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Elevage
Quelles solutions pour la traite d’un grand troupeau ?

La traite représente plus de 50 % du travail quotidien lié à l’élevage. L’investissement d'un nouvel équipement va avoir une incidence importante sur la quantité et la qualité du travail durant une quinzaine d’années.

L’augmentation de la taille des troupeaux de vaches laitières entraîne de nouvelles demandes en matière d'équipements de traite. Face à cette évolution, les constructeurs proposent des systèmes performants (salles de traite rotatives, traite par l'arrière, salle de traite en simple équipement, robots de traite). Pour faire son choix, l'éleveur doit prendre en compte ses objectifs, ses contraintes mais également ses envies. Pour certains, il s'agira de répondre à un manque de disponibilité de la main d'œuvre, alors que d'autres auront pour priorité la maîtrise de l'investissement tout en gardant de bonnes conditions de travail.


Robot ou salle de traite rotative (roto) ?

2 possibilités si la main-d'œuvre est peu disponible

Le robot permet de supprimer l'astreinte biquotidienne de la traite alors que les salles de traite rotatives peuvent permettre de traire avec un seul trayeur des effectifs importants. Au moment du choix, la sensibilité de l'éleveur est déterminante. Pour ceux qui privilégient le contact avec les vaches à la traite, les rotos l'emportent, alors que les éleveurs qui auront fait le choix de la traite robotisée, devront consacrer plus de temps à l'observation des animaux dans la journée.La réduction de la main-d’œuvre est souvent le premier élément déclencheur dans la réflexion conduisant à l’acquisition d’un équipement de traite. Cela doit être l'occasion de faire un bilan de la main d'œuvre disponible à court et à plus long terme sur l'exploitation.La salle de traite rotative est particulièrement adaptée aux troupeaux de taille importante, elle permet de gérer des lots de vaches et conserve de la souplesse en cas d'augmentation du nombre d'animaux à traire. Elle est souvent choisie car elle permet de traire plus facilement avec un seul trayeur mais de ce type d'installation impose un rythme de traite soutenu, obligeant la pratique d'une hygiène de traite simplifiée à risques en terme de qualité du lait. L'obligation d'avoir des animaux toujours propres grâce à de bonnes conditions de logement est impérative.La cadence de traite élevée peut s'apparenter à un travail à la chaîne avec une augmentation des risques de TMS (troubles musculo-squelettiques). Pour limiter la pénibilité du travail à la pose des faisceaux trayeurs, il existe des dispositifs permettant leur mise sous vide simplement en levant légèrement la griffe, ce qui évite de lever un bras à chaque vache pour appuyer sur le bouton de commande. Il faut être vigilant également au poids des griffes. L'identification automatique des animaux à l'entrée de la salle de traite, les portes de tri en sortie permettent d'éviter des déplacements à l'extérieur de l'installation.L'application des mesures d'hygiènes recommandées et le rythme de travail élevé nécessite  souvent l'intervention d'un deuxième trayeur. Pour assurer une entrée régulière des vaches dans la salle de traite rotative, il est impératif de prévoir une barrière poussante dans l'aire d'attente.Les salles de traite rotatives se déclinent en deux conceptions :- le roto intérieur en épi : le trayeur est situé à l'intérieur de l'installation. Ce sont des rotos de type herringbone (épi). Les vaches sont positionnées en épi et les faisceaux se branchent par le côté comme en salle de traite épi classique ;- le roto extérieur en TPA : le trayeur est situé à l'extérieur de l'installation. Ce sont des rotos de type radial. Les vaches sont positionnées perpendiculairement aux quais et la pose des faisceaux se fait entre les pattes arrières comme en salle de traite par l'arrière (TPA).Avec la robotisation, si la plupart des élevages obtiennent des résultats qualité du lait comparables aux exploitations équipées de salle de traite, on constate des résultats hétérogènes, avec des problèmes de numérations cellulaires élevées dans les élevages qui n'avaient pas une situation saine avant le démarrage du robot. L'utilisation d'un faisceau trayeur pour 60 vaches laitières représente un risque encore mal maîtrisé en terme de contamination microbienne malgré les efforts des constructeurs sur la désinfection du faisceau trayeur après chaque traite. La maîtrise des butyriques passe par une hygiène irréprochable autour de la confection et conservation des ensilages, du bâtiment et de la zone de traite. Les systèmes de nettoyage des robots seront toujours insuffisants avec des vaches sales.Le coût à l'achat entre les deux systèmes et à équipement égal est quasi-similaire notamment en intégrant la partie bâtiment qui s'avère défavorable aux salles de traites rotatives, beaucoup plus encombrantes que les robots. Par contre, les frais de fonctionnement en traite robotisée reste beaucoup plus élevés. Ces frais comprennent les pièces d'usure, les produits de nettoyage, la maintenance, le contrôle, les consommations d'eau et d'électricité. Il faut évaluer le gain potentiel en main d'œuvre pour comparer objectivement les 2 systèmes. Par ailleurs, une stalle de robot, avec la technologie actuelle permet entre 1 800 et 2 000 traites par jour dans des conditions optimales, ce qui situe le seuil de passage entre 2 et 3 stalles à un effectif d'environ 120 vaches laitières.L'alimentation est un aspect à prendre en compte lors de la décision d'investir puisque l'utilisation du robot aura une incidence importante sur la conduite alimentaire des animaux. Le pâturage reste possible avec quelques contraintes, l'éloignement des parcelles obligeant à bien penser l'abreuvement et la circulation des animaux (barrières, portes de tri ). On observe très souvent une diminution du pâturage avec un recours plus important aux fourrages conservés et une augmentation des quantités de concentrés distribuées.Quelque soit le système, l'augmentation de la taille des troupeaux rend plus difficile la sortie des vaches laitières et impose le respect de certaines règles (état des chemins d'accès aux parcelles).

Les salles de traite par l'arrière (TPA) : un intérêt économique et une efficacité avérée pour la traite des grands troupeaux

Si la priorité est de limiter le montant de l'investissement, sans pour autant renoncer à de bonnes conditions de travail, on peut privilégier des installations de traite plus simples en traite par l'arrière dont la compacité permet de limiter les déplacements des trayeurs. Dans ce système, les animaux sont placés à la perpendiculaire de la fosse, ce qui nécessite un branchement par l'arrière. Les vaches laitières sont contenues par l'avant, ce qui permet une sortie plus rapide. En termes de confort de travail la TPA offre l'avantage de limiter les coups de pied, voire les éclaboussures. En revanche la surface d'accès aux mamelles est plus réduite. Pour assurer un bon confort de traite, la hauteur du quai doit permettre au trayeur de travailler le buste droit, sans pour autant être obligé de lever les bras au dessus du niveau des épaules. En TPA, il faut compter 10 cm de plus qu’en EPI. Pour avoir une bonne position des animaux sur le quai, leur pente doit être au minimum de 5 % vers l'avant des vaches.Quant aux cadences, elles dépendent en grande partie de l'organisation du trayeur, de la facilité d'accès des vaches et de leur préparation, très variables d'un élevage à l'autre. Cependant  au-delà de 16 postes de traite, la présence d'un deuxième trayeur s'avère nécessaire pour maintenir une cadence de traite satisfaisante tout en respectant une bonne hygiène de traite.


Simple équipement, une alternative pour les grands troupeaux

Les installations de traite en simple équipement peuvent être une alternative pour la traite des grands troupeaux, pour lesquels elles offrent le plus d’intérêt. Ce type d’installation est très répandu dans certains pays anglo-saxons comme l’Irlande et la Nouvelle-Zélande.Le choix du montage en simple équipement (1 poste de traite pour 2 places de vaches en salle de traite) permet de limiter l'investissement en poste de traite mais, à cadence de traite et main d'œuvre identique, implique  une plus grande longueur de la salle de traite donc des coûts qui font que l'économie espérée n'est pas si importante que cela pour un même effectif de vaches à traire. Ce type d'installation permet de traire seul plus facilement mais dans ce cas, l'absence de temps morts pendant la traite impose un rythme très soutenu et oblige souvent le trayeur à simplifier l'hygiène de traite. Le montage du lactoduc se fait en partie centrale de la fosse du trayeur, en ligne haute ou intermédiaire (de 1,25 m à 2 m par rapport aux animaux), c'est pourquoi il faut être particulièrement attentif à la conception de l'installation et la qualité du matériel ne doivent pas être négliger au risque de rencontrer des problèmes de qualité du lait.Les salles de traite en simple équipement sont le plus souvent montées sur des épi 50 ou 60°. Dans ce type d'installation, les vaches sont positionnées en épi mais avec un angle de 50 ou 60° par rapport à la fosse, alors qu'il est de 30° en épi classique. Cette position impose de brancher les vaches entre les pattes arrières comme en TPA. La salle de traite simple équipement permet de traire environ 7 vaches par heure et par griffe, contre 5 en double équipement, mais avec des variations importantes selon les pratiques de traite. Cela génère donc une économie sur le nombre de postes et sur l'équipement de l'installation (débit pompe à vide moins important qu'en double équipement par exemple), cependant le simple équipement nécessite un bâtiment de traite plus long, au final, l'économie est réduite voire inexistante. Enfin, concernant les consommables, notamment les manchons trayeurs, leur renouvellement doit être plus fréquent, ce qui compense leur nombre réduit, les coût sont donc sensiblement les mêmes.


Salle de traite en épi classique, pour limiter l'investissement

Pour la traite d'un grand troupeau, la salle de traite en épi classique peut être envisagée si la priorité est de limiter le montant de l'investissement. Dans ce cas, il s'agira souvent d'une extension de l'installation existante (passage de 2 x 6 épi à 2 x 10 épi par exemple). Les vaches sont positionnées en épi et les faisceaux se branchent par le côté, ce qui permet une large fenêtre d'accès à la mamelle. Ce type d'installation permet une bonne visibilité des animaux, par contre les risques de coups de pattes sont plus importants qu'en traite par l'arrière et surtout la longueur de la fosse de traite devient très longue avec un nombre de postes important (13 à 14 mètres en 2 x 10).


Temps de traite et taille des installations

Le choix d'une installation pour traire 120 vaches et plus est délicat car aucun matériel ne permet à un seul trayeur de traire cet effectif en une heure. La traite à deux trayeurs s'avère incontournable pour de tels troupeaux mais il sera quelquefois préférable d'allonger légèrement le temps de temps que de mobiliser un deuxième trayeur (le week-end par exemple).Quel que soit le type d'équipement, l'objectif de temps de traite est déterminant pour définir la taille des installations. Les producteurs de lait veulent des équipements permettant des temps de traite se situant entre 1 heure et 1 heure 15, lavage non compris.Une étude réalisée par l'Institut de l'élevage a montré que ce n'était pas le type d'installation mais le nombre de postes qui influençaient le temps de traite (tableaux 1 et 2).

Favoriser la bonne circulation des animaux

L'aire d’attente doit être positionnée dans le prolongement de la salle de traite, en pente montante et régulière vers les quais sans obstacles à la circulation des animaux. Elle doit être dimensionnée pour l'ensemble du lot de vaches à traire (1,20 m2/VL), il est important de penser à l'évolution de la taille du troupeau pour que l'aire d'attente ne soit pas le facteur limitant à cette augmentation. Pour les grands effectifs, il faut envisager une aire d'attente partagée, dans ce cas on utilise une partie de l'aire d'exercice, cela est possible principalement en stabulation logettes. Elle permet une économie sur la surface de bâtiment à construire et permet un nettoyage en même temps que les aires d'exercice (racleurs, caillebotis). Par contre, une partie de l'aire d'exercice n'est plus accessible pendant la traite, il faut donc éviter d'utiliser l'aire d'alimentation des animaux.Des guides tubulaires doivent être  positionnés en entonnoir pour bien canaliser les vaches vers les quais. L’utilisation d’une barrière poussante est impérative pour les grands effectifs, elle permet de rapprocher progressivement les vaches de la salle de traite.


Ne pas négliger les temps de nettoyage

Les surfaces à nettoyer dans les grandes installations peuvent être importantes, notamment en TPA avec sorties rapides. Il faut limiter autant que possible les surfaces à nettoyer en utilisant une partie de l'aire d'exercice comme aire d'attente et en permettant la sortie d'une partie des vaches directement dans un couloir de circulation.Il est indispensable d'équiper l’installation d’un système de nettoyage efficace, l'utilisation d’un sur-presseur avec une réserve d'eau permet un nettoyage des surfaces rapide et efficace. Il est possible de récupérer les eaux de rinçage du matériel de traite.


Pour vous aider dans votre choix

Dans le cadre d'un projet d’installation de traite (classique ou robotisée), les conseillers de traite de Normandie (encadré) peuvent conseiller les producteurs de lait sur le choix des équipements et la taille de l’installation, la conception et l’aménagement du bloc traite, l’étude des devis proposés. Ce service bénéficie d'un financement du CIRLAIT en Basse-Normandie.

Les conseillers traite en Normandie

- Chambre d'Agriculture du Calvados

Agnès LEBEHOT - 02 31 70 25 26a.lebehot.chambagri.fr



- Chambre d'Agriculture de la Manche

J-François GAULE - 02 33 95 46 01 jfgaule@manche.chambagri.fr

Denis LECLER - 02 33 79 41 73 dlecler@manche.chambagri.fr

- Orne Conseil Elevage

Yoann DURAND - 02 14 22 00 94 yoann.durand@orne-conseil-elevage.fr

Jérémie PIEL - 02 14 22 0094jeremie.piel@orne-conseil-elevage.fr

Patrice GUILLET - 02 14 22 00 94 patrice.guillet@orne-conseil-elevage.fr


- Chambre d'Agriculture de Seine-Maritime (76, 27)

Emilie ROUZAUT - 02 35 59 47 71 Emilie.rouzaut@seine-maritime.chambagri.fr

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