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Isigny-Sainte-Mère
Que la force reste à la coop

Vendredi 4 septembre, la coopérative Isigny-Sainte-Mère a tenu son assemblée générale. Les résultats 2019 sont bons, la coopérative assoit sa stabilité après trois exercices satisfaisants. Ses dirigeants placent cependant la prudence au premier rang dans le contexte de crise sanitaire liée à la Covid-19. Dans les prochains mois, ils accentuent leur politique sans OGM, issu de troupeaux normandisés.

ISIGNY AG
Arnaud Fossey et Daniel Delahaye, président et directeur de la coopérative : « nous investissons dans les savoir-faire, gardons la tête froide, sans jamais rien considérer comme acquis ».
© DR

« 2019 est déjà loin mais nous avons connu une année record en matière de collecte : + 6% par rapport à 2018 », félicite Daniel Delahaye, directeur de la coopérative Isigny-Sainte-Mère, lors de son assemblée générale, vendredi 4 septembre. On pourrait deviner, sous son masque, un sourire de satisfaction. « Les flores butyriques s’améliorent mais nous ne sommes pas au maximum, nous avons encore de la marge de progrès en cellules. Quant aux flores, nous sommes à 98 %, c’est difficile de faire mieux, détaille le directeur. 2019 relève aussi la tête pour les matières grasses. » Il souligne la rémunération des producteurs, de « 413,14 €/1 000 l », la prime AOP instaurée en 2017, la prime Normande revalorisée en 2019 et 2020. La collecte moyenne par ferme s’élève à 582 000 l de lait.

Le plein emploi de la matière grasse

Les produits transformés par la coopérative assurent « le plein emploi de la matière grasse ». Les poudres infantiles représentent 63 % du chiffre d’affaires. « Nous avons l’impression qu’elles prennent de plus en plus de place. Mais sachez que 20 l de lait produisent 1 kg de beurre et 8 kg de lait infantile. Le beurre reste notre tête de cordée, le lait infantile est un débouché qui équilibre l’équation laitière. Les pâtes pressées se développent bien. Pour les fromages frais, produits d’excellence, le marché se tend au Royaume-Uni à cause du Brexit qui arrive à grands pas. Mais le marché français devrait en partie compenser. Ils sont remarqués par leur qualité. » Seul bémol, les pâtes molles, « atelier le plus difficile car la concurrence en France est rude ». L’année 2019 voit le chiffre d’affaires global grimper de 10 %. Plus de la moitié du CA est dédiée à l’export, en majorité vers l’Asie. Isigny-Sainte-Mère compte aussi dans son portefeuille de clients les USA et le Proche Orient. « L’export va continuer à se développer dans le futur. »

Méfiance est mère de sûreté

Si l’export est appelé à croître, la coopérative normande attire l’œil de ses sociétaires sur des éléments de vigilance liés au contexte. D’abord, la menace d’une taxe sur les produits à destination des États-Unis. Les dirigeants se méfient du Président Trump. Qui ne le serait pas ? Ensuite la production de laits infantiles : « la formule 1 doit rester vigilante pour ne pas déraper. Pour 2020, nous arrivons en limite de saturation et attendons le nouvel atelier U3 ». L’entreprise, dotée d’un laboratoire depuis 2018, s’assure de la maîtrise des contrôles d’analyse. Plus de 2 500 y sont réalisées par jour, pour garantir la qualité des produits aux clients. La coopérative a embauché 135 personnes, en 2019, dans les équipes R&D, productions, ventes, achats, logistique, maintenance et laboratoire. « Sans clients, l’entreprise n’existe pas. » Troisième élément de contexte et pas des moindres : la Covid-19. « En externe, des aménagements ont été réalisés pour maintenir la production des laits infantiles : assurer la livraison des ingrédients et l’exportation. » En interne, l’entreprise interroge : « que se passe-t-il si un foyer est déclaré ? Un atelier peut-il fermer ? Quel est le plan B ? » Comme partout, le virus reste une épée de Damoclès.

Faire bouger les lignes

La mise en service de l’Unité 3 de production de laits infantiles s’accompagne d’un plan de recrutement massif. « On espère sortir les premières poudres courant mai 2021 », avance Nicolas Courtier, directeur des ressources humaines, embauché en 2019. Arnaud Fossey, président, développe les deux axes de développement pour les producteurs : la fin des OGM en 2022 et la normandisation des troupeaux. « Certains de nos clients pensent que nous sommes à 100 % sans OGM. Nous voulons que cela devienne plus clair. » Dans cette optique de « faire bouger les lignes », la coopérative active une politique incitatrice à court terme. « Dès le mois d’octobre, une prime de 7 €/1 000 l sera octroyée aux producteurs sans OGM. À partir du 1er juillet, un malus de 7 €/1 000 l sera imposé à ceux qui compteront encore des aliments OGM dans les rations. Après cette année de transition 2021, les OGM seront définitivement interdits à Isigny-Sainte-Mère. La prime restera d’actualité », détaille Arnaud Fossey. Même principe pour la normandisation des cheptels : 12 € de prime en zone AOP si 10 % de Normandes, 7 € hors zone. L’équivalent en malus tombera en 2024. Objectif : 10 % de Normandes, race emblématique de la structure, dans tous les troupeaux le 1er janvier 2024. « Ce ne sont pas des contraintes mais des opportunités de croissance et de valorisation. » Et le président de conclure : « je salue l’ensemble des salariés. L’épisode de la Covid-19 a montré leur engagement. Sans nous, pas de lait ; sans eux, pas de collecte, pas de transformation pas de commercialisation ! »

4 - Pour la quatrième année consécutive, 2017-2018-2019-2020, la coopérative Isigny-Sainte-Mère obtient le label Meilleur employeur agroalimentaire par le magazine Capital.
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