Aller au contenu principal

À l’AG d’Elvup
Quand l’offre climatique influence l’offre fourragère

Jeudi 25 juin, Elvup a tenu son assemblée générale par visioconférence. Une cinquantaine de personnes y ont participé. Le thème cette année : cultures fourragères et nouveau contexte climatique, état des lieux et pistes d’adaptation.

L’année dernière lors de l’assemblée générale. De gauche à droite : Patrick Hicahrd, directeur ; Christian Manoury, vice-président ; Catherine Lequeffrinec, trésorière ; Jean-François Le Meur, président. Archives
© Archives

« Le climat de plus en plus aléatoire impacte les cultures fourragères, les systèmes sont de plus en plus tendus. La résilience de l’autonomie fourragère est remise en question. » Voilà le postulat dont part Émilie Turmeau. La référente pâturage Elvup se base sur une enquête réalisée dans 80 exploitations ornaises, représentatives de la diversité du département. « Si les systèmes herbe perdent en autonomie, ce n’est pas qu’un problème de cohérence mais peut-être de techniques culturales qui auraient besoin de s’adapter aux aléas climatiques. »

La révolution de l’ETP
Dans la foulée, Xavier Goutte, de la Chambre d’agriculture, reprend les bases des scénarii météorologiques anticipés il y a quelques années. « En 2020, nous sommes plutôt dans les prévisions hautes voire pessimistes du réchauffement climatique. » Xavier Goutte prend en compte le nombre de jours par an au-dessus de 25°C, l’évapotranspiration (ETP), la pluviométrie, le gel. « Les graminées fourragères s’arrêtent de produire à 25 °C. Ce nombre de jours va doubler dans le Perche : sur une période de trois mois, il y aura 40 jours d’arrêt de végétation. Les pluies sont très difficiles à prévoir : beaucoup d’eau l’hiver, moins en mars avril mais plus en mai, un peu en juin-juillet-août et les mêmes quantités à l’automne. Les années normales n’existeront plus. » Quant au gel, le premier et le dernier jour de l’année reculent, le nombre de fois où le thermomètre descend en dessous de 0°C est en chute. « Les premiers gels déterminent l’arrêt de la pousse de l’herbe. Dans ce contexte, le comportement des végétaux change. » L’évapotranspiration (ETP), ou la quantité d’eau qui s’évapore par le soleil, le vent et les racines a, elle, « été multipliée par deux en soixante ans. C’est ça, la révolution. »

Des perdants et des gagnants
Tout mis bout à bout, Xavier Goutte incite à réfléchir aux itinéraires techniques culturaux du maïs. « Les stades végétatifs avancent à cause de l’offre climatique, mais la variabilité aussi. La réserve utile des parcelles sera plus rapidement vidée et le restera plus longtemps à cause des fortes températures et des faibles pluies sur certaines périodes. La pyrale du maïs se généralise et une nouvelle plaie du maïs arrive du sud, la sésamie. » Il conseille de semer plus tôt, de viser la floraison au 14 juillet, de revoir les densités de semis et les choix variétaux. La question de l’herbe se pose aussi. « Un hectare de ray gras évapore plus d’eau que du maïs. Tous les ans, on fera face à une sécheresse car les pluies ne juguleront pas l’ETP. Conséquence : la pousse de l’herbe sera plus importante l’hiver, le pic de l’herbe est avancé, l’effondrement de la production aussi. Les dates d’ensilage, dans le bocage, arrivent en avril. Faut-il continuer à faire du foin en juin ? » questionne l’intervenant. Il pose aussi le problème de la portance des parcelles, si pâturage d’octobre à mai. « Les perdantes seront les prairies permanentes à base de ray gras anglais. » Les moissons d’orges et de blé, de plus en plus précoces, laisseront la possibilité d’implanter, dès juillet et jusqu’à l’automne, des ray gras italiens ou des trèfles incarnat et d’Alexandrie. Ces espèces peuvent, certaines années, produire 4 t de MS/ha si elles sont semées assez tôt. Xavier Goutte entrevoit deux grandes gagnantes de ce changement climatique. La luzerne, dont le système racinaire résiste au stress hydrique. Et la betterave fourragère, « seule culture qui marque une pause dans sa végétation et qui repart. Après, d’autres questions, comme la récolte, la conservation, la distribution tout au long de l’année, se posent. Mais rien n’est parfait ».

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout l'Agriculteur Normand.

Les plus lus

À 50 ans, Cyril Moitié a mis fin à ses jours.
Le Père Cyril Moitié disparu à 50 ans 
Le 21 mai 2025, le père Cyril Moitié, âgé de 50 ans, a mis fin à ses jours. Pus de 2 000 personnes lui ont rendu hommage, lui qui…
Le festival se déroulera sur deux jours les 31 mai et 1er juin prochains.
Tracto-rétro et moteurs en fête dans le Perche
Le Perche s'apprête à vibrer au son des moteurs et des amplis les 31 mai et 1er juin prochains, à l'occasion du tout…
Guillaume Marie, gérant de la Ferme de la vieille abbaye à Barbery, a accueilli Clotilde Eudier et les équipes de la Région Normandie pour une visite de la nouvelle ligne de production de la teurgoule.
L'engouement grandit autour de la teurgoule à Barbery
Teurgoule individuelle restauration, installée à Barbery, connaît un essor nouveau concernant la fabrication de la fameuse…
Quarante élèves de l'école de Gacé se sont rendus sur la ferme de Christophe Cougé au Merlerault.
Des enfants en immersion pédagogique à la ferme
Depuis le 19 mai, ce sont 19 exploitations ornaises, qui, dans le cadre du dispositif " Fermes ouvertes ", ont reçu des…
Vendredi 16 mai, le préfet du Calvados, Stéphane Bredin, a remis la médaille du Mérite agricole à neuf récipiendaires.
Des agris distingués de la médaille du Mérite agricole
Vendredi 16 mai 2025, le préfet du Calvados, Stéphane Bredin, a remis, au nom de la ministre de l'Agriculture et de la…
Tout au long de l'après-midi, pas moins d'une centaine de chevaux vont fouler le sable de Jullouville, seul hippodrome marin de Normandie et un des quatre de l'Hexagone.
Sur les hippodromes ou dans les champs, Claude Legrand garde la passion de l'élevage
Un coefficient de marée de 92/89, une basse mer à 16 h 45, voilà les ingrédients principaux pour organiser un…
Publicité