1 million de bactéries totales/100 ml et plus de 1 coliforme/100 ml pour les veaux et plus de 15 coliformes/100 ml pour les adultes.A noter qu’un animal qui buvait une eau contaminée (en salmonelles par exemple) sans être jusqu’ici affecté peut déclarer une maladie s’il se trouve fragilisé (sous l’effet du stress, d’immunodépression par exemple).Il est possible d’établir une relation entre le nombre de germes fécaux présents dans l’eau et la présence de certains germes pathogènes.Plus il y a de bactéries fécales, plus il y a de risques que l’eau contienne des bactéries dangereuses. Aussi, une eau contenant plus de 1 000 coliformes/100 ml peut être suspectée lors d’une infection à salmonelle ; une concentration en E. Coli supérieure à 50 E.Coli/100ml peut être associée à la présence de cryptosporidies.Enfin, le lien entre les mammites et la contamination d’une eau d’abreuvement n’est pas démontré ; la contamination de l’environnement par les bactéries provenant d’une eau consommée (via les déjections) pourrait être en cause (mais cette théorie est discutée).

L’eau destinée au nettoyage des équipements de traite

Sans entrer dans les détails de la réglementation et ses différentes interprétations, retenez que l’usage de l’eau potable est rendue obligatoire dans le Calvados par la Direction départementale de protection des populations (DDPP) pour le nettoyage du matériel en contact avec le lait (équipements de traite, griffes, vaisselle, lactoducs, tank, rinçage des lavettes…),…Les forages (ou autres ouvrages privés) doivent ainsi faire l’objet d’une procédure d’utilité publique, selon la DDPP du Calvados. Le cas échéant, l’éleveur est tenu d’apporter de l’eau de réseau pour nettoyer le matériel en contact avec le lait.Il semblerait que la notion d’“eau propre(1)” soit davantage estimée dans les autres départements bas-normands que dans le Calvados. La validation prochaine du Guide des bonnes pratiques d’hygiène “Elevage de ruminants” devrait permettre une harmonisation des exigences entre les départements et l’acceptation de cette notion d’eau propre.Selon la Charte, le nettoyage des mamelles et du matériel en contact avec le lait impose à l’eau de satisfaire aux exigences bactériologiques de l’eau potable.


S’assurer de la potabilité de l’eau demeure indispensable : il en va de la santé des mamelles de vos animaux de l’hygiène de votre lait !

Lors de la phase de lavage, l’eau est additionnée de lessive ; cette solution est censée supprimer (entre autres) les bactéries contenues dans l’eau et l’installation, à condition toutefois de respecter la concentration minimum en produit préconisée (attention, selon les marques, la concentration varie du simple au double : 0.5 à 1 %), dans une eau dépassant en fin de lavage les 35° C.Cependant, la phase qui suit le lavage, c'est-à-dire le rinçage, se fait à l’eau claire : si l’eau de l’exploitation contient des germes, l’installation peut donc être recontaminée à l’issue de cette ultime étape.Dans cette situation, non seulement des germes persisteront dans le lactoduc de l’installation après nettoyage, mais également dans d’autres éléments de la machine à traire comme les manchons. Ces derniers, alors contaminés, seront un relais idéal pour propager les germes dès le début de la traite aux mamelles. C’est également vrai pour l’eau de rinçage des lavettes : avec une eau chargée de bactéries, vous exposez les mamelles de vos animaux à une infection.A noter qu’une bactérie assez rare, mais particulièrement redoutable et résistante aux antibiotiques, Pseudomonas aeruginosa, a pour milieu de prédilection l’eau, les milieux humides et est sensible à la dessiccation. Dans les élevages qui rencontrent ce germe, la purge et le séchage de l’installation de traite ainsi que l’essuyage des plateaux de lavage sur lesquels reposent les griffes sont plus que nécessaires après la traite.Le séchage de l’installation est réalisé automatiquement par les automates de lavage grâce à des purges automatiques. En cas de nettoyage manuel, il suffit de laisser ouvert un robinet sur le lactoduc pendant 2 à 3 minutes après le rinçage.Par ailleurs, sachez qu’une eau qui stagne dans les canalisations est propice au développement de biofilm par la flore totale (dépôt de bactéries et champignons invisibles mais détectable au toucher : film gras). La formation de tartre au sein des canalisations concourt également au développement de cette flore.


Mesures préventives pour garantir et s’assurer de la qualité bactériologique des eaux d’élevage

Au niveau des abreuvoirs : vidangez, nettoyez et désinfectez régulièrement les abreuvoirs et/ou bacs à eau ; la distribution aux bovins d’une eau potable est plus que recommandée.A noter : il peut arriver que l’eau des cuves et des abreuvoirs soit aspirée dans les tuyaux en cas de forte consommation d’eau en amont ; ce phénomène contribue à contaminer  les tuyaux, même loin des animaux ; l’installation de clapets de fermeture est alors à envisager.


En cas de captage d’eau privé

Un périmètre de protection autour du captage doit être mis en place : un bon captage doit être étanche et protégé des infiltrations de surface (boues, matières organiques, …). Par ailleurs, la distance entre un bâtiment d’élevage et un forage doit être au minimum de 35 m.- Pour les eaux destinées à l’abreuvement : il est conseillé de faire vérifier tous les ans la qualité bactériologique de l’eau, préférentiellement durant la période de fortes précipitations (entre décembre et mars) car le risque de pollution par les eaux de ruissellement y est le plus fort. Sachez qu’une eau traitée n’est pas dispensée d’être analysée.- Pour les eaux destinées au nettoyage du matériel de traite : les forages (ou autres ouvrages privés) doivent faire l’objet d’une procédure d’utilité publique. L’éleveur est tenu de surveiller la qualité de l’eau et d’entretenir son réseau intérieur. L’éleveur est donc directement responsable de la qualité de l’eau et doit mettre en œuvre un programme d’analyses. Le cas échéant, il doit mettre en place un dispositif de protection anti-retour vis à vis de la distribution publique.Le GDS Services 14-50 et le GDS Services 61 peuvent également vous conseiller pour l’amélioration et la protection des captages privés, le choix de la conception et de l’emplacement du forage, le système de traitement approprié (chloration, néon à ultra-violet, …) pour les eaux présentant des risques bactériologiques.

(1) : une “eau propre” est définie dans le Paquet Hygiène comme une eau ne contenant pas de contaminants en quantité telle que ça compromette la sécurité du produit final.

Eaux d’abreuvement : ce qu’en dit la réglementation

Règlement CE n° 183/2005 du 12 janvier 2005 établissant des exigences en matière d’hygiène des aliments pour animaux : il est notifié que les systèmes d'abreuvement doivent être nettoyés et entretenus régulièrement, dans la mesure du possible. Lorsqu'il y a lieu de craindre une contamination des animaux ou des produits animaux par l'eau, des mesures doivent être prises pour évaluer les risques et les réduire au minimum ; à ce sujet, le règlement ne contient rien de plus explicite, pas même de valeurs seuils au-delà desquelles on pourrait déduire que l’eau est contaminée (cependant, l’évaluation de ces valeurs est depuis confiée à l’AFSSA).


Où et par qui faire analyser son eau ?

Le Lano propose 3 forfaits d’analyses bactériologiques :

- analyse microbiologique seule, “type Charte des bonnes pratiques (CBPE)” : dénombrement Escherichia Coli et entérocoques intestinaux ; 32 € HT ;

- analyse seule avec salmonelles : dénombrement Escherichia Coli et entérocoques intestinaux, avec recherche de salmonelles (et confirmation de cette dernière par identification avec sérotypage du groupe si positif) ; 42 € HT ;

- pack “Analyse complète” : pH, nitrates, dénombrement Escherichia Coli et entérocoques intestinaux, avec recherche de salmonelles (et confirmation par identification avec sérotypage du groupe si positif) : 52 € HT.Contact : Lano - Laboratoire agronomique de Normandie - Site Agorial - 50008 Saint-Lô cedex. Tél : 02 33 77 38 15.


Le GDS Services 14-50 propose (pas de frais de prélèvement pour les adhérents) :

- analyse microbiologique seule : dénombrement Escherichia Coli et entérocoques intestinaux ; 20.87 € HT dans la Manche et 29,10 € HT dans le Calvados ;

- pH, nitrates, dénombrement Escherichia Coli et entérocoques intestinaux : 27,87 € HT dans la Manche et 37,27 HT dans le Calvados ;

- 11.87 € HT pour l’analyse du fer.



Le GDS Services 61 propose également une formule basée sur la recherche des coliformes, entérocoques, spores de bactéries anaérobies sulfito-réductrices, bactéries aérobies revivifiables à 22° C et à 37° C ; 42 € HT (pas de frais de prélèvement pour les adhérents).



Adhérents au GDS, contactez :

- la filiale GDS Services 14-50 : 02 33 06 47 00 pour une analyse (les analyses sont réalisées au laboratoire départemental Frank Duncombe). Pour toute analyse non potable bactériologiquement, visite d’un technicien prise en charge par le GDS.

- la filiale GDS Service 61 : 02 33 81 41 41.

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